Tebboune à propos du Maroc : C’est le point de non-retour
La crise avec le Maroc et l’Espagne, le coup de froid dans les relations avec la France, ainsi que le conflit en Ukraine, ont été au cœur de l’entretien accordé à la chaîne qatarie Al Jazeera par le président de la République Abdelmadjid Tebboune et diffusée ce mercredi.
Sur le Maroc avec qui les relations diplomatiques ont été rompues depuis août 2021 suite à une série d’actes hostiles de Rabat à l’égard de l’Algérie, le président Tebboune a affirmé que les relations entre les deux pays voisins ont « atteint un point de non-retour ». Tout en exprimant ses « regrets » que les rapports entre les deux aient atteint ce niveau de détérioration, il a assuré que la position de l’Algérie était une « réaction » à ce que faisait le Maroc.
S’agissant des relations avec l’Espagne, qui traversent une tension depuis une année, Tebboune a évoqué la situation qui a été provoquée après la décision du gouvernement de Madrid de s’aligner sur les thèses marocaines concernant le Sahara occidental, notamment son soutien au plan dit « d’autonomie » de ce territoire occupé militairement, alors que les résolutions des Nations Unies soutenaient plutôt l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
C’est ce revirement inexpliqué de Madrid sur ce conflit sahraoui qui a provoqué la colère de l’Algérie. Après le rappel le lendemain de son ambassadeur en Espagne, Alger va annoncer début juin, le gel du traité d’amitié entre les deux pays, signé en 2002. Dans la foulée, les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne ont été rompues, à l’exception des livraisons du gaz algérien.
Le président de la République a estimé que l’Espagne « est l’ancienne puissance coloniale du Sahara occidental et que sa responsabilité est toujours engagée ». Tebboune a déclaré : « Nous considérons la position de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental comme une position individuelle du Gouvernement Sanchez », soulignant que l’Espagne « s’est alignée dans le dossier du Sahara occidental avec des attitudes secrètes qui ne la déchargent pas de ses responsabilités ». Il a fait savoir, dans le même cadre, que les « échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne se poursuivent et leur majorité s’effectue par le secteur privé dans les deux pays ».
Pour ce qui est des relations avec la France, le Président de la République a indiqué que « notre relation avec la France est fluctuante », soulignant que « l’ambassadeur algérien sera bientôt de retour à Paris ». Le froid dans ces relations est survenu juste après l’éclatement de l’affaire Amira Bouraoui, qui a quitté l’Algérie pour la Tunisie alors qu’elle était sous une interdiction de quitter le territoire national et qui a été « exfiltrée d’une manière illégale par les services consulaires français de Tunis.
Evoquant les relations avec l’Italie, le Chef de l’Etat a affirmé qu’elles étaient « stratégiques, historiques et très solides, remontant à l’époque de la Guerre de libération », relevant que l’accord sur l’énergie avec l’Italie « couvre l’électricité, le gaz et l’hydrogène, et nous œuvrons à le mettre en œuvre en coopération avec l’Europe ».
Il a évoqué la cause palestinienne qu’il a qualifiée de « cause centrale » et de « question quasi interne en Algérie ».
Concernant la crise en Ukraine, le Président Tebboune a indiqué que « l’Algérie est habilitée à jouer un rôle de médiation dans la crise ukrainienne, l’Algérie étant parmi les rares pays à jouir de la crédibilité nécessaire pour s’acquitter de cette mission », ajoutant que « ma visite en Russie est toujours d’actualité et aura lieu le mois de mai sur invitation du président russe ».