Sommet de Saint Petersburg: La Russie et l’Afrique à la croisée des chemins

Les regards seront braqués à partir de ce jeudi 27 juillet sur la mythique Saint Petersburg, la ville russe sur la mer Baltique, jadis un comptoir d’échanges commerciaux et une destination privilégiée des têtes couronnées et des élites européennes. La cité tsarine sera la terre d’accueil pendant trois jours du Sommet Russie-Afrique, dans un contexte international tourmenté par la guerre dont la partition se joue en Ukraine entre les occidentaux de l’Otan et le pays des illustres Pyotr Tchaikovsky et Yuri Gagarine.
Un total de 49 dirigeants africains dont 17 chefs d’Etats a confirmé, jusqu’à l’heure, leur participation à ce deuxième sommet entre la Russie et le plus riche continent au monde. C’est ce qu’a indiqué lors d’une conférence de presse mardi à Moscou, Yury Ushakov, conseiller du président Vladimir Poutine.
En outre, le patron du Kremlin prévoit de rencontre tous les chefs d’Etat africains présent à ce sommet afin de sceller une proximité stratégique avec les partenaires ayant bravé les pressions occidentales et la propagande hostile pour poser pied à Saint Petersburg.
Après une première édition en 2019, le second sommet organisé sous le chapitre «paix, sécurité et développement», semble vital pour la Russie qui fait face à de rudes sanctions occidentales notamment américaines. Moscou veut consolider sa place stratégique en Afrique et démontrer que la guerre et le sanctions n’ont pas affecté d’un iota sa dimension de puissance et de joueur clef dans cet ordre mondial que les Occidentaux veulent contenir à leur seul profit.
Cette perspective s’inscrit dans une optique de la formation d’un nouvel ordre mondial basé sur le principe de la multipolarité et de l’égalité de tous les États indépendants, un principe auquel a souscrit la majorité des pays africains.
Pour ce faire aussi, « l’accent sera mis sur les perspectives de développement des relations entre la Russie et l’Afrique, en particulier sur l’aide russe au développement national souverain des pays africains, en garantissant un accès équitable à la nourriture, aux engrais, aux technologies modernes et aux ressources énergétiques. Il y aura une annonce de certaines des initiatives russes dans ce domaine et la signature de plusieurs accords », selon le Kremlin.
A ce forum, des hauts diplomates, des représentants des ministères concernés de la Fédération de Russie et des milieux d’affaires russes et africains, et des experts dans le domaine des relations internationales discuteront justement de ces segments à l’ère des bouleversements dans le monde. Dotée de richesses inouïes dont le pétrole, les minerais comme le phosphate, le fer ainsi que l’or et le dimant ou autres métaux rares et les terres fertiles, l’Afrique, autrefois sous colonisation, reste convoitée par les puissances notamment ceux du G7.
L’Amérique, le Japon, la Chine, la Russie tout comme la France par le biais de l’initiative a France-Afrique ou la Grande Bretagne au sein du Commonwealth ou autre Union Européenne organisent des sommets avec le vieux continent.
Toutefois l’Afrique compte se démarquer des contingences externes et le jeu des puissances qui la maintiennent en perfusion à travers des aides financières, au détriment de la souveraineté, au lieu des programmes de développement structurants comme ceux engagés par la Chine ou la Russie, devenus désormais des partenaires fiables économique et politique pour les africains.
C’est au milieu de ses convoitises que l’Afrique se retrouve dans la croisée des chemins pour choisir ses partenaires à venir dans la nouvelle configuration du monde qui profile à l’horizon.
Interrogé par le Jeune Indépendant, l’expert économique, Haouari Tigharsi, a expliqué que la Russie investit dans plusieurs pays africains dans les infrastructures, la défense, l’énergie nucléaire et l’agriculture, soulignant que c’est dans le domaine de la sécurité que la présence russe est la plus significative.
Pour M. Tigharsi, même si le principal sujet de discussion lors de ce sommet tournera autour de la coopération commerciale et économique et le partenariat dans le domaine social et humanitaire entre la Russie et l’Afrique, les enjeux politiques et stratégiques seront omni présidents. «La fédération de Russie veut non seulement s’ouvrir sur les marchés du continent africain, mais aussi trouver des relais diplomatiques et stratégiques », a-t-il précisé, ajoutant que la Russie a fourni 44 % de toutes les importations d’armes africaines de 2017 à 2021.
La présence sécuritaire russe en Afrique est intervenue suite aux demandes formulées par les gouvernements de certains pays africains, pour faire face aux groupes terroristes qui pullulent dans plusieurs régions, dont le plus dangereux et organisés sont l’État islamique et Al-Qaïda.
Le sommet se penchera selon toute vraisemblance sur les effets du conflit en Ukraine qui a donné lieu à une crise des hydrocarbures, mais surtout des céréales dont a besoin le continent africain, qui constitue la facette à haut risque de la coopération avec Moscou.
Pour faire face à cette grave perturbation sur le marché des céréales, Moscou assuré sa disposition à approvisionner gratuitement les pays africains les plus pauvres à travers la mise en place de nouveaux itinéraires d’exportation de blé.
Or, en dépit de cette crise qui menace les pays africains les plus vulnérables de famine, la majorité des Etats africains n’a pas suivi l’Occident dans sa logique d’exacerbation de la tension en Ukraine en s’abstenant de cautionner les sanctions imposées à la Russie. Une posture qui en dit long sur l’état d’esprit dans lequel se dérouleront les tractations à Saint Petersburg.
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