Transition démocratique: l’opposition ne baisse pas les bras
Après le refus de la wilaya d’Alger d’autoriser une rencontre-débat que comptait organiser la Coordination des libertés et pour la transition démocratique, le 21 juillet dernier à Alger, les leaders du CNLTD ne baissent point les bras.
Aux dires de leurs militants, ce refus est déjà une preuve que «le pouvoir panique et donne de l’importance aux actions et aux effets de la Coordination». Ils estiment que le fait d’interdire l’organisation des rencontres dans de lieux fermés «démontre que le pouvoir compte aller jusqu’au bout de sa logique pour casser l’opposition».
C’est-là un avis partagé par les cadres et dirigeants du CNLTD, toutes sensibilités confondues, qui pensent que la décision de la wilaya d’Alger va, au contraire, renforcer davantage l’idée qu’une transition démocratique est plus que nécessaire dans le pays.
Cependant, selon ces mêmes cadres et partisans de la Coordination, c’est le thème choisi lors de cette rencontre interdite qui dérange le plus. En effet, ce rendez-vous thématique s’articule sur trois questions essentielles : Pourquoi une transition démocratique en Algérie ? Quels sont les mécanismes à mettre en place pour la réussite du projet de la transition démocratique ? Faut-il impliquer le pouvoir dans le changement ? Trois interrogations qui semblent être au cœur de la bataille politique que mène aussi bien le courant laïc et démocrate que le courant islamiste modéré ou radical, et ce depuis de longues années. Il a fallu que ces courants opposés se mettent d’accord sur le diagnostic pour se décider enfin à imposer une nouvelle feuille de route institutionnelle.
C’est ce qu’on appelle la transition ; un mot qui revient dans la bouche de nos politiques depuis l’arrêt du processus électoral en 1992, oublié pourtant au début des années 2000 avec l’arrivée de Bouteflika, avant de resurgir après sa maladie et l’introduction de son «mandat à vie» en 2008. C’est ce terme justement qui met en colère les partisans de Bouteflika ou encore les sphères politiques qui le soutiennent.
Ouyahia, son chef de cabinet à la présidence et responsable en chef des consultations sur la révision constitutionnelle, affiche clairement son refus total de ce concept. Selon lui, la transition est déjà dépassée et c’est un terme dangereux, alors que d’autres chefs de l’alliance présidentielle pensent que la transition est en soi un projet politique dicté par des agendas antinationaux.
Le débat est bien sûr ouvert puisque le FFS, un autre parti qui joue au consensus, se dit prêt à accepter la transition comme projet, à condition que le pouvoir y soit associé. L’idée est bien plus proche de Hamrouche, lequel défend un rôle plus accru de l’ANP ou de sa hiérarchie dans une phase de transition démocratique et institutionnelle.
Des milieux politiques affirment qu’en médiatisant le thème de cette rencontre interdite, le CNLTD aurait tiré «le bon missile» pour déstabiliser le pouvoir. «Les initiateurs du projet invitent le pouvoir à éviter le scénario du chaos pour accepter un changement en douceur et en toute démocratie», selon leurs assertions, alors que le pouvoir se met en tête d’attaquer ces idées par la relance, en toute urgence, des consultations politiques sur la révision de la Loi fondamentale, une manière d’attirer le maximum de partisans et d’alliés pour contrebalancer les équilibres fragiles de la scène nationale.
Pour certains observateurs, les leaders de la Coordination sont convaincus que la rentrée sociale de septembre sera déterminante pour l’avenir de leurs actions politiques. C’est dans cet esprit qu’ils préparent minutieusement une feuille de route, qui risque de les mettre face à face avec le pouvoir et de créer des lignes d’affrontement en permanence. A moins que …