Sider El-Hadjar dans le rouge  – Le Jeune Indépendant
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Energies

Sider El-Hadjar dans le rouge 

Sider El-Hadjar dans le rouge 

L’usine sidérurgique d’El-Hadjar est-elle en faillite ? Une folle rumeur faisant état de la fermeture du complexe sidérurgique d’El-Hadjar fait actuellement le tour de la ville d’Annaba, faisant craindre le pire à une population déjà mise à mal par les différentes liquidations enregistrées par le passé.

Certains avancent le fait que le complexe a lui aussi été touché par la crise financière, d’autres y voient plutôt un moyen de pression pour favoriser, encore une fois, sa privatisation ou, carrément, sa vente en ferraille, comme l’avait suggéré, avant son départ, ArcelorMittal. Les dernières livraisons en coke, pour une durée de 20 jours, vont bientôt être épuisées et la mise en veilleuse du haut fourneau n°2 n’est pas à écarter. Une situation triste.

Cédé à hauteur de 70% en 2001 à Ispat, avant de devenir ArcelorMittal, pour un dinar symbolique en échange d’un management, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar a été surexploité par son acquéreur avant de le restituer, en 2016, à l’Etat algérien, toujours contre le dinar symbolique, dans un état de vétusté extrême ne répondant plus aux normes admises pour une usine de la taille de celle d’El-Hadjar.

Quinze ans durant, ArcelorMittal a engrangé des milliards de dollars, transférés dans ses banques à l’étranger. Récupéré, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar a été rénové dans le cadre d’un plan de développement pour plus d’un milliard de dollars. Aujourd’hui, l’usine sidérurgique est dans le même état que celui laissé par ArcelorMittal, c’est-à-dire avec des laminoirs chauds et froids, des aciéries à oxygène et un haut fourneau qui tourne très lentement, ou encore est à l’arrêt. Une question primordiale se pose. Qui sont les personnes qui ont été chargées de la rénovation du complexe sidérurgique d’El-Hadjar ? Car au vu de l’état des travaux occasionnés, beaucoup d’installations industrielles du complexe sidérurgique semblent défaillants.

Un « sabotage » flagrant
Afin de ne plus investir en dollars, ArcelorMittal avait décidé la fermeture de la cokerie. Les causes avancées se rapportent à la sécurité des travailleurs parce que les risques d’accident s’étaient multipliés et il se pourrait même, selon certaines thèses développées par l’un des spécialistes, qu’il y aurait eu une explosion de gaz, avec toutes ses conséquences pour le haut fourneau. La fermeture de la cokerie, programmée par ArcelorMittal, était provisoire et non définitive. En attendant que les travaux de rénovation ou de renouvellement de la cokerie soient terminés, ArcelorMittal avait proposé le recours à l’importation du charbon transformé en coke à partir des autres sites de son groupe implanté en Europe ou en Afrique du Sud. Une commission d’experts a même été installée pour évaluer la situation et décider, plus tard, s’il fallait procéder à une rénovation ou à l’achat de nouveaux équipements pour permettre au complexe sidérurgique d’El-Hadjar d’avoir sa cokerie. Mais rien de cela ne s’est concrétisé. La cokerie n’a pas été rénovée et ArcelorMittal, en restant à la tête du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, ne sera qu’un importateur de coke, de rond à béton et de toute la gamme de fer industriel, et ce à travers son groupe implanté à l’étranger. Une question se pose toutefois : lors de la rénovation par l’Etat algérien du complexe sidérurgique d’El-Hadjar, pourquoi a-t-on ignoré la réhabilitation de la cokerie, principale énergie du haut fourneau.

Le complexe sidérurgique d’El-Hadjar est-il en faillite ?
Pour de nombreux observateurs versés dans le domaine de la sidérurgie, le complexe sidérurgique d’El-Hadjar n’est nullement en faillite. C’est une usine de sidérurgie appartenant à l’Etat algérien à 100% et, par conséquent, il jouit de toute la sécurité financière.

Un cadre dirigeant du complexe sidérurgique d’El-Hadjar a déclaré au Jeune Indépendant : «J’ai 35 ans de service, et je peux assurer que le complexe sidérurgique est toujours solvable. Il n’est pas en faillite et il ne le sera pas. Le complexe sidérurgique est victime d’une mauvaise gestion. Les différents directeurs qui ont succédé à la tête du complexe n’étaient pas bien formés dans le domaine de la sidérurgie et n’ont eu aucune mise à niveau avec leurs confrères d’autres pays. On nomme un directeur sur le tas et on le laisse faire comme il veut. De nos jours, on fabrique des produits sidérurgiques peu compétitifs avec les nouvelles normes internationales. Certains de nos produits ont d’ailleurs été refusés à l’étranger. Mais le comble dans tout cela, pourquoi personne n’a pensé à la réfection de la cokerie, dont le coke importé continue d’engloutir nos devises et notre temps».

Du côté du syndicat de l’entreprise du complexe sidérurgique, Azzou Bey a déclaré récemment à la presse : «Non, la situation n’est pas aussi grave que cela. Le complexe ne fera pas faillite, c’est une installation stratégique pour le pays et je vous garantis qu’il continuera à tourner. Ce qu’il y a, c’est que, comme toute entreprise, nous sommes confrontés à des difficultés financières que nous ne pouvons surmonter. La direction du complexe est en contact avec le ministère pour le déblocage de fonds, qui s’élèvent à près de 45,5 milliards de dinars, représentant la deuxième phase du plan d’investissement. Cela nous permettra de souffler un peu et de travailler normalement de sorte à couvrir, progressivement, les besoins du complexe et s’acquitter de nos dettes».

Des déclarations positives mais qui n’ont pas empêché, la semaine dernière, Rédha Belhadj, président-directeur général de Sider El-Hadjar, de déposer sa démission avant de se rétracter à la demande de son syndicat d’entreprise. Pour le moment, le fleuron de notre industrie continue de survivre contre vents et marées afin de préserver au moins l’emploi des 5 200 sidérurgistes que compte le complexe sidérurgique.

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