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Soudan : Plus de 20 pays dénoncent les atrocités et appellent à un cessez-le-feu

Soudan : Plus de 20 pays dénoncent les atrocités et appellent à un cessez-le-feu

 Plus de 20 pays, principalement européens, ont publié lundi une déclaration commune pour condamner les atrocités et les violations du droit international humanitaire au Soudan, exprimant leur « profonde inquiétude » face aux violences systématiques ciblant les civils. Parmi les signataires figurent le Canada, l’Espagne, le Royaume-Uni, la Norvège, l’Allemagne, l’Irlande, la Suède, l’Autriche, la Croatie, la République tchèque, la Finlande, la Pologne et la Suisse.

Dans leur communiqué, les ministres des Affaires étrangères et hauts responsables présents se sont dits « gravement alarmés par les informations faisant état de violences systématiques et continues contre les civils pendant et après la chute d’El-Fasher aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) », ainsi que par l’escalade des combats dans le nord du Darfour et la région du Kordofan.

Ils ont qualifié de « violations odieuses du droit international humanitaire » le « ciblage délibéré des civils, les massacres à motivation ethnique, les violences sexuelles liées au conflit, la famine utilisée comme méthode de guerre et l’obstruction de l’accès humanitaire ». Le communiqué précise que « de tels actes, s’ils sont avérés, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au regard du droit international ».

Les signataires ont exigé la fin immédiate des violences et affirmé que « l’impunité doit cesser et les responsables doivent rendre des comptes ». Ils ont souligné que « la protection et la justice pour le peuple soudanais ne sont pas seulement une obligation légale, mais également un impératif moral urgent ».

Le communiqué dénonce également la persistance de la famine et de la malnutrition généralisées, résultant des restrictions d’accès humanitaire, et exhorte les autorités soudanaises à permettre au Programme alimentaire mondial (PAM), au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et aux autres agences humanitaires de distribuer librement l’aide aux populations affectées.

Il rappelle que toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, garantir la sécurité des civils et faciliter immédiatement l’acheminement de l’aide conformément à la résolution 2736 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le groupe international a par ailleurs appelé les parties au conflit à convenir d’un cessez-le-feu et à instaurer une trêve humanitaire de trois mois, tout en mettant en garde contre toute tentative de partition du pays. « Nous réaffirmons notre soutien à la souveraineté, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et au droit de son peuple à vivre en paix, dans la dignité et la justice, sans ingérence extérieure », précise le communiqué.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 89 000 personnes ont été déplacées d’El-Fasher et de ses environs depuis le 26 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville. Les Forces de soutien rapide sont accusées d’avoir perpétré des massacres à caractère ethnique, ciblant notamment les populations civiles. Ces événements interviennent dans un contexte de forte inquiétude face au risque de fragmentation géographique du Soudan, qui pourrait aggraver une crise déjà dramatique.

Depuis le 15 avril 2023, l’armée soudanaise et les FSR sont engagées dans un conflit armé qui a fait des milliers de morts et déplacé des millions de civils, malgré les multiples tentatives de médiation régionales et internationales. Le conflit a également provoqué une catastrophe humanitaire, avec des milliers de personnes privées d’accès aux services de base et aux aides alimentaires, aggravant une situation déjà critique.

Les ministres et responsables signataires ont conclu leur déclaration en exhortant toutes les parties à « s’asseoir à la table des négociations », affirmant que « seul un processus politique soudanais large, inclusif et crédible peut résoudre durablement les problèmes du pays ». Ils appellent également à la mise en place de mécanismes de suivi et de responsabilité pour que les auteurs de crimes de guerre et de violations des droits de l’homme répondent de leurs actes devant la justice internationale.