Saâdani s’accroche vaille que vaille
Les partis politiques sont en ébullition. En ces périodes de turbulence, l’orage gronde dans les chaumières des états-majors politiques. La succession au RND est peut être amorcée. Les adversaires de Saâdani saisissent la justice pour empêcher la tenue du 10e congrès du FLN.
La CNLTD prépare un congrès retentissant. Les partis politiques sont en ébullition depuis quelques jours. Muet depuis les révélations faites par des membres du secrétariat national, le SG du RND, Abdelkader Bensalah, s’est exprimé, jeudi dernier, sur cette question : « Je sais que vous êtes ici pour vous informer de ce qui se passe au sein du parti », a-t-il dit. Bensalah reconnaît qu’ »une situation anormale » règne au RND. « Les événements se sont accélérés ces derniers jours, mais personnellement je n’ai officiellement reçu rien de concret », dit-il.
« J’entends des informations, je n’ai pas les éléments qui confirment ou démentent tout ce qui se dit », poursuit-il, allusion à la pétition signée par les cadres du parti dans les 48 wilayas exigeant son départ et son remplacement par Ahmed Ouyahia.
Bensalah affirme, néanmoins, qu’il se donnera « quelque temps avant de réagir et de prendre une décision ». Mais il atteste que « l’intérêt du parti et sa stabilité passent avant tout ».
En fait, Bensalah, en bon patriote, est prêt à céder sa place à Ahmed Ouyahia dès le prochain conseil national prévu le 10 juin prochain. Mais d’ores et déjà on murmure une probable démission de Bensalah avant la tenue de ce rendez-vous annuel. Elle pourrait intervenir dès cette semaine, indique une source proche d’Ouyahia.
Le SG actuel pourrait rendre publique sa démission dans les jours à venir, dit-on encore.
Et ce sera à Ouyahia, qui sera plébiscité avant la tenue du conseil national, de présider les travaux du prochain conseil national, ajoute la source qui précise que lors de cette rencontre des recommandations seront prises en rapport avec la révision de la Constitution. Le RND militera pour l’introduction d’un poste de vice-président lors de la prochaine révision de la Constitution.
Le FLN, quant à lui, vogue au gré des circonstances. Son SG, Amar Saâdani, ne lâche par prise. Le groupe emmené par Belayat a déposé mardi dernier une lettre d’opposition auprès du ministère de l’Intérieur pour l’annulation du 10e congrès prévu les 28, 29 et 30 mai à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf.
Le parti a déjà avancé dans ses préparatifs puisque cinq projets de motions (politique générale, celle des élus, celle de l’élargissement du parti, celle des référents idéologiques, et enfin celle du programme économique, social et culturel) ont été exposés dans ses grandes lignes sur son site électronique. Ils seront débattus lors des travaux du congrès. Des jours difficiles pour le parti de Saâdani qui continue de faire cavalier seul.
L’opposition en ordre dispersé
La CNLTD, à travers son instance nationale de suivi et de concertation (ISCO) et le Pôle des forces du changement emmené par Ali Benflis, président de Talaou Houriet non encore agréé, s’est réunie jeudi dernier pour faire le point sur la situation politique du pays et aussi aborder les préparatifs du sommet de chefs de parti et de personnalités dont la date n’a pas encore été fixée.
Une seconde réunion prévue le 6 juin prochain au siège du MSP devrait décider de la date du congrès.
Le FFS, qui a échoué dans sa tentative de rassembler le pouvoir et l’opposition dans une même rencontre autour d’un consensus a sorti hier l’artillerie lourde pour s’attaquer frontalement à la CNLTD et au… pouvoir. Le premier secrétaire du parti, Mohamed Nebbou, a mis dos à dos la CNLTD et le pouvoir dans l’échec de son initiative.
A partir de Kherrata, il a affirmé que l’Algérie vit « une crise de régime » et non « pas une crise de personne », allusion au président Bouteflika : « La maladie est celle d’un régime, pas d’une personne », a déclaré Nebbou qui estime que la situation en Algérie « n’est pas loin de celles du Yémen, de la Syrie, de la Libye et du Mali ». « Face à ces menaces, on retrouve un régime têtu qui ignore les dangers, et dont le seul souci est la protection de ses intérêts et de fixer des lignes rouges, quitte à ce que cela conduise à l’anarchie, celle-là fabriquée par le nouvel impérialisme », déplore-t-il.
Et à l’ endroit de la CNLTD, Nebbou indique : « D’autre part, on retrouve une partie de la classe politique dont le souci est l’élection présidentielle anticipée et la mise en place d’une structure indépendante pour l’organisation de l’élection, comme si le problème était circonscrit à une personne.
Combien de présidents se sont succédé au pouvoir sans qu’aucun d’eux n’ait réussi à sortir l’Algérie de sa situation d’État incapable politiquement, économiquement et socialement », affirme Nebbou qui, décidément, n’a pas encore digéré son échec cuisant. Depuis le retrait de son leader, Hocine Ait Ahmed, malade, le FFS donne cette image d’un bateau ivre qui tangue au gré du vent et des récifs.