Signature d’un accord sur un gouvernement d’union nationale en Libye
Une partie des factions qui se disputent le pouvoir en Libye a signé hier sous l’égide des Nations unies un accord initial sur la fin des combats et la formation d’un gouvernement d’union nationale, mais un des acteurs clé du conflit s’est abstenu. C’est à Alger, où se sont réunis les partis politiques libyens le mois dernier, que le principe d’un gouvernement d’union nationale a été retenu.
Les délégués du Parlement élu et reconnu par la communauté internationale, la Chambre des représentants, ont signé l’accord mais le parlement basé à Tripoli, la capitale, le Congrès général national (CGN), a refusé de participer aux discussions, qui se tiennent à Skhirat, au Maroc.
Aube de la Libye, une alliance armée, s’est emparée de Tripoli il y a un an et a déclaré ses propres institutions, avec le CGN pour parlement, après avoir chassé les autorités légales vers l’Est.
« Nous sommes toujours dans le dialogue, mais nous ne comprenons pas vraiment pourquoi cette précipitation à signer avant l’accord de toutes les parties », a déclaré Mouafak Haouas, qui représente le CGN au Maroc.
Certains représentants de municipalités à Tripoli et de la ville de Misrata, alliée à Aube de la Libye, ont signé l’accord.
La proposition de l’Onu prévoit un gouvernement d’union nationale pour une durée d’un an qui serait dirigé par un Premier ministre et deux adjoints. S’agissant du pouvoir législatif, il serait attribué à la Chambre des représentants, le Parlement élu et reconnu par la communauté internationale, ce à quoi s’oppose le CGN.
« Cet accord apportera une étape, une étape importante, sur la route de la paix en Libye », a déclaré l’émissaire spécial de l’Onu pour la Libye, Bernardino Leon, lors de la cérémonie de signature à laquelle participaient des diplomates arabes et occidentaux.
« Ces accords dessinent les principes : les institutions et les mécanismes de prise de décision pour compléter la transition et ce jusqu’à l’adoption d’une nouvelle constitution », a-t-il poursuivi.
Les représentants du parlement de Tripoli étaient les grands absents de cette réunion. Mardi, ils avaient rejeté en l’état la quatrième mouture de la proposition d’accord qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale et la tenue de nouvelles élections.
« Du progrès a été accompli, mais un travail crucial doit encore être fait », a reconnu l’émissaire onusien, en référence à l’absence de la délégation de Tripoli. Mais Bernardino Léon laisse « la porte ouverte » à « ceux qui n’étaient pas présents » et explique que les points de contentieux qui subsistent pourraient être discutés après la fin du ramadan. « Permettez-moi de mettre en valeur un message : la pote restera ouverte pour ceux qui ont choisi de ne pas être ici », a-t-il ajouté.
Parmi ces points de contentieux figure le souhait des membres du parlement de Tripoli de voir figurer le « respect de la magistrature » dans les accords, une possible référence à la Cour suprême qui avait décidé en novembre dernier d’invalider le Parlement basé dans l’est du pays.
Les membres du parlement de Tripoli « doivent assumer leurs responsabilités et cesser la fuite en avant », a déclaré pour sa part un membre du parlement de Tobrouk, Abu Bakr Baira.
L’émissaire spécial des Etats-Unis pour la Libye, Jonathan Winer, a, quant à lui, minimisé l’absence du CGN. « Il y a seulement quatre délégués qui n’ont pas signé », a-t-il dit. « Ceux qui n’ont pas encore paraphé cet accord ont (encore) l’occasion de monter à bord ».