Tentative de coup d’Etat au Niger : L’Algérie condamne avec force
L’Algérie a condamné, ce mercredi, la tentative de coup d’Etat au Niger et demande que soit mis fin à cette atteinte inacceptable à l’ordre constitutionnel et à cette violation grave des exigences de l’Etat de droit.
« L’Algérie suit avec une profonde préoccupation les développements de la situation dans la république sœur du Niger et condamne avec force la tentative de coup d’Etat qui s’y déroule », lit-on dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
Le ministère des Affaires étrangères réaffirme, dans son communiqué, « l’attachement de l’Algérie aux principes cardinaux qui guident l’action collective des Etats africains au sein de l’Union Africaine, dont notamment le rejet catégorique des changements anticonstitutionnels de gouvernement ».
A ce titre, l’Algérie, par le biais du ministère des Affaires étrangères, demande dans ledit communiqué, « que soit mis fin instamment à cette atteinte inacceptable à l’ordre constitutionnel et à cette violation grave des exigences de l’Etat de droit ».
L’Algérie souligne également « l’impératif pour tous d’œuvrer à la préservation de la stabilité politique et institutionnelle de la république du Niger, gage d’une paix et d’une stabilité durables dans ce pays frère et voisin qui fait face à des défis considérables dans une région, déjà confrontée à des crises multidimensionnelles d’une acuité sans précédent ».
Hier dans l’après-midi, le ministre des AE, Ahmed Attaf, a pris attache téléphoniquement avec son homologue nigérien, Massaoudou Hassoumi, et ce sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.
Attaf a demandé à son homologue nigérien de « transmettre au président Mohamed Bazoum, le soutien et la solidarité de son frère le Président Abdelmadjid Tebboune, dans cette épreuve particulièrement pénible pour la République du Niger ».
De même, il a transmis « les souhaits du Président Tebboune de voir la République sœur du Niger triompher rapidement de cette adversité et reprendre la voie de la stabilité politique et institutionnelle », conclut le communiqué du MAE.
Pour rappel, hier dans la matinée, c’était la confusion totale aux abords du palais présidentiel à Niamey. Des militaires ont bloqué les accès à la présidence nigérienne. Le chef de l’État semblait être pris en otage, selon les premières informations. Séquestré ou pas, la situation n’était pas claire en fin d’après-midi. Quelques heures plus tard, d’autres médias affirmaient que le Président Mohamed Bazoum était en discussion avec les mutins.
Le nombre des mutins demeure encore inconnu. Ces « négociations » ont fait craindre le pire, avant la confirmation par ses proches que le Président, accompagné de ses proches et des membres de sa sécurité rapprochée, est « sain et sauf ».
Certaines sources évoquaient un « mouvement d’humeur », lié à des questions de salaires ou primes, voire de grade dans la hiérarchie militaire, alors que d’autres n’hésitaient pas à parler de « tentative de coup d’État » contre le Président Bazoum, bien que cette assertion n’est guère plausible pour de nombreux spécialistes, en raison de la forte influence des Américains et des Français.
Selon une source militaire, « les négociations en cours visent à éviter une confrontation entre les membres de la garde présidentielle impliqués et le reste de l’armée », laquelle ne semble pas soutenir les mutins. Les appréhensions sur un scénario à la soudanaise a fait réagir les organisations internationales et régionales qui ont rapidement condamné cette tentative de coup d’Etat. L’Union Africaine et la CEDEAO ont condamné cet acte et ont appelé les « putschistes » à la raison.
La présidence du Niger a réagi sur les réseaux sociaux, affirmant que « des éléments de la garde présidentielle (GP) [avaient] engagé un mouvement d’humeur anti-républicain et tenté en vain d’obtenir le soutien des Forces armées nationales et de la Garde nationale ».
Tout en réaffirmant que Mohamed Bazoum et sa famille « se portent bien », la présidence met en garde les mutins. « L’armée et la garde nationale sont prêtes à attaquer les éléments de la GP impliqués dans ce mouvement d’humeur s’ils ne reviennent pas à de meilleurs sentiments. »
Selon certaines sources locales, le président Bazoum s’apprêtait à limoger le chef de la Garde présidentielle, d’où cette réaction de la part des membres de cette unité.
Il faut souligner que pour de nombreux observateurs, le Niger est sous emprise, presque « quadrillé » par plusieurs bases militaires américaines et françaises. La France exploite les gigantesques mines d’uranium au nord du pays et la société Areva est ultra protégée. Selon les mêmes milieux, aucun changement de régime ne peut se faire sans « l’approbation » des Etats Unis et de la France.
Ce n’est pas la première fois que des militaires menacent le régime nigérien. Le 31 mars 2021, des officiers avaient tenté de renverser l’ex président Mahamadou Issoufou, à deux jours de l’investiture de Mohamed Bazoum.
Contrairement à ses voisins, le Mali, le Burkina Faso ou le Tchad, gouvernés par des militaires, le Niger reste l’un des derniers États sahéliens dirigés par un civil. Le Niger vit cependant une situation sécuritaire difficile, avec la prolifération des bandes terroristes, la recrudescence de leurs attentats contre les convois militaires et les villages éloignés, ainsi que l’agitation des réseaux de la contrebande transfrontalière et des trafics en tous genres.
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