Tizi Ouzou : Journée d’étude sur la finance islamique

« Finance islamique », tel était le thème d’une conférence organisée, ce mardi, au siège du Centre de loisirs scientifiques de Tizi Ouzou par la BADR (Banque agricole de développement rural) et animée par d’éminents savants musulmans comme Cheikh Abou Abdessalam, le Dr Saïd Bouziri et le Dr Kamel Bouzidi.
Il convient de signaler que ce rendez-vous, organisé par la BADR en collaboration avec la direction des affaires religieuses de la wilaya, sous le haut patronage du wali, avait pour objectifs de vulgariser le mode de financement selon le droit musulman – celui-ci est adopté par l’Algérie depuis l’an 2000 –, de mobiliser l’épargne des ménages et des opérateurs économiques, d’accompagner financièrement les investisseurs de la région, de s’assurer de la conformité à la charia des opérations relevant de la finance islamique et l’offre de produits d’assurance conformes aux préceptes de la charia (assurance Takaful).
Après l’ouverture des travaux par le directeur régional de la BADR, le premier conférencier à prendre la parole a été le Dr Kamel Bouzidi. Il a révélé à l’assistance, nombreuse et attentionnée, que les finances des banques islamiques représentent à peu près 20% de la masse financière globale du monde, « ce qui n’est pas rien ». L’intervenant a commencé par signaler l’échec du capitalisme financier, et ce du fait même de son mode fonctionnel, d’où le recours de beaucoup de personnes au système financier musulman puisque l’argent sert à créer de véritables richesses.
Par ailleurs, les financiers musulmans réprouvent le prêt bancaire avec intérêt puisqu’il est contraire au droit musulman, autrement dit prohibé par l’islam. Le Dr Kamel Bouzidi a également révélé que de nombreux pays européens, à l’exemple de l’Angleterre, de la Fédération de Russie et, dernièrement, de la France, hébergent sur leurs territoires respectifs des banques islamiques et autorisent leur fonctionnalité selon le droit musulman (charia).
Le Dr Kamel Bouzidi a indiqué au Jeune Indépendant, suite à une question qui lui a été posée dans ce sens, que même les non-musulmans peuvent avoir recours à la banque islamique pour traiter leurs affaires. Cependant, ces affaires ne peuvent, en aucun cas, sortir du cadre de la charia.
Pour sa part, le Dr Saïd Bouziri a déclaré que les banques algériennes, en dépit des apparences, ont toujours fonctionné selon les textes du droit musulman. Il a expliqué que c’est la Banque centrale d’Algérie (BA) qui donne, du fait de son statut de garante de la monnaie nationale, les directives et les instructions aux autres banques nationales.
Le Dr Bouziri a également démontré que les lois bancaires algériennes sont strictement conformes au droit musulman. « Toujours est-il, a-t-il précisé, certaines paraissent compliquées et, par conséquent, pour les comprendre, il faut faire un effort dans ce sens ». En effet, il y a des lois contenant plus d’une centaine d’articles et si un cas bien défini se présente, il faudrait faire lecture et interprétation d’une multitude d’articles. C’est le cas de la loi 75-59 relative au code civil, où il est consacré à un chapitre des articles allant du n°53 jusqu’à l’article 673.
Par ailleurs, les intervenants ont souligné, à l’unanimité, que ceux qui critiquent le mode fonctionnel de la banque islamique ont tort car ils n’ont pas pris le temps nécessaire pour étudier en profondeur les textes de loi la régissant.
Il convient enfin de noter que lors des débats, les conférenciers, dans un langage simple, ont expliqué la fonctionnalité de la banque islamique ainsi que la différence de taille existant entre les intérêts et les bénéfices. Si l’intérêt gagné dans le prêt financier est prohibé dans l’islam, car c’est riba (usure), en revanche, le bénéfice gagné de l’action commerciale est licite. C’est pourquoi le prêt auprès de la banque islamique est interdit. Le seul prêt accordé, qui est sans intérêt, est assuré par la Banque centrale d’Algérie, et ce au profit de gens démunis, lesquels sont ardemment désireux d’effectuer un pèlerinage aux Lieux saints de l’islam. Ce prêt est appelé « prêt spécial hadj ». Hormis cela, le client ou l’usager de la banque islamique peut faire fructifier son argent en participant à des opérations commerciales.
La banque concernée peut participer au financement de son projet jusqu’à un taux maximal de 90 %. Les 10 % restants doivent être apportés par le client concerné. Il va sans dire que la banque n’est pas garante du succès du projet ou de l’action commerciale.
« Toujours est-il, a expliqué le Dr Kamel Bouzidi, comme toutes les banques du monde, la banque islamique ne fait pas dans l’aventurisme et, par conséquent, ses investissements sont souvent couronnés de succès ».
Les conférenciers ont également affirmé qu’un simple citoyen peut déposer son argent auprès de la banque islamique en exigeant que son argent ne serve, en aucun cas, à financer une quelconque action commerciale ou quelconque projet d’investissement. Dans ce cas, son argent reste intact. Bien sûr, il jouit du droit de le retirer en entier ou en partie, mais sans intérêt. En définitive, tirer des bénéfices dans une action commerciale ou un projet d’investissement est licite, mais faire de l’intérêt dans le prêt de l’argent est interdit car c’est contraire au droit musulman.
Il convient de noter que beaucoup de pays musulmans ont mis sur pied la banque islamique, et le pays qui a connu un succès foudroyant dans cette dynamique est la Malaisie. S’agissant de l’Algérie, qui a opté aussi pour le système de la banque islamique, et ce conformément à la loi n°03-2020 du 2 avril 2020, le succès commence à se faire sentir. « Et, certainement, nous connaîtrons un succès comme les Malaisiens », a assuré le Dr Saïd Bouziri.
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