Transformation numérique: L’Algérie doit disposer de son propre modèle

L’Algérie doit relever un nouveau défi, celui d’inventer son modèle de la transformation numérique et de la Fin Tech. Un modèle singulier, propre à l’Algérie. C’est ce qu’a affirmé le ministre de numérisation et des statistiques, Hocine Cherhabil, lors de son intervention, ce samedi à l’ouverture de la première édition du Sommet « Algeria fintech et e-commerce », à Alger, soulignant dans la foulée les avantages dont dispose l’Algérie
« Nous sommes devant un nouveau défi, celui d’inventer un modèle de la transformation numérique et un modèle de Fin Tech », a-t-il affirmé, affirmant qu’un modèle qui a réussi ailleurs ne va pas l’être automatiquement en Algérie. « Ce raccourci n’existe pas. Il faudrait que les Algériens inventent leur propres modèle », a-t-il insisté, signalant l’évolution de l’écosystème qui est désormais mieux préparé.
Les atouts et avantages ne manquent pas selon le ministre de la numérisation et des statistiques, lequel a mis en avant la jeunesse algérienne de plus en plus connectée, ainsi que les différentes infrastructures réalisées, la performance du réseau internet pour réussir cette transformation numérique.
Le cadre juridique et législatif constitue également un élément de réussite, selon M Cherhabil, citant la loi sur la monnaie et le crédit en préparation qui ouvre les perspectives pour la digitalisation et la numérisation de toutes les transactions numériques, la promotion et la création d’un ministère de start-up, qui fait de l’Algérie un modèle.
Ces dernières sont considérées comme un facteur incontournable de la transformation numérique selon les précisions du ministre qui présage une loi sur le numérique. Soulignant l’importance de ce Sommet qui réunit tous les acteurs et experts du e-commerce et de la Fin Tech, le ministre lance un défi, sans fixer une date précise, celui de se projeter sur une expérience pilote en faisant l’expérience d’une journée sans monnaie fiduciaire.
De son côté, le ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, Karim Bibi Triki a exposé la stratégie du gouvernement pour développer le e-commerce dans son volet de e-paiement qui repose sur trois axes. Il s’agit de la mobilisation des moyens et de l’infrastructure nécessaire qui est un indicateur de base pour développer le e-paiement. Il dans ce sens cité la couverture internet fixe et le nombre important (43 millions) d’abonnés à la 3 et 4 G, ce qui fait que plus de 70% de la population utilise internet. Il s’agit également de la promotion des moyens de paiement électroniques. C’est dans cette optique que M Karim Bibi Triki a fait part de de l’enregistrement de 12 millions de cartes CIB, dont 10,4 millions de cartes EDAHABIA.
« En 2022, nous avons fabriqué six millions de cartes dont deux millions sont de nouvelles demandes », a-t-il précisé, signalant la volonté de porter le nombre des cartes EDHAHABIA à 14,5 millions durant ces deux prochaines années. Les opérations de paiement électronique ont ainsi augmenté pour passer de 200 000 en 2019 à 9 millions en 2022.
La réglementation est aussi un autre axe sur lequel devrait s’appuyer le e-commerce dans son volet de e-paiement, selon le ministre de la Poste qui affirme que la loi est là pour tracer les garde-fous à même de protéger les consommateurs et les opérateurs et non pas pour autoriser et interdire.
« La réglementation est là pour renforcer la confiance des toutes les parties prenantes qui est nécessaire pour réussir le pari du e-paiement », a précisé le ministre, soulignant l’importance d’une éducation financière et numérique du consommateur pour mieux se protéger et se connecter dans des plateformes sécurisées. Bien que le e-paiement soit considéré comme étant un accélérateur du e-commerce, il n’est pas pour autant très utilisé dans les transactions, sachant que 99% des consommateurs préfèrent le cash on delivery (paiement à la livraison).
C’est la raison pour laquelle, le ministre de la Poste a appelé les opérateurs du e-commerce de prendre des initiatives afin d’encourager les consommateurs à adopter ce mode de paiement, signalant le coût élevé de l’impression des billets de banques, leur transport et leur stockage.
Un état des lieux du e-Commerce et du e-paiement a été fait lors du premier Panel de ce Sommet qui s’étale sur deux jours. Sofiane Meghlaoui, directeur marketing JUMIA Algérie qui a préféré mettre en avant les choses qui avancent dans le e-commerce a néanmoins évoqué certaines contraintes qui ne sont pas spécifiques à l’Algérie. Le principal frein du développement du e-commerce c’est la confiance.
« Les gens ont certes le confort, mais s’interrogent sur la qualité du produits, sur d’éventuels mécontentements à livraison », a-t-il précisé soulignant les efforts déployés pour lutter contre cet obstacle. Il s’agit de la mise en place de certaines pratiques, entre autres, proposer des retours de marchandises gratuit aux clients, pas uniquement parce qu’il est défectueux, de garantir le remboursement, selon l’intervenant qui a souligné l’importance des avis des autres clients. Des difficultés d’approvisionnement en raison de la crise sanitaire ont également ralenti l’activité.
D’autres panels sont également au programme de ce Sommet organisé par Guiddini en partenariat avec GAAN et le GIE Monétique, sous le parrainage de trois départements ministériels. Ils traiteront, entre autres, l’impact de la Fin Tech sur l’inclusion financière en Algérie.