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Nationale

Tizi Ouzou : Le secteur de la santé à la traîne 

Tizi Ouzou : Le secteur de la santé à la traîne 

S’il est vrai que l’Etat a dépensé des sommes d’argent colossales au profit de la wilaya de Tizi Ouzou, dans le cadre de son développement général, le secteur de la santé, notamment, n’en demeure pas moins à la traîne.

L’exécutif de l’APW, à sa tête Mohamed Klalèche, a fait, encore une fois, ce terrible constat lors de sa sortie sur le terrain au cours de la journée de jeudi dernier. En effet, en poursuivant son périple à travers les localités de la wilaya de Tizi Ouzou pour faire le constat de l’avancement des différents projets de développement, l’exécutif de l’APW s’est rendu, au cours de la journée du jeudi 9 mars, à Souk El-Thnine, daïra de Maâtkas, pour s’imprégner de la situation exacte du projet portant sur la réalisation de l’établissement public hospitalier (EPH) local dont l’inscription remonte à plus d’une décennie.

L’inscription de cet hôpital, d’une capacité de 60 lits, remonte en effet à l’année 2011. En ce début du mois de mars 2023, le taux d’avancement des travaux est de 20 % selon le gérant de l’entreprise chargée de sa réalisation et seulement de 12 % selon le chargé du bureau d’études. 

La première raison de cette situation, que d’aucuns pourraient qualifier d’ubuesque, est le retard exagéré dans l’ODS (opération d’ordre de service). Celle-ci n’a effectivement eu lieu qu’en juin 2021. Cependant, à peine les travaux entamés, voilà qu’ils sont à l’abandon. Leur reprise n’a eu lieu qu’en juillet 2022. Sur le terrain, le chantier suit son cours. Néanmoins, au lieu d’assurer l’opération des travaux selon la formule 3×8, puisqu’il y a urgence à le réceptionner, l’entreprise, chargée de sa réalisation, Iamranène Bâtiment en l’occurrence, n’assure qu’un fonctionnement de huit heures par jour.

A la demande du président de l’APW au patron de l’entreprise d’assurer la fonctionnalité du chantier à raison de 3×8, c’est-à-dire H24, son interlocuteur, après réflexion, s’est engagé à assurer une fonctionnalité de 2×8, c’est-à-dire mobiliser deux équipes au lieu de trois, comme l’a souhaité Mohamed Klalèche. Dans le vif de la discussion, le patron de Iamranène Bâtiment s’est engagé à respecter les délais de livraison de l’hôpital, c’est-à-dire dans 34 mois.

 Il convient de relever que si le chef de l’entreprise Nourredine Iamranène a manifesté une sérénité face à l’exécutif de l’APW, il reste qu’il subit quelques difficultés d’ordre financier. Il a déclaré avoir des créances d’un montant de 110 000 000 DA, non encore payés par le maître d’ouvrage, la direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya. Concernant la fiche technique de ce projet, elle est comme suit : AP (autorisation programme) : 2 000 000 000 DA ; le montant de réalisation de l’œuvre : 1 589 631 514,38 DA ; surface générale du terrain d’assiette : 11 103 m; surface d’emprise au sol : 3 300 m; date de démarrage des travaux après arrêt d’une durée d’un an : juillet 2022 ; délai de livraison : 34 mois. 

Notons aussi que ce projet de réalisation d’hôpital de Souk El-Thnine a été implanté sur un stade footballistique ; ce qui a suscité la colère et la frustration des jeunes de cette commune. Il convient de souligner que Mohamed Klalèche a promis d’user de toute l’autorité légale dont il jouit pour aider à lever tout obstacle se dressant contre Iamranène Bâtiment. Après Souk El-Thnine, l’exécutif de l’APW s’est rendu à Draâ Ben Khedda, plus exactement à l’établissement hospitalier spécialisé (EHS) en cardiologie et chirurgie cardiologique Yacef-Omar et le CAC (Centre anti-cancer).

