Solaire: Un projet de 5 milliards USD bloqué
Alors que les caisses de l’Etat se réduisent comme une peau de chagrin, une filiale algérienne d’un groupe européen spécialisée dans l’énergie solaire a du mal a injecter cinq milliards de dollars dans un investissement créateur de richesses et d’emploi dans le pays.
La société Terra Sola Algérie PV Production, partenaire du groupe mondial germano-suisse « Terra Sola » développeur et investisseur dans les énergies renouvelables, peine à concrétiser un projet d’investissement de cinq milliards dans lequel l’Algérie ne mettra aucun sou. C’est ce qu’a révélé au Jeune Indépendant M. Belkacem Haouche, directeur général de Terra Sola Algérie PV Production.
L’entreprise qui aspire à faire de l’Algérie un leader en Afrique dans le domaine de l’énergie solaire est prise dans l’étau des entraves bureaucratiques et de pratiques équivoques à coup d’injonction externe qui ciblent l’investisseur allemand au profit de d’autres installés en Europe dont la France.
Au moment où le Président de la République s’est donné pour objectif de combattre la bureaucratie indissociable de la corruption et de trouver des financements extérieurs pour relancer l’économie nationale, certains responsables démunis de tout sens de nationalisme et de patriotisme barricadent le chemin à une opportunité d’investissement, qui mettra l’Algérie au rang des grands producteurs mondiaux de l’énergie verte, une option qui consacre un modèle énergétique voué à la consommation interne et à l’exportation.
Les atouts dont dispose l’Algérie attirent les investisseurs. Toutefois, il est prioritaire pour de disposer d’un climat propice aux affaires qui n’obéit pas aux injections des clans et aux interférences notamment des multinationales. En l’absence de ce climat, les investisseurs changent de cap et proposent leurs investissements à d’autres pays de la région, comme le Maroc, qui n’hésiteront pas à saisir cette opportunité.
« Le financement d’investissement de 5 milliards de dollars proposé par Terra Sola à l’Algérie générera un gain de 10 milliards de dollars, outre une économie du gaz non utilisé évaluée selon les coûts du marché mondial du gaz pour un montant moyen de 7,7 milliards de dollars, qui renforceront indéniablement la trésorerie de l’Etat », a affirmé au Jeune Indépendant le M. Haouche qui est également membre du Conseil d’administration du groupe germano-suisse.
Une opportunité « inédite » pour l’Etat Algérien qui deviendra propriétaire des infrastructures réalisées par le groupe dès la signature du contrat avec l’Etat, affirme M. Haouche, faisant savoir que le remboursement de l’investissement « se fera par la vente de l’énergie produite ».
Il assure que l’objectif est de faire avec l’Algérie un partenariat gagnant-gagnant, reposant sur la construction d’une industrie solaire locale basée sur les dernières technologies, sans risque pour la partie algérienne, qui n’aura pas à s’investir.
En terme d’efficacité énergétique, l’implémentation d’infrastructures pour une production d’électricité d’au moins 4000MW, est la seule voie qui garantira à l’Algérie de devenir un leader dans le domaine, d’être technologiquement indépendante de l’étranger et produire une énergie renouvelable avec ses propres ressources.
Le programme de production de 4000 MW en 2024 et 15000MW en 2035 d’énergie renouvelable, approuvé par le conseil des ministres le 06 février 2020 et adopté par l’Assemblée populaire nationale le 14 février et le Sénat le 18 février, doit impérativement, selon le DG de Terra Sola, passer par « l’implémentation d’une méga infrastructure portée sur la production, et d’un réseau de transport qu’il faudrait développer et moderniser ».
Et de mettre en garde qu’avec une stratégie énergétique qui repose sur la réalisation de petites centrales de 50, 100 ou 150 mégawatts, l’Algérie sera rapidement dépassée, car «ni le temps ni les capacités infrastructurelles ne lui permettront de nourrir de telles ambitions ».
« Les dirigeants du consortium soutiennent, pour leur part, que leur démarche s’inscrit dans une logique de durabilité de l’industrie solaire en Algérie, car le pays dispose de capacités d’exportations de l’électricité et d’hydrogène fabuleuses pour une Europe qui se projette sur l’énergie verte zéro carbone en 2030 », poursuit le directeur général.
