Surcharge des classes, baisse du pouvoir d’achat, agression contre les enseignants… : Le Cnapeste tire la sonnette d’alarme

Le Conseil national du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste) a réitéré son attachement à ses revendications socioprofessionnelles exprimées auparavant, dont celles liées à l’amélioration du pouvoir d’achat, lequel connaît une nette dégradation. Le syndicat dénonce le manque de concertation autour de plusieurs décisions prises par la tutelle.
Dans un communiqué rendu public à l’issue de la session ordinaire du Cnapeste, tenue dans la wilaya de Blida, les représentants des 48 wilayas du renouvellent leur position « ferme et claire » quant aux différentes revendications soulevées auparavant, notamment l’importance d’améliorer le pouvoir d’achat, qui connaît une baise terrible et sans précédent, nécessitant la révision de la politique salariale du secteur, de manière à ce qu’elle soit cohérente avec l’élévation de la valeur matérielle et morale du professeur et son confort économique et social.
Le Cnapeste appelle à recourir à l’ouverture du système de rémunération pour permettre d’élargir le cercle des subventions et des primes et de doubler leur valeur en vue de limiter les répercussions de cette baisse du pouvoir d’achat.
Il met en garde contre l’aggravation des problèmes dans le secteur de l’éducation, et ce aussi bien au niveau local que national, touchant les aspects pédagogiques professionnel et social.
Le Cnapeste cite, à cet effet, l’expansion du phénomène de surcharge dans les classes et dans les établissements, précisant que le recours au système de double vacation, des classes mobiles et l’exploitation des espaces situés au niveau de certains établissements, adopté pour apaiser les tensions et la grogne des parents, s’est fait au détriment du confort de l’enseignant. Ce dernier accomplit aujourd’hui, selon le Cnapeste, sa mission sous une forte pression, précise le communiqué.
« Des établissements scolaires accueillent jusqu’à 50 élèves par classe. Sans parler des établissements scolaires dans les grandes villes qui reçoivent plus que leur capacité en raison du manque de structures », ajoute la même source, qui évoque « l’absence de planification et d’anticipation ». Le communiqué souligne le déficit en matière d’encadrement, qu’il soit administratif ou pédagogique.
La question de la violence et de la sécurité dans les établissements scolaires a également été débattue par le Cnapeste. Ce dernier condamne fermement les agressions physiques et morales « barbares » contre les enseignants et la famille éducative à l’intérieur et à l’extérieur des établissements scolaires. Le syndicat réitère sa demande pour la promulgation en urgence de la loi sur la protection des enseignants et la criminalisation de toute forme d’agression commise contre eux.
Censée apporter plus de confort et de flexibilité, l’opération de numérisation adoptée par les responsables du secteur, dans toutes les démarches administratives et pédagogiques, a été critiquée par le Cnapeste. Ce dernier affirme que cette nouvelle méthode a entraîné plusieurs conséquences « négatives en violant certaines lois et circulaires ». Le Cnapeste dénonce ce qu’il qualifie d’« anarchie » dans l’annonce des postes vacants et le diagnostic relatif à l’excédent.
Le syndicat dénonce également la centralisation de diverses opérations au niveau du département du ministère de l’Education nationale ayant entraîné de multiples conflits et problèmes en ce qui concerne le mouvement de transfert dans le corps des enseignants, ainsi que le transfert et la réintégration des élèves exclus.
Le Cnapeste réitère son rejet du projet du statut particulier préparé par le comité technique administratif ministériel sans avoir au préalable informé le partenaire social de son contenu, ce qui lui fait perdre la légitimité résultant d’une participation réelle et effective.
Le Cnapeste appelle à revoir le contenu des deux textes de loi portant sur l’exercice du droit syndical et la prévention des conflits en milieu de travail et le droit de grève. « Les lois 02/23 et 08/23 établissent d’une manière sans précédent la politique de restriction arbitraire et entrave la liberté d’exercer le travail syndical et du droit de grève », soutient le syndicat, exigeant d’ouvrir la concertation et d’élargir les débats sur ces deux textes de loi avec la participation de tous les syndicats pour renforcer les libertés et les droits fondamentaux du travail, en concrétisation des dispositions de la Constitution et des accords et traités internationaux ratifiés par l’Etat algérien.
Le Cnapeste affirme et renouvelle son rejet des décisions unilatérales, de la violation flagrante des lois et décrets réglementaires par les responsables du ministère de l’Education nationale dans le traitement de nombreux dossiers tels que le dossier de numérisation des transports et les erreurs et déséquilibres qui l’accompagnent.
Concernant les revendications socioprofessionnelles, le syndicat exige encore une fois la prise en charge sérieuse des dossiers du logement, de la retraite et des œuvres sociales. Le Cnapeste réclame, en outre, l’actualisation de la prime de zone des personnels du Sud et la liberté de l’exercice syndical.
Le Cnapeste compte organiser une conférence sur la conformité des statuts du syndicat avec les textes légaux de la loi 23/02 relative à l’exercice du droit syndical. Cette dernière est prévue jeudi prochain au lycée Frantz-Fanon, dans la wilaya de Boumerdès.
Enfin, le Cnapeste appelle l’ensemble de ses adhérents à se mobiliser autour du syndicat et faire face à une rentrée sociale rude et difficile à tous les niveaux.