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Culture

Tizi Ouzou : L’histoire de la reine Tin Hinan revisitée 

Tizi Ouzou : L’histoire de la reine Tin Hinan revisitée 

« Tin Hinan : un monument, une sépulture et un mythe fondateur », tel est le thème d’une conférence animée, ce dimnche, par Farid Ighil-Hariz, archéologue et chercheur au Centre national de la recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) à la maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. 

A la nombreuse et savante assistance se sont joints les élèves du CEM Babouche de la ville des Genêts pour écouter, pendant plus d’une heure et demie, l’intervention du conférencier sur l’une des personnalités nationales les plus emblématiques, la reine berbère Tin Hinan en l’occurrence. Farid Ighil-Hariz s’est basé sur des découvertes archéologiques pour informer l’assistance du profil de cette femme ayant vécu dans la période se situant entre l’an 306 et 407 après Jésus-Christ.

Le conférencier a révélé que Tin Hinan veut dire en tamasheq « celle du voyage » ou « celle des tentes », et selon certains récits, elle est arrivée à Abalessa, village situé à 80 km au nord-ouest de Tamanrasset, à partir du nord-ouest du Sahara. Elle était accompagnée de sa servante ayant pour nom « Takamat ». L’assistance a appris du conférencier que le monument Tin Hinan occupe le sommet d’une petite colline au confluent des oueds Abalessa et Tifrit. C’est un édifice unique dans l’Ahaggar et au Sahara et c’est le plus ancien témoignage de réalisation d’une construction en dur, qui a été faite sur une butte. 

Les fouilles archéologiques menées par une équipe franco-américaine de la chambre funéraire ont révélé que celle-ci a été creusée dans la roche et sa dimension est de 2,30 m de long, 1,40 m de large et 1,50 de haut. La sépulture qui y a été trouvée était recouverte par six grandes dalles. Le squelette reposait sur un lit de bois et était paré d’un exceptionnel et riche mobilier funéraire. Ce mobilier est constitué de sept bracelets en or massif à l’avant-bras gauche et 7 autres bracelets en argent à l’avant-bras droit ainsi que de nombreuses perles en argent et en pierreries (cornaline, amazonite et calcédoine). 

Il y a été également trouvé une coupe en pierre contenant de l’ocre et une petite statuette de femme en plâtre ainsi que des restes de paniers. 

Le conférencier a indiqué que ce sont tous ces éléments de grande valeur qui démontrent que le squelette est celui de la reine berbère Tin Hinan. La reprise des fouilles en 1933 par l’archéologue M. Reygasse a révélé l’existence d’autres objets et d’autres squelettes autour du monument. Ainsi, il a été trouvé un mobilier constitué d’une lampe à huile en céramique, des tessons de verre, quelques pointes de flèche et des clous en fer. 

D’autres fouilles du site se sont faites au cours des années 2015, 2020 et 2022. Ces dernières fouilles et tamisage des remblais ont apporté leur lot de découvertes. En effet, un nouveau mobilier a été recueilli, comprenant une grande quantité de pointes de flèche en fer, des tessons de ver et céramique, divers éléments de parure, une variété de graines, des ossements d’animaux, de la microfaune et trois pièces de monnaie de bronze de Constantin le Grand (306 -337 après Jésus Christ). 

Farid Ighil-Hariz a indiqué que ce sont ces pièces de monnaie qui confirment l’époque où a vécu la reine Tin Hinan. A l’issue des débats, dont le scientifique Farouk Arabi a été le modérateur, la première question posée par un intervenant a été de savoir où se termine le mythe et où commence l’histoire concernant cette reine. « Le mythe fait partie de l’histoire, a assuré le conférencier, avant d’indiquer que Tin-Hinan était mère de trois filles et sa servante Takamat était, quant à elle, mère de deux filles ». 

S’agissant de l’ascendance et du profil marital, aucune indication n’a été fournie pour le moment, a assuré le conférencier, avant de déclarer que le système de filiation de l’époque était matriarcal ; ce qui signifie que c’est la femme qui détenait le pouvoir politique et c’est encore elle qui transmettait à sa progéniture le pouvoir de commandement.

Les débats ont porté également sur l’ordre sociologique et politique de l’époque de la reine Tin Hinan ainsi que sur les mœurs pratiquées. Ainsi, l’assistance a appris que chez les Berbères de cette région du pays, durant l’époque concernée, la polygamie n’existait pas et c’est la femme qui choisissait son époux ou son compagnon. La séparation ou tout simplement la rupture du mariage était aussi du ressort de la femme. 

Il convient enfin de noter que les travaux archéologiques qui se poursuivent dans cette région du pays concourront à l’écriture de l’histoire de cette époque. Un pan important de l’histoire de l’Algérie sera certainement révélé.

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