Pénurie des produits alimentaires : Les autorités accusent des « groupes organisés »

Devenues des phénomènes récurrents, la spéculation et la pénurie de certains produits alimentaires de large consommation ont fait réagir, une nouvelle fois, les pouvoirs publics.
Si le ministre de la Justice a accusé « des groupes organisés » d’être à l’origine de la spéculation illicite, le Premier ministre a affirmé que l’Etat « frappera d’une main de fer » quiconque oserait toucher aux vivres des Algériens, rassurant, au passage, sur la disponibilité des produits de large consommation. Qualifiées de crimes, les affaires liées à la spéculation commerciale sont désormais transférées au service central de lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Le quotidien des Algériens a rimé ces derniers jours avec la rareté de certains produits alimentaires, à l’instar de l’huile de table, du lait et de la semoule. Pas une journée ne passe sans qu’un produit de large consommation disparaisse des étalages. Ces produits, si on les trouve, ont vu leurs prix grimper, au moment où la majorité des prix, ceux des produits alimentaires notamment, enregistrent déjà une hausse, mettant à rude épreuve le pouvoir d’achat des ménages.
On s’interroge, cependant, sur l’origine de la pénurie « subite » et « simultanée » de ces produits de base. Est-ce que c’est une vraie pénurie ou de la pure spéculation ? Pour les pouvoirs publics, cette spéculation est un « acte organisé ». C’est ce qu’a affirmé le ministre de la Justice, garde des Sceaux, signalant que « des groupes organisés, œuvrant à la déstabilisation de la société et des institutions de l’Etat, sont à l’origine du phénomène de la spéculation illicite et de la pénurie de certains produits de large consommation ».
Dans sa déclaration à la télévision nationale, Abderrachid Tabi a indiqué que « la spéculation illicite est passée actuellement à un autre stade qui dépasse la flambée des prix. Cette spéculation est désormais un acte organisé visant la déstabilisation directe de l’Etat ». C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont décidé de réagir avec la plus grande fermeté.
Les affaires ayant trait à la spéculation illicite sont ainsi désormais classées dans la case des crimes qui sont traités au niveau du service de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational, selon les affirmations du ministre de la Justice. Celui-ci a déclaré : « Nous ne voulions pas arriver à ce traitement strict, mais les actes de sabordage, aux conséquences dangereuses sur le citoyen, nous ont poussés à prendre cette mesure. »
C’est dans ce sens que le parquet de la République près le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger, qui relève « la gravité de ces faits commis durant la même période dans différentes régions à travers le pays, et l’existence de preuves irréfutables sur le sabotage et leur caractère attentatoire à l’économie nationale », a demandé aux parquets locaux de la République de soumettre les affaires relatives à la spéculation sur les marchandises et à la hausse injustifiée des prix, en vue de leur traitement, au service central de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational. Des peines durcies et sévères à l’encontre de tout individu impliqué conformément à la loi vont être requises, a-t-on précisé.
La détérioration du pouvoir d’achat des Algériens, en raison de la hausse généralisée des prix, était au centre des interventions des députés. Durant les trois jours de débats qui ont suivi la présentation, par le Premier ministre, de la déclaration de politique générale du gouvernement, les élus de l’APN ont, à l’unanimité, évoqué le quotidien difficile d’une grande partie de la population, qui fait face à une augmentation sans précédent des prix.
En réponse à ces préoccupations, le Premier ministre a souligné la nécessité « de barrer la route aux parties malveillantes qui tentent de diaboliser la situation », avant de rassurer quant à la disponibilité en quantités suffisantes des produits de large consommation », avec l’existence d’un stock stratégique important pour tous ces produits.
Il a mis en avant la riposte de l’Etat qui « frappera d’une main de fer quiconque oserait toucher aux vivres des Algériens et contre toute tentative de retourner à l’importation sauvage ». Affirmant que le pouvoir d’achat du citoyen demeure au cœur des préoccupations des politiques publiques et expliquant que la hausse des prix est un phénomène qui a touché la majorité des pays du monde, le Premier ministre a présenté « ses excuses à l’endroit de tout chef et de toute cheffe de famille ayant trouvé des difficultés pour se procurer certains produits de large consommation ».
Pour rappel, le président de la République avait qualifié l’année dernière, après un épisode d’augmentation des prix de certains produits alimentaires, la spéculation d’« ennemi juré » de l’économie nationale.
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