Saâdani élimine les rebelles
Avant de se rendre aux Lieux Saints pour accomplir le pèlerinage avec sa femme et son fils, le secrétaire général du FLN n’en finissait pas d’en découdre avec ses adversaires.
Après avoir reporté la date de la session du Comité central au 3 octobre prochain, Amar Saâdani a pris, avant son départ pour la Mecque, plusieurs décisions importantes.
D’abord, la fixation d’une date pour le renouvellement des instances de l’APN, notamment les cinq postes de vice-présidents du Parlement qui échoient au FLN, en principe le 30 septembre.
Ensuite, une rencontre est prévue avec le groupe parlementaire, le jour même ou la veille de ce renouvellement, qui sera suivie directement par un rendez-vous avec les dizaines de mouhafedhs ou commissaires régionaux du parti. Selon nos sources, même l’ordre du jour des travaux de la session du CC est ficelé et devrait comprendre aussi bien des points politiques qu’organiques.
Il s’agirait surtout d’une motion de soutien aux récentes décisions du président Bouteflika qui ont touché des postes au niveau de l’institution militaire, de l’adoption de la liste du bureau politique qui devrait comprendre dix-neuf membres ( aucun nom de ministre n’est avancé) et dont une bonne douzaine de noms ont fuité, ainsi que la création par le CC de plusieurs commissions spécialisées chargées d’aider la direction politique du parti à concrétiser son plan annuel ou son programme de redéploiement.
D’ailleurs, on affirme que parmi ces nouvelles commissions, il y aura la désignation des membres qui devront animer les travaux de la commission de discipline, l’ancienne étant présidée par un cadre octogénaire vivant à Médéa et fidèle à l’ex-SG Abdelaziz Belkhadem.
Cette commission n’a jamais voulu s’immiscer dans des histoires de luttes, en dépit des « sommations » et autres « instructions » de Saâdani, sauf dans certains cas isolés. Or, la bataille juridico-politique et organique qui a suivi l’intronisation de Saâdani à la tête du FLN devait mettre au-devant de la scène cette commission de discipline.
C’est sans doute l’un des objectifs stratégiques de Saâdani depuis la fin du dixième congrès de juin dernier : actionner cette commission pour écarter définitivement aussi bien les députés rebelles que les cadres militants adversaires.
La prochaine session ne devrait pas empêcher Saâdani d’accomplirsa mission « d’assainissement » des rangs du parti de ses plus farouches opposants.
Déjà, on annonce que treize députés sont inscrits sur la liste noire, dont trois viennent de connaître leur sort. Il s’agit du député Abdesselam Bouchareb de Sétif, le trouble-fête qui refusa crânement le mode de désignation et préféra le choix des urnes à bulletin secret, de Malika Foudhil qui signa des pétitions à l’encontre de Saâdani, et d’un autre qui semble avoir rejoint le parti d’Ali Benflis.
Ces trois-là sont « interdit » de vote et ne pourront pas présenter leur candidature le jour du renouvellement des instances parlementaires, bien que Bouchareb assure que le règlement intérieur de l’APN annihile toutes ces décisions du FLN.
Celui-ci sait également que le dernier congrès a clairement offert dans la révision des dispositifs des statuts du parti et des prérogatives du SG le droit au secrétaire général de désigner les