Transfert de technologie garanti
A hauteur de 10 millions de dollars, Terra Sola Algérie garantira la formation de 500 élites universitaires, et pour le même montant, des mises à niveau de PME et de startups.
Haouche l’assure, le projet ne saurait être envisagé sans un transfert de technologie et des mises à niveau de PME et de startups.
Aussi, il a fait part de la mise en place à terme d’une industrie de composants certifiés et normalisés de l’industrie solaire pour un taux d’intégration de 90% ainsi que la création de 67000 emplois.
« La pérennité de l’industrie solaire photovoltaïque est liée à sa rentabilité, elle-même liée aux couts engendrés par la maintenance et la disponibilité des composants qui sont importés de l’étranger », souligne-t-il.
Et de relever : « La seule société algérienne à pouvoir fabriquer ces composants est Terra Sola PV Production Algérie ».
Dans cette optique, le groupe germano-suisse a signé un protocole d’entente avec l’Université Abou Bekr Belkaid de Tlemcen, portant sur la formation et le transfert de savoir et de la technologie dans le domaine au profit des étudiants algériens.
Le protocole d’entente comporte entre autres, selon M. Haouche, l’octroi de bourses à des étudiants de l’université pour se spécialiser dans le domaine des énergies renouvelables grâce aux partenaires du groupe Terra Sola en Allemagne et en Europe. Et, la priorité leur sera accordée pour intégrer le projet du groupe suisse-allemand en Algérie.
Le solaire…meilleure option que le pétrole
Terra Sola Algérie a entamé la construction de la plus grande et la seule plateforme de l’industrie solaire en Afrique, dans la région de Ras El Ma, wilaya de Sidi Belabes, où seront fabriqués et exportés pour la première fois les cellules photovoltaïques en silicium, les onduleurs et les solutions de toiture.
Les composants algériens, explique le DG de Terra Sola, « seront soumis aux exigences des banques internationales qui conditionnent toute opération financière par des certifications à obtenir nécessairement auprès des plus grands instituts mondiaux, notamment Tüv (Allemagne), MCS (Royaume-Uni) et ISO (Suisse)».
Cette démarche permettra aux investisseurs publics et privés dans le domaine de l’énergie solaire, actuellement le meilleur alternatif au pétrole, d’avoir à des prix accessibles en monnaie locale, les composants qu’ils importaient et payaient en devise, ce qui va améliorer leur compétitivité sur le marché.
Concernant la certification des composants, une des exigences des banques et assurances internationales, M. Houache a signalé qu’elle pourra être obtenue à des couts accessibles et en monnaie locale grâce aux contrats de certifications qui ont été achetés par Terra Sola en exclusivité pour l’Algérie auprès des grands instituts mondiaux.
L’investisseur a fait savoir que sa société sera soutenue dans cette démarche par le consortium Terra Sola et notamment la société étatique chinoise Jynergie, fabricant mondial de panneaux photovoltaïques et des produits des modules (5,5 GW /an) qui fournira à Terra Sola Algérie les dernières lignes de production photovoltaïques ainsi que le savoir-faire et l’expertise technique.
Un autre membre du consortium, l’allemand LTI ReEnergy Smart Technologies « a cédé formellement et exclusivement à Terra Sola Algérie les droits de fabrication des onduleurs photovoltaïques convertisseurs », informe-t-il.
Quelles sources de financement ?
Haouche a fait savoir que le groupe active sous le droit suisse, dans un pays où les banques incarnent l’image du pays et où le secteur financier est l’un des points forts de l’économie helvétique.
Cette proposition engage formellement des acteurs mondiaux d’un même écosystème où l’éthique économique, notamment la confiance, la crédibilité et la solvabilité font loi.
Le consortium s’impose un contrat de garantie de performance solide en faveur de l’Etat algérien, validé et certifié par l’assureur mondial, l’allemand Allianz SE, qui est en même temps un garant pour les intervenants dans le montage financier et pour le consortium.
Allianz SE, est l’une des plus grandes sociétés d’assurance au monde, cotée à la Bourse de Frankfort, qui garantit la solvabilité du groupe Terra Sola envers l’Algérie, selon le responsable du groupe allemand qui a souligné que l’assureur Allemand ne saurait accepter d’assurer des projets non fiables économiquement et non certifiés techniquement.