Spéculation sur les médicaments : Des distributeurs défient les lois et imposent leur diktat
Au moment où les autorités du pays tentent de mettre de l’ordre dans le secteur pharmaceutique afin de bannir la spéculation et la rétention de médicaments, des distributeurs continuent d’imposer leur diktat en usant de pratiques illicites et dévoyées pour maintenir leur mainmise sur le marché national. C’est ce qu’a indiqué hier un communiqué du ministère de l’Industrie pharmaceutique (MIPH).
Des distributeurs de produits pharmaceutiques sans scrupule défient les lois et les institutions de l’Etat en recourant à «des pratiques illicites» que l’on croyait à jamais révolues, telles que la vente concomitante ou la rétention, et ce dans l’objectif de maintenir des tensions sur des types précis de médicaments et créer une rupture pour d’autres. Ces pratiques immorales menacent la sécurité sanitaire du pays et mettent en danger la santé des citoyens.
Le ministère concerné affirme avoir reçu 50 requêtes émanant de pharmaciens d’officine dénonçant ces pratiques illégales que leur infligent certains distributeurs. Vente concomitante, rétention ou spéculation, ces distributeurs ne reculent devant rien pour s’enrichir.
Les requêtes reçues par le ministère de l’Industrie pharmaceutique «sont prises en charge par l’Inspection générale du ministère», a souligné la même source, précisant que durant la période allant du 13 au 17 février en cours, les équipes d’inspection relevant de l’inspection générale du ministère et celles relevant des brigades mixtes ministère du Commerce-MIPH, ont effectué 15 visites d’établissements pharmaceutiques dans le cadre de la lutte contre les pratiques illégales de spéculation, de rétention ou de vente concomitante.
Les équipes d’inspection ont également effectué, durant la même période, 63 visites, dans le cadre du traitement des dossiers de demande d’agrément des différents établissements pharmaceutiques en vue de leur mise en conformité avec les disposition du décret exécutif n° 21-82 relatif aux établissements pharmaceutiques et aux conditions de leur agrément.
Il convient de rappeler que le premier responsable du secteur, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, avait déploré «une rétention et une spéculation» de la part de certains distributeurs, qui ne libéraient pas leurs produits dans le délai légal de 48 heures, avec l’intention de faire de «la vente concomitante et de la vente associée», ce qui est, a-t-il dit, «complètement interdit».
Il avait, dans ce sens, ajouté qu’une vingtaine de mises en demeure avaient été notifiées à des distributeurs, et que même des fermetures avaient eu lieu dans le cadre des inspections menées par les brigades mixtes avec le ministère du Commerce.
Concernant les raisons de cette «tension» sur les médicaments prescrits dans le protocole thérapeutique contre la Covid-19, M. Benbahmed avait pointé du doigt «le lobby de l’importation qui se retrouve aussi au niveau de la distribution», expliquant qu’un «dispositif particulier» de veille et de contrôle du programme d’importation et de production des produits pharmaceutiques a été mis en place pour assurer une «disponibilité continue» de produits pharmaceutiques.
Il convient de noter qu’un nouveau cahier des charges sur la distribution des produits pharmaceutiques sera publié dans «les jours à venir» au Journal officiel, permettant de contrecarrer «tout acte de rétention ou spéculatif de la part des distributeurs».
S’agissant du risque d’une éventuelle rupture de stock de médicaments entrant dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19, M. Benbahmed avait assuré qu’il «ne peut pas y avoir de rupture car l’ensemble de ces produits sont fabriqués localement, y compris les tests et l’oxygène».
Selon les chiffres dévoilés par le MIPH, la facture d’importation des médicaments a baissé en 2021 de 800 millions de dollars par rapport à 2019, reculant de 2 milliards à 1,2 milliards de dollars, tandis que la production nationale a évolué d’un milliard de dollars durant la même période.