Tizi Ouzou : Cap sur l’exportation
L’Algérie est dorénavant tenue de développer une économie hors du secteur hydrocarbures. Et la question fondamentale qui se pose dans ce paramètre précis c’est de savoir si nos investisseurs et nos producteurs, tant publics que privés, sont capables de relever ce défi.
Autrement dit, réussir à imposer le produit algérien sur le marché international. La réponse est naturellement oui. Et pour cela, il suffit juste de réussir à créer une réelle synergie entre les différents acteurs concernés et, naturellement, que le prétendant à l’exportation maîtrise les différents concepts afférents à sa mission d’exportateur.
C’est justement ce principe qui est à retenir de la conférence organisée, ce samedi, par la Chambre de commerce de la wilaya de Tizi Ouzou, en collaboration avec la Chambre de commerce et d’Industrie du Djurdjura dans l’espace du Centre des œuvres sociales (COS) de la wilaya autour du thème «Journée de formation, d’information et d’accompagnement des opérateurs économiques».
Ont pris part à cette conférence des investisseurs et des responsables de différents organismes concernés par ce rendez-vous, dont le représentant du ministère du Commerce, Salim Aggad. Cette rencontre a permis aussi de diagnostiquer le mal dont souffre l’activité nationale en matière d’exportation.
En effet, bon nombre de nos exportateurs ne maîtrisent pas comme il se doit les différentes règles et mécanismes nécessaires à l’exportation de leurs produits. Il est vrai aussi que certains exportateurs n’ont pas hésité à jeter la pierre à l’organisme devant l’accompagner dans son acte exportateur, notamment la perception de ses créances auprès du client étranger.
C’est le cas du représentant de l’entreprise Guemouri meuble, qui a accusé la CAGEX (Compagnie algérienne de garantie des produits à l’exportation) de ne pas l’avoir aidé dans l’exportation de ses produits en Côte-d’Ivoire (Afrique). «J’attends depuis l’année 2019 le recouvrement de mes créances auprès de mes clients ivoiriens», a-t-il confié au Jeune Indépendant.
D’autres opérateurs économiques et non moins exportateurs ont soulevé le problème de la logistique, notamment celui des espaces de stockage de leurs produits en attendant qu’ils ne soient expédiés vers l’étranger, plus explicitement au profit du client étranger.
D’autres ont évoqué les formalités douanières et les transports, maritimes notamment. Or, selon le représentant du ministère, ces problèmes soulevés n’ont pas lieu d’exister puisque des organismes chargés de ces missions techniques et administratives existent et «ne demandent qu’à être sollicités à cet effet».
En somme, les missions et les prérogatives de l’ALGEX (Agence de promotion des exportations), la SAFEX (Société algérienne des foires et des expositions), l’INAPI (Institut national de la protection industrielle) et l’ALGERAC (Algérienne des accréditations), pour ne citer que ces organismes, ne sont pas connues de tous nos exportateurs.
Et pourtant, tous ces organismes cités sont directement concernés par l’exportation puisqu’ils sont chargés de veiller aussi aux intérêts de l’exportateur national. Toujours est-il qu’un véritable diagnostic a été opéré à l’issue de cette rencontre et, par conséquent, il sera désormais permis à nos producteurs d’assurer des exportations d’une façon régulière et permanente.
Il convient de signaler que l’exportation, selon le représentant de l’ALGERAC, Achour Amar, n’est pas du seul apanage du producteur. En se confiant au Jeune Indépendant, Achour Amar a indiqué que tout individu peut devenir exportateur. «Il suffit juste de remplir les formalités nécessaires à cet effet», a-t-il expliqué. Les propos de notre interlocuteur ont ainsi appuyé les déclarations de Salim Aggar, révélant qu’il existe «des pays qui ne produisent pratiquement rien mais qui sont champions de l’exportation à l’échelle mondiale».
Ce même représentant du ministère du Commerce a révélé qu’au terme de la nouvelle loi portant sur l’import-export, qui date du 20 mars de l’année en cours, l’importateur algérien est désormais soumis à la spécialisation du produit qu’il est tenu d’importer.
Cela veut dire qu’il ne peut pas importer une variété de produits comme c’était le cas autrefois. En revanche, cette même loi autorise l’exportateur à exporter autant de produits qu’il désire. En définitive, c’est une façon intelligente de l’Etat d’encourager l’exportation, cet élément indispensable à la diversification de l’économie nationale.
Pour sa part, Mohamed Khedda, directeur de formation et conseil auprès de l’IANOR (Institut national de normalisation), a indiqué au Jeune Indépendant que si l’on arrivait à créer une véritable synergie entre les différentes parties concernées par l’exportation, l’Algérie engrangerait dans ce secteur précis au moins 20 milliards de dollars par an.
«Avec les différents produits agricoles que nos investisseurs peuvent produire ainsi que les différents articles pouvant être produits dans le secteur industriel, et ce sans compter la production services, ajoute-t-il, nous pourrons même dépasser largement ce montant de 20 milliards de dollars par an dans ce seul secteur de l’exportation», a-t-il affirmé. «Cela ne relève aucunement de l’utopie», a insisté notre interlocuteur avant de réitérer que «la synergie de toutes les parties concernées est impérative à cet effet».
Notons enfin que l’IANOR exécute différentes missions. Il s’agit, entre autres, d’assurer la formation et l’accompagnement à la certification aux références normatives des systèmes, des produits et des personnes, la diffusion de l’information sur le volet normatif et la réglementation technique. L’IANOR représente également l’Algérie au niveau des instances régionales et internationales.