Sedjati, l’hirondelle qui annonce le printemps ?

En voilà un, un vrai champion en devenir, qui sait ce qu’il veut. Savait ce qu’il fallait faire. Avancer sans regarder derrière. Oublier par exemple les JM, où il a fait d’ailleurs sensation en décrochant l’or, et passer à plus important. Une étape plus prestigieuse, les Mondiaux et leur audience planétaire. Une grande porte qui s’ouvre pour un athlète sûr de son talent. Une clef en argent en attendant l’or. Dans ses cordes ? Plus que sûrement
Il a fait très chaud dans la journée de samedi. Difficile de trouver le sommeil. D’autant plus vrai qu’un taux d’humidité exceptionnel n’arrangera pas les choses, la « clim » fonctionnant à fond. Tant qu’à faire, et comme chaque soirée à le sien, un clou attendait le peuple algérien qui avait l’esprit tourné vers la ville d’Oregon (USA) et son Mondial d’athlétisme arrivant à son terme sur une note plutôt décevante pour un athlétisme algérien resté dans ses starting-blocks.
Un bouquet final avec le baisser de rideau et pas la trace, jusque-là, du moindre fait marquant en DZ à part peut-être la qualification (un exploit en soi déjà), contre toute attente, pour la finale du « 800 mètres », du duo Moula- Sedjati qui nous avait promis d’emballer, à défaut (à l’impossible il était tenu notre tandem chic et choc que ses adversaires en demies n’avaient pas vu venir) de monter sur le podium.
Histoire de rester calme, concentré, ne pas trop s’enflammer, évacuer la trop forte pression, l’enjeu (la finale) étant de taille. Ne pas rater son rendez-vous avec l’histoire et tenter le coup. En allant au bout des espoirs nés d’une demi-finale courue en grands, s’imposant en champions potentiels.
Les Algériens, écrasés, comme le reste du monde, par une chaleur suffocante et annoncée dans la durée, avaient, en cette mémorable soirée, de quoi tenir leur mal en patience. De quoi patienter, deux de leurs compatriotes, avaient, des USA, quoi leur offrir : une place sur le podium. Deux heures (heure algérienne) pile du matin. Tant qu’à faire, surtout que l’exploit était là. Possible. Moins de deux petites minutes, le petit matin n’est pas loin, et le tour sera joué.
En direct d’Eugène, après quelques frayeurs vite dissipées, un maillot vert, perdu dans le peloton, prend son destin en main et s’en va mener une course poursuite contre le super-favori kenyan et désormais maître de la distance, à quelques encablures de la ligne d’arrivée.
Un coup d’accélérateur, un finish de rêve et voilà le récent médaillé d’or des JM d’Oran qui sème son monde en s’accrochant aux basques de l’intouchable (ce sera pour une autre occasion, en 2024 à Paris peut-être et des Jeux Olympiques où il devrait constituer une des attractions, voire un des favoris au titre suprême) avant de terminer dans ses pointes, ratant de peu un énorme exploit. 1’44″14 et l’argent en prime. Comme ce fut long. Interminable pour les couche-tard et tous ceux qu’une météo peu clémente a rendus, malgré eux, insomniaques.
Le rêve éveillé qui se réalise et le Canadien Marco Arop, qui ne l’a pas vu venir, a dû sentir le souffle de l’Algérien dans son dos lors de l’incroyable accélération qui le mènera à une place de dauphin, et fera contre mauvaise fortune bon cœur, en se contentant du bronze. 1’44″14. L’image qui se fige.
A remonter le temps. A cette fameuse soirée parisienne (Saint-Denis, championnats du monde 2003), il y’a presque vingt-ans, quand un certain Said Djabir Guerni, sur la même distance, au détour d’une finale époustouflante, prendra ses jambes à son coup avant d’aller semer tout le gratin (de grosses pointures habitués des records en tout genre) aligné sur le départ avant de terminer avec le vermeil autour du coup et l’emblème national au dos.
En 1’44″14 et une course presque parfaite, Djamel Sedjati, une des étoiles montantes du demi- fond mondial (l’athlétisme algérien, orphelin comme on le soulignait, de Makhloufi qui doit au demeurant applaudir la performance de son cadet, a peut-être trouvé sa prochaine locomotive) a fait le travail.
En pro. En « vieux » briscard malgré son inexpérience à ce niveau. De l’argent pur. Mérité. Qui annonce d’autres conquêtes en compagnie de ses deux camarades, Moula, arrivé 5e dans cette finale historique et qui pouvait aspirer à mieux, et le malheureux Hathat, dont l’aventure s’est arrêtée en quarts non sans laisser une bonne impression qui augure d’une carrière à la mesure d’un talent certain.
Sedjati, quelles seront lourdes ses nouvelles responsabilités d’assumer son statut de vice-champion du monde et cette mission encore plus délicate de reprendre le flambeau du même Makhkloufi qui a su, à chaque fois qu’il le fallait, sortir des « miracles » à hauteur des immenses potentialités qui ont fait de lui, tour à tour, un champion du monde et un champion olympique respecté. La fierté de tout un peuple.
Dans l’édition de dimanche, nous nous désolions, et les spécialistes avec, de la nécessité d’oublier les JM et de regarder devant. Se remettre au travail en se focalisant sur les moyens à mettre en œuvre et les talents en mesure d’écrire l’avenir.
Capables de redorer le blason d’une discipline jamais avare en talents. Les jeunes de demain ravis, on s’en félicite, de trouver un modèle.
Un exemple à suivre, une motivation supplémentaire. De travailler. Tout court. Sedjati- Moula- Hathat. Un trio qui vaut plus que l’argent du premier. Trois noms à se faire sur la route de la gloire.
Une page vient de s’écrire sur les terres, les USA, où l’athlétisme, comme le basket, le football américain et le baseball, est une seconde « religion ».
Une hirondelle qui annonce le printemps par une soirée estivale caniculaire ? On en redemande. Merci de nous aider à espérer.
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