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Nationale

Saâdani perd une manche

Saâdani perd une manche

On pourrait bien dire que c’est le premier revers politique pour Amar Saâdani, le bulldozer du FLN. Le patron du vieux parti ne cessait depuis deux ans de broyer ses adversaires, un à un, grâce aux soutiens précieux de la sphère présidentielle et favorisé par une conjoncture très clémente et avantageuse.

Son échec est venu de son propre parti, en l’occurrence du président du FLN lui-même, c’est-à-dire du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika. En effet, dans une lettre signée par le président du parti, le secrétaire général du FLN est instruit de faire jouer la « démocratie » dans le choix des députés aux postes des structures et organes de l’Assemblée populaire nationale.

Alors que le dernier congrès lui a octroyé des prérogatives élargies dans la désignation des parlementaires, notamment aux postes de la vice-présidence de l’hémicycle, voilà que Bouteflika, en tant que premier responsable politique et autorité organique, l’oblige à revoir ses plans et à laisser faire le vote interne et à bulletins secrets.

Depuis une quinzaine de jours, les observateurs s’attendaient à un bras de fer musclé entre Saâdani et son farouche opposant, le député sétifien Bouchareb. Ce dernier n’a pas hésité à écrire à Ould Khelifa, le président de l’APN, pour lui signifier le caractère « illégal » du mode de désignation, une pratique qui s’oppose frontalement avec l’esprit du dispositif du règlement intérieur de l’APN, qui stipule que les bénéficiaires des postes de vice-président ( neuf au total dont cinq échoient au parti majoritaire), et les postes de président de commissions spécialisées ( une douzaine) devraient être désignés sur la base des urnes au niveau du groupe parlementaire.

Et comme il existe au sein du FLN quelque 217 députés tous plus ou moins ambitieux et désireux de briguer des postes bien placés et bien sucrés, et dont plusieurs dizaines ne sont pas en odeur de sainteté avec la direction politique actuelle du parti, la question est des plus complexes. Il est vrai que Saâdani cherche surtout à maîtriser le seul appareil qu’il ne domine pas encore, car sa composante est issue des législatives de mai 2012 et dont la grande majorité a été triée par Belkhadem, son prédécesseur, accusé aujourd’hui de tous les maux.

Il aurait bien pu imposer Djemaï, le milliardaire de Tébessa, comme chef du groupe parlementaire, mais celui-ci n’a pas une grande popularité ni une vraie emprise sur ses homologues pour pouvoir les influencer ou les manager politiquement. Certains récusent même la qualité de militant FLN à Djemaï, en raison de son passé politique, puisqu’il fut d’abord un cadre de l’éphémère Mouvement national pour la concorde et le développement qui a été créé par le général Attaïlia au début du premier mandat de Bouteflika.

Djemaï n’aura obtenu la casquette de député (c’est son troisième mandat de suite) que grâce à sa liste d’indépendant et surtout à sa forte campagne de proximité et à sa politique caritative ou humanitaire dans sa région. Il y a seulement quatre ou cinq ans qu’il a émis le souhait d’intégrer le FLN. Quoi qu’il en soit, la reculade de Saâdani constitue un revers pour le député de Tébessa alors qu’il s’évertuait depuis des mois à courtiser ses collègues au Parlement.

Car, il semble bien que le mode du scrutin à bulletin secret sera un véritable casse-tête pour l’état-major du FLN. Aucun calcul n’est possible, tant une bonne partie de ces députés n’ont jamais été de fervents supporters de la venue de Saâdani à la tête du parti.

Dans l’entourage du SG, on explique cette décision (ou instruction) de Bouteflika par sa volonté de maintenir une fragile homogénéité au sein du groupe parlementaire, de garder une certaine sérénité au sein du parti majoritaire, alors que le FLN s’apprête à lancer son projet politique de front élargi de soutien au programme du Président et surtout à entériner par la voie parlementaire l’autre projet celui de la révision de la Constitution.

Il serait vraiment incongru et maladroit politiquement pour Saâdani de jouer au fédérateur, alors qu’il se comporte comme un « dictateur » ou un anti démocrate dans la gestion des affaires internes de son parti. Enfin, il serait curieux de connaître l’issue des élections pour le renouvellement des instances de l’APN afin de mesurer la vraie popularité et l’emprise de Saâdani sur le FLN.

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