Ses médecins mobilisés pour sa guérison: Ryma à l’hôpital des grands brûlés de Madrid

C’est une vraie course contre la montre qui a été engagée par des médecins espagnols pour sauver la vie de la jeune Ryma Anane, dont le cas a suscité une vive indignation auprès des Algériens. L’enseignante de 28 ans a été brûlée vive par un prétendant au mariage dont elle avait refusé la demande. Elle se trouve actuellement à l’unité des grands brûlés, au CHU la Paz, à Madrid, l’un des plus réputés hôpitaux public d’Espagne dans cette spécialité.

Hospitalisée dans un état critique à l’hôpital de Tizi Ouzou, la victime, et grâce à l’aide de ses proches et la mobilisation des citoyens, a quitté l’Algérie le vendredi 14 octobre avec son frère, par avion médicalisé, et a rejoint l’hôpital universitaire de La Paz, à Madrid. Une fois son cas stabilisé, la jeune femme sera transférée à l’hôpital Quiron, dans la même ville. N’ayant pas obtenu de visa pour la France, elle a été évacuée vendredi 14 octobre vers l’hôpital de la Paz. Le refus de l’ambassade de France de lui accorder un visa pour des soins d’urgence a suscité l’ire des internautes algériens et non algériens sur les réseaux sociaux.

Les médecins espagnols sont optimistes quant à sa guérison. Toutefois, les brûlures infligées laisseront de grandes séquelles, alors que d’autres nécessiteront de la chirurgie réparatrice. Interrogé sur son cas un porte-parole de l’hôpital a indiqué au Jeune Indépendant que « la patiente algérienne est en soins intensifs car les brulures étaient importantes ».

Le même responsable a précisé que « les organes vitaux de la victime n’ont pas été touchés mais certains parties du corps dont les mains ont subi de graves lésions ».

CHU la Paz

Ce drame, qui a secoué toute l’Algérie, a suscité un élan de solidarité, notamment après l’appel à l’aide lancé par sa famille et ses proches.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, la mère de la victime avait poussé un cri de détresse et lancé un appel aux dons pour aider sa fille Ryma Anane, alors hospitalisée au service des grands brûlés au CHU de Tizi Ouzou. « Ma fille a été brûlée. Elle a besoin d’aide de toute urgence car c’est son ennemi qui l’a brûlée », a-t-elle lancé expliquant que son cas nécessitait plusieurs interventions pointues.

Cet appel a été relayé par des associations, des militantes féministes ainsi que des personnes qui ont connu la victime. Des organisations de défense des droits de la femme appellent les hautes autorités du pays à sévir fortement contre les auteurs de ce genre de violence et de meurtre, ainsi qu’à criminaliser le féminicide.

Ces mêmes organisations ont rappelé que, selon l’article 40 de la Constitution, l’Etat s’engage à protéger les femmes contre toutes formes de violences exercées dans les trois sphères, publique, privée ou professionnelle.

Pour rappel, les faits du drame se sont déroulés le 26 septembre dernier, dans la wilaya de Tizi Ouzou, plus précisément dans la commune de Makouda. Cette enseignante, tout juste diplômée de l’école d’ingénieurs Polytech de Nantes depuis juillet 2022, attendait le bus dans le village d’Aït Farés pour se rendre à l’école privée Assalas de Tizi-Ouzou où elle enseigne le français. Soudain, elle a été attaquée par un son voisin qu’il la d’abord aspergé d’essence avant de la brûler vive à l’aide d’un briquet, la transformant en torche humaine devant les regards ébahis des passants. La raison est d’avoir dit « non » à sa demande en mariage.

Elle faisait l’objet, durant plusieurs jours, de pressions de la part de cet homme. «Ryma voulait aller en France pour suivre une formation. [Son agresseur] n’a pas accepté qu’elle parte, alors il l’a menacée. Il la suivait jusqu’à son école», selon ses proches qui ont ajouté que son agresseur s’est rendu lui-même à la gendarmerie, et a été placé en détention.

Ces histoires d’agressions commises contre des femmes par des hommes qu’elles ont rejetés deviennent, malheureusement, trop fréquentes, notamment dans le monde arabe. Des incidents similaires à celui de Ryma se sont produits au mois de juin dernier en Jordanie, aux Emirats arabes unis, en Tunisie et en Egypte.

De ce fait, il est impératif de prendre au sérieux le problème du féminicide, qui est répandu un peu partout dans le monde et qui entraîne, à court et à long terme, de graves problèmes de santé physique et mentale pour les femmes.