Tchad : « plus de 300 rebelles » et cinq militaires tués dans des combats
L’armée tchadienne a annoncé, lundi 19 avril, « avoir tué plus de 300 membres d’un groupe rebelle » qui mène une incursion depuis huit jours dans le nord du pays, un bilan qui n’a pas été confirmé de source non-gouvernementale .
Le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée, a également fait état de 150 rebelles faits prisonniers. Par ailleurs, ces affrontements ont coûté la vie à cinq militaires. Selon Azem Bermandoa Agouna, la situation est désormais sous contrôle malgré la reprise des combats dimanche.
Le groupe rebelle, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, avait lancé une offensive depuis ses bases arrières en Libye le 11 avril, jour de l’élection présidentielle au Tchad, pour contester la probable réélection du président Idriss Déby, au pouvoir depuis 31 ans. Ce dernier n’a pas encore fait état du bilan de son offensive. L’armée tchadienne a l’habitude de donner des bilans sans jamais fournir des images.
Dans le massif du Tibesti, frontalier avec la Libye, mais aussi dans le nord-est, qui borde le Soudan, des rebelles tchadiens affrontent régulièrement l’armée depuis que le président Déby s’est emparé du pouvoir par un coup d’Etat en 1990.
Un groupe rebelle, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), a lancé une offensive depuis ses bases arrières en Libye le 11 avril, jour de l’élection présidentielle que le président et maréchal Déby, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 30 ans, est assuré de remporter.
L’Union des forces de la résistance (UFR), un autre groupe armé, composé de membres appartenant à l’ethnie du président Déby, a affirmé dimanche dans un communiqué qu’il apportait son soutien au FACT, sans préciser s’il avait lancé ses propres combattants dans la bataille.
L’UFR avait fédéré la rébellion tchadienne lors d’une tentative de putsch en 2008, stoppée in extremis aux portes du palais présidentiel de N’Djamena grâce à l’appui de l’armée française.
« Côté ennemi, plus de 300 rebelles ont été neutralisés et 150 faits prisonniers » samedi, a déclaré lundi le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée, déplorant cinq morts dans les rangs de l’armée tchadienne. Les prisonniers n’ont pas été montrés à la presse.
Samedi, le gouvernement avait affirmé que l’offensive rebelle, dans les provinces du Tibesti et du Kanem, avait « pris fin ». Mais des combats ont repris dimanche en fin d’après-midi, selon le général Bermandoa. « La situation est calme en ce moment sur le front, il ne se passe rien », a-t-il ajouté lundi matin. L’armée tchadienne contrôle seulement la capitale et sa périphérie où sont également stationnées des troupes françaises.
Le FACT a pour sa part affirmé dimanche dans un communiqué avoir « procédé à la libération de la région du Kanem », où se sont déroulés les combats de samedi.
La rébellion semblait bien préparée militairement pour l’offensive mais le pouvoir de Deby soutenu par la France résister toujours, selon des observateurs tchadiens cités par des médias français.
Des chars ont été positionnés lundi sur les principales avenues de la capitale N’Djamena, ce qui a entraîné des scènes de panique dans certains quartiers, selon des médias sur place.
« La mise en place ce matin d’un dispositif sécuritaire dans certains endroits de la capitale semble être mal interprétée. Je tiens à rassurer qu’il n’existe aucune menace particulière à craindre », a souligné sur Twitter Cherif Mahamat Zene, le porte-parole du gouvernement.
« Le dispositif mis en place ce matin à N’Djamena est une mesure de précaution, à usage dissuasif, sans qu’une menace particulière pèse sur la capitale », a aussi écrit lundi l’ambassade de France à ses ressortissants.
L’ambassade américaine à N’Djamena a ordonné samedi à son personnel non-essentiel de quitter le Tchad. Le Royaume-Uni a également recommandé à ses ressortissants de quitter le pays « dès que possible ».