Tizi-Ouzou : Les prix des fruits et légumes à un seuil intolérable
Les prix des fruits et légumes atteignent un seuil intolérable à Tizi-Ouzou. Si cette flambée des prix venait à être maintenue, même les bourses moyennes seraient contraintes de se priver de ces produits alimentaires, pourtant loin d’être des produits de luxe.
A titre indicatif, au marché du centre-ville de Tizi-Ouzou, la pomme de terre est proposée à 80 DA le kg, la carotte à 70 DA, le fenouil à 70 DA, l’oignon à 60 DA, la tomate à 80 DA, le haricot vert à 150 DA, le chou-fleur à 90 DA, le chou à 90 DA, le citron à 100 DA, le piment à 150 DA, le concombre à 80 DA, le navet à 50 DA, les cardes à 60 DA, l’orange à 150 DA, le raisin à 370 DA, la banane à 120 DA, les lentilles à 160 DA, le haricot blanc à 200 DA, le pois chiche à 145 DA et le riz à 80 DA, entre autres.
Si les prix élevés des produits d’importation peuvent être justifiés, ce n’est pas le cas des produits locaux, comme la pomme de terre, la carotte, le chou-fleur, le chou, le piment, etc. Interrogés sur les raisons de ces prix vertigineux, la réponse des commerçants est toujours la même : c’est la loi du marché. Leur marge bénéficiaire serait des plus raisonnables.
Cette loi du marché est dictée par ce qui convient d’appeler une « Arlésienne », cette puissance dont tout le monde parle mais que personne ne voit. C’est seulement auprès du bureau de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) que nous pourrons être orientes.
En effet, Djamel Himer, secrétaire national de l’UNPA, nous révèle qu’entre le producteur et le consommateur, il existe une chaîne d’intermédiaires appelés communément « les mandataires ». « Plus les maillons de la chaîne sont nombreux, plus les prix augmentent », nous dit Djamel Himer.
Ces mandataires ne sont en réalité que des spéculateurs. Aujourd’hui, leur puissance financière est telle qu’ils forment un lobby. Comment agissent-ils ? Djamel Himer explique que le véritable boss est le mandataire principal, c’est-à-dire le personnage qui achète directement auprès des producteurs.
Les moyens de stockage des produits alimentaires, notamment la pomme de terre, sont énormes. Ainsi toute la production de la pomme de terre d’une wilaya donnée peut être stockée par le mandataire seul. Et bien souvent, c’est le mandataire qui fixe un prix au producteur.
Celui-ci subit le diktat du mandataire surtout s’il a assuré une surproduction. En d’autres termes, si le producteur ne cède pas son produit au prix fixé par le mandataire, lequel peut s’adresser à autant de producteurs à travers le territoire national, il n’a dès lors qu’une seule alternative : jeter sa récolte dans un ravin ou la proposer directement aux consommateurs.
Il se trouve que le producteur ne jouit ni du temps ni des mécanismes commerciaux nécessaires pour écouler sa marchandise au marché de gros ou demi-gros, encore moins au marché de détail, c’est-à-dire directement au consommateur. Le secrétaire national de l’UNPA affirme même que les producteurs vivraient le calvaire s’ils venaient à assurer une surproduction ou tout simplement une bonne récolte. Economiquement, la production dépend des moyens mobilisés pour la semence.
A la question de savoir si le producteur est pour quelque chose dans cette instabilité des prix, notre interlocuteur est catégorique : le producteur ne gagne que 2 à 3 DA pour le kg de pomme de terre. Ainsi donc, une fois que le mandataire a rempli ses espaces de stockage, en général avec toute la production des producteurs, il fixe lui-même les prix et met sur le marché la quantité de produits qu’il juge nécessaire.
Ensuite, le mandataire met sur le marché une quantité limitée du produit, de telle sorte que le consommateur soit « convaincu » de la rareté du produit, et donc de son prix élevé. En somme, ce n’est-là en réalité qu’une méthode de spéculation.
Djamel Himer est allé jusqu’à souligner que le mandataire contrôle et maîtrise la circulation des produits agricoles ainsi que leur prix dès la récolte jusqu’à l’achat des produits par le consommateur. Ce sont bel et bien ces mandataires qui font la loi. S’agissant de l’identité de ces mandataires, à ce jour personne n’a osé donné de nom. Toutefois, les services de l’Etat les connaissent.
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