 Au niveau de l’EHS, le problème constaté, et qui n’est pas des moindres, est la panne du scanner et de l’IRM. A la question de savoir comment ces appareils sont tombés en panne, le directeur de l’établissement, Ali Issad, a répondu que ce sont des équipements ayant 10 ans d’âge. S’agissant de la panne qui dure depuis plus an, le même responsable a indiqué que si la réparation nécessaire n’a pas encore lieu, c’est à cause de la disette financière.

Le coût de réparation de ces deux appareils (scanner et IRM) de très haute technologie est estimé à 70 000 000 DA. La pièce manquante pour l’IRM est d’un coût de 40 000 000 DA et celle du scanner est de 30 000 000 DA. Le premier responsable de l’EHS de Draâ Ben Khedda a indiqué qu’après moult difficultés, il a réussi à obtenir l’argent nécessaire pour la réparation de l’IRM. Ce même responsable a justifié les autres manquements par la grande disette financière. « Aujourd’hui, nous faisons fonctionner cet hôpital avec un budget de 10 milliards de centimes alors que les besoins réels sont d’au moins le double ». 

« Croyez-moi, Monsieur, que nous faisons de notre mieux pour assurer la prise en charge médicale de nos patients, mais force est de reconnaître que nos moyens matériels et humains sont limités », a indiqué Ali Issad. 

Pénurie de médecins radiologues  

Le DSP, Farid Selmi, a expliqué, du moins en partie, la problématique de l’EHS en cardiologie et chirurgie cardiologique de DBK. Selon les explications de ce haut responsable, l’EHS en question a pour vocation le traitement des maladies reconnues comme compliquées, autrement dit des maladies nécessitant de grandes compétences médicales, mais aussi la prise en charge médicale des patients venant de toutes les wilayas du pays, et ce aux fins d’éviter les transferts vers les hôpitaux étrangers.

En somme, théoriquement, l’EHS de DBK jouit des mêmes compétences médicales que les hôpitaux des pays développés. Cependant, la réalité du terrain est tout autre. Car les personnels et les équipements adéquats pour assurer le traitement des maladies dites « graves » font défaut. En effet, les médecins radiologues sont en nombre insignifiant. Et pour remédier à cette situation amère, le DSP a indiqué avoir pris contact avec les responsables de l’université Mouloud-Mammeri en vue de la mobilisation des médecins résidents pour assurer les fonctions de médecins radiologues. Il se trouve que jusqu’à présent, rien de concret n’a été signé entre les deux parties. 

Farid Selmi a indiqué qu’il compte fort bien contacter à nouveau les responsables de l’université Mouloud-Mammeri sur la mobilisation des médecins résidents, « car elle est indispensable ». 

Au niveau du CAC (Centre anti-cancer), la situation constatée prête aussi au découragement. En effet, sur le plan des équipements, il manque le matériel adéquat pour les salles d’opération et les salles de réanimation. Sur le plan humain, il manque du personnel paramédical et surtout des physiciens nucléaires, c’est-à-dire des spécialistes en traitement par rayons nucléaires. 

Il y a enfin lieu de relever certains phénomènes responsables directs des pannes des appareils IRM et scanners ainsi que du manque de personnels qualifiés, notamment les médecins radiologues, dans les hôpitaux publics. 

En effet, concernant les pannes de ces appareils, on s’interroge pourquoi chez les médecins et cliniciens privés, ces pannes sont presque inexistantes. Car, jusqu’à preuve du contraire, leurs concepteurs les ont conçus pour durer dans le temps. 

Par ailleurs, jamais l’argument de panne des appareils ultra-sophistiqués à un « gros bonnet » dans le besoin d’examens radiologiques n’a été avancé. Seuls les simples citoyens se voient dire à la face que l’appareil radiologique est inopérant pour cause de panne. 

 Concernant le manque de personnels qualifiés, ceux-ci cherchent des emplois chez des privés car le salaire semble plus important. L’autre élément que tout le monde chuchote à l’oreille, mais ne dit jamais à haute voix, est que bien des médecins exerçant dans hôpitaux publics orientent leurs patients vers des cabinets médicaux privés. A chaque orientation, le médecin perçoit une prime de la clinique privée qui a profité de cette opération.  

 

 

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