Tebboune revient sur la crise avec Paris: «La France doit reconnaître ses crimes »
![Tebboune revient sur la crise avec Paris: «La France doit reconnaître ses crimes »](https://i0.wp.com/www.jeune-independant.net/wp-content/uploads/2024/12/Tebbounenation-e1735494282130.jpg?w=560)
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé, ce dimanche, la France à reconnaître ses « crimes barbares perpétrés durant la colonisation de l’Algérie, soulignant que le peuple algérien ne réclame pas des excuses mais une reconnaissance du désastre laissé par le colonialisme, une condition essentielle, a-t-il dit pour permettre à l’Algérie de tourner définitivement la page de son passé colonial.
Dans un discours à la nation prononcé devant les deux chambres du Parlement au Palais des Nations, Tebboune à réaffirmé son attachement à la mémoire des martyrs et à la dignité nationale. « L’Algérie ne pourra tourner la page de son histoire avec la France tant que la reconnaissance des crimes coloniaux ne sera pas acquise », a-t-il affirmé. Le Président a évoqué l’importance pour la France de reconnaître ses crimes coloniaux de 1830 à 1962: « Si vous êtes sincères, érigez une statue de l’Émir Abdelkader dans votre capitale. » Il a toutefois précisé que « les Français d’aujourd’hui ne sont pas responsables des méfaits de leurs ancêtres. Ils n’ont pas à payer la faute de leurs grands-parents ».
Le président a dressé un tableau sombre des atrocités coloniales, évoquant les massacres de Laghouat (1852), les enfumades de la Dahra (1844-1845), et les événements sanglants du 08 mai 1945 durant lesquels plus de 45 000 Algériens ont été froidement massacrés par l’armée française. « Ils ont commis des massacres et des boucheries durant l’occupation. Nous ne demandons pas de pardon, mais une reconnaissance », a-t-il déclaré.
À l’adresse de ceux qui parlent des bienfaits de la colonisation, le président Tebboune a répondu : « À l’indépendance, 90% du peuple algérien était analphabète ». « Ils parlent de civilisation alors qu’ils se vantent d’avoir pris des crânes comme des butins de guerre », a-t-il encore asséné.
Il a également dénoncé les conséquences des essais nucléaires français réalisés dans le sud algérien entre 1961 et 1967, qui continuent d’affecter la santé des populations locales et l’environnement. « Ils voulaient rejoindre le club des pays ayant la bombe atomique à notre détriment. Venez nettoyer ce que vous avez laissé, nous ne voulons pas de votre argent ! ». Le président a réfuté l’idée selon laquelle la colonisation aurait modernisé l’Algérie, rappelant qu’à l’indépendance, 90 % de la population était analphabète.
Tebboune a mis en lumière le faible accroissement démographique de l’Algérie sous la colonisation, qu’il considère comme une preuve des génocides perpétrés. « En 1830, nous étions 4 millions. En 1962, nous étions 9 millions. Ce qui n’est pas normal. Vous avez gazé et assassiné des générations d’Algériens », a-t-il lancé à l’endroit des relais de la France colonial.
« L’Algérie n’était pas des marécages, elle livrait du blé à Rome », a-t-il dit, ajoutant qu’il ne laisserait pas tomber la mémoire juste pour être qualifié de « démocrate ». Algérie tourism guides
« Je ne suis pas démocrate et je continuerai à vous réclamer des comptes », a-t-il asséné. Il a aussi rappelé, entre autres crimes du colonialisme, les essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
« Vous êtes devenus une puissance nucléaire et vous nous avez laissé des maladies. Venez nettoyer, nous n’avons que faire de votre argent. Je ne laisserai pas tomber la mémoire, je ne demande rien, ni euro ni dollars, mais la dignité de nos ancêtres et de nos citoyens », a-t-il insisté.
Et cela, « sans aucune arrière-pensée », a-t-il précisé à l’adresse de ceux qui accusent les dirigeants algériens de faire de la mémoire « un fonds de commerce ».
« Laissons nos jeunes se connaître et mettons-nous autour d’une table. Je serai reconnaissant le jour où une statue géante de l’Emir Abdelkader trônera dans la capitale française », a ajouté le président algérien.