Saison estivale : La mafia des plages impose son diktat

Comme à chaque saison estivale, les autorités rassurent et promettent aux estivants la gratuité des plages et donnent des instructions, qui ne sont apparemment pas respectées sur certaines plages de la wilaya de Boumerdès.
Des jeunes gèrent la plage comme bon leur semble et accaparent des espaces, provoquant une grande gêne chez les estivants. Gare à celui qui ose s’installer près de ces tables ! Comme dans les aires de stationnement dans les villes, l’anarchie s’installe sur les plages publiques. Le règne de l’informel est partout.
Depuis des années, l’accès à de nombreuses plages est devenu payant. Que ce soit de façon directe, à travers la demande de s’acquitter d’un droit d’entrée, ou de façon indirecte en faisant payer toute une série de prestations qui conditionnent les estivants. Ces jeunes exploitants sont là, au niveau de certaines plages de la wilaya de Boumerdès, à dicter leur loi à des estivants qui n’ont d’autre choix que d’obéir de peur de représailles ou de violences, car ces jeunes activent en groupes et sont souvent armés.
Même si le phénomène a connu un peu de recul par rapport aux années précédentes, les squatteurs réinstallent carrément des tables et des chaises de façon à ne pas laisser de place aux gens qui amènent avec eux leur propre parasol. Des accrochages éclatent entre ces squatteurs et les estivants qui estiment avoir le droit de s’installer où ils veulent.
Au niveau de la plage Rocher pourri, zone rurale située à quelques kilomètres de la commune de Boumerdès, nous pouvons constater un alignement de tables, de chaises et de parasols, serrés les uns à côté des autres, ne laissant aucun centimètre d’intimité entre les estivants.
Rencontrées sur place, les familles regrettent cette situation on ne peut plus gênante.
Les tarifs varient entre 1 000 et 1 500 dinars pour un parasol, une table et 4 chaises. « En plus du versement d’une somme pour le stationnement de nos véhicules, on se trouve obligé de louer un parasol et des chaises à 1 200 DA.
Franchement c’est trop ! Ces jeunes font la loi », s’est indigné un père de famille rencontré à l’entrée de cette plage. Ce monsieur s’apprêtait, en effet, à faire demi-tour pour aller ailleurs et profiter de la baignade gratuite. « Regardez, il n’y a aucune place pour planter notre parasol. Les leurs sont déjà plantés et accaparent toute la surface susceptible de nous intéresser », a-t-il déploré.
Effectivement, il n’y avait que les endroits situés loin du bord de la mer qui étaient disponibles. Et cela n’est guère souhaitable pour les parents qui veulent garder un œil sur leurs enfants.
« Pour se permettre d’avoir une bonne place, il faut arriver à six heures », confie au Jeune Indépendant un père de famille venu de Boudouaou, avant d’ajouter : « Je me suis déplacé vers cette plage vu sa bonne réputation. Mais là, il y a trop de monde et on ne trouve pas de place pour mettre notre parasol. On est obligé de louer ».
Arrivant avec un parasol sous le bras, un père de famille apprend au Jeune Indépendant qu’il est obligé de planter son parasol à l’arrière puisque tous les espaces sont occupés par des parasols de location. « Je me demande comment je vais surveiller mes enfants pendant qu’ils se baignent », s’est-il inquiété.
Si certains vacanciers se plaignent du harcèlement de ces groupes de plagistes, d’autres, par contre, trouvent le concept très intéressant. C’est le cas de cette mère de famille qui estime qu’il est plus pratique de ne pas se surcharger en équipement de plage. « Il est inutile de transporter le parasol et les chaises quand on a à notre disposition tout ce qu’il faut », a-t-elle témoigné.
Malheureusement, peu de plages n’ont pas été envahies par ces squatteurs. A l’exemple de la plage de la ville de Boumerdès. Contrairement aux autres plages, celle-ci n’a pas été submergée par les parasols de location, excepté quelques parasols posés par terre destinés aux estivants qui ne prévoient pas le nécessaire.
La Gendarmerie nationale traque les exploitants illégaux
Pour leur part, les services de la Gendarmerie nationale lancent, à chaque saison estivale, des opérations d’assainissement de différentes plages du pays, et ce dans le but de mettre fin aux activités illégales pratiquées par des jeunes louant des parasols, des chaises et des tables aux estivants.
Cette année encore, les éléments de la Gendarmerie nationale, ont enregistré depuis le début de la saison estivale, soit du 17 juin au 17 juillet, 97 affaires qui ont abouti à l’arrestation de 60 personnes. Ces dernières ont été dirigées vers les autorités judiciaires compétentes de la région concernée.
Dans le cadre de la lutte contre l’exploitation illégale des parkings, les services concernés ont enregistré 75 affaires à travers toutes les villes côtières du pays, à savoir certaines plages des wilayas d’Alger, Tipasa, Chlef, Boumerdès, Béjaïa, Aïn Témouchent et Oran.
Pour ce qui est des terrains de camping illégaux, les unités de la Gendarmerie nationale ont enregistré 60 affaires. Il s’agit de 50 affaires dans la wilaya de Chlef et 10 à Aïn Témouchent.
L’opération, menée par les éléments de la Gendarmerie nationale durant cette même période, s’était soldée par la saisie de 4 232 chaises, 1 160 tables en plastique, 1 581 parasols et 47 tentes. Par ailleurs, il convient de noter que ces opérations visent à lutter contre l’exploitation illégale des plages. Elles ont pour but également d’assurer la sécurité des vacanciers tout au long de la saison estivale 2022.
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