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Terrorisme au Sahel: Niamey pointe du doigt la France

Terrorisme au Sahel: Niamey pointe du doigt la France

Le Niger franchi le pas. La  lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel ne peut être engagée  avec des pays qui l’alimentent. En dénonçant les accords de coopération en matière de défense avec les Occidentaux, et principalement avec la France, Niamey pointe du doigt un mal bien ancré dans les pratiques douteuses des puissances extra-africaines dans le traitement du phénomène du terrorisme.

En déclarant que « vous ne pouvez pas éteindre un incendie avec de l’essence. Et pour nous, le terrorisme tire son essence du soutien que la France apporte », le chef de l’Etat du Niger, le général Abdourahmane Tiani résume toute l’équation.

Le successeur de Mohamed Bazoum à la tête de l’Etat nigérien n’est pas allé de main morte. En effet, dans une interview à la chaîne de télévision nationale RTN, le général Tiani a longuement disserté sur l’aide apporté par l’ancienne puissance coloniale aux groupes terroristes qui ravagent la région du Sahel.

« Nous sommes convaincus, nous avons des preuves que ce terrorisme est un terrorisme importé, sponsorisé. Nous avons pu nous débarrasser de certains sponsors », a-t-il précisé. La dénonciation des accords de coopération en matière de défense avec les Occidentaux est, selon lui, « un grand pas ».

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Le général Abdourahmane Tiani

Pour rappel, une enquête du New York Times en 2014 a révélé que le commerce des otages était une activité lucrative. Les rançons ont rapporté près de 125 millions de dollars à Al-Qaïda et ses groupes affiliés, écumant le Sahel, depuis 2008, selon cette longue enquête. Pour le journal, la France est le principal payeur de rançons. Elle le fait directement ou par des intermédiaires comme Areva ou certains pays du Golfe.

Ainsi, Paris a versé 58,1 millions de dollars entre 2008 et 2014 pour libérer ses ressortissants retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Mais le chiffre pourrait être plus élevé, dans la mesure où le quotidien américain mentionne également une rançon de 9,5 millions de dollars pour libérer trois ressortissant français, sans avoir établi qui l’avait payé.

Dans une interview en 2013 à chaine de télévision française iTélé Vicki Huddleston, l’ancienne ambassadrice américaine au Mali, a affirmé que la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars pour la libération de quatre otages français enlevés au Niger en 2010.

C’est dire qu’en matière de lutte antiterroriste, la France est très mal placée pour donner des leçons ou même se proposer d’être partie de la solution alors qu’elle est, en réalité, une partie du problème. C’est ce qui explique les déclarations du Premier ministre du Niger, qui apporte de l’eau au moulin de son président. Pour Ali Lamine Zeine, « en matière de lutte antiterroriste, l’attente du Niger sur la coopération avec les pays occidentaux n’a pas été à la hauteur », a-t-il fait savoir.

« Le Niger est bien placé pour dire aujourd’hui qu’il a attendu beaucoup de sa coopération avec certains de ces pays. Malheureusement, l’attente n’a pas été à la hauteur », a lancé à Sputnik Afrique Ali Lamine Zeine à l’issu de sa visite à Moscou. Pourtant, le pays a récemment multiplié ses partenariats, et dans un avenir proche, « une coopération beaucoup plus fructueuse permettra d’arriver à contenir ce terrorisme » au Niger, espère-t-il.

En chœur, l’establishment politico-militaire nigérien est unanime à considérer que le départ des troupes françaises a « positivement impacté » la lutte du Niger contre le terrorisme. C’est ainsi que le ministre nigérien de la Défense Salifou Mody a qualifié l’appropriation par son pays de sa stratégie de lutte antiterroriste.

Les derniers militaires français déployés au Niger ont quitté le pays fin décembre 2023. Ce désengagement a été acté par Emmanuel Macron en septembre, suite à l’arrivée des militaires au pouvoir et la destitution du Président élu Mohamed Bazoum.

« En terme d’impact sur la sécurité dans notre pays, il faut dire que ce départ a, d’une part, permis de voir plus clair dans la lutte que nous menons contre le terrorisme, et d’autre part, de nous mettre devant nos propres responsabilités » a déclaré Salifou Mody.

Cette réalité a poussé Niamey et les autres pays du Sahel, libérés du jour français, à se tourner vers d’autres partenaires dont la Russie et l’Algérie, pour la lutte contre le terrorisme. C’est donc la recherche de nouveaux partenariats multiformes que veulent concrétiser le Niger, le Mali et le Burkina notamment.

La déception est grande d’un tête-à-tête avec la France qui aura été en fin de compte qu’un faire-valoir pour renforcer la mainmise néocoloniale sur les pays du Sahel. Un diktat qui a longtemps reflété les ambitions d’une Françafrique criminelle et prédatrice.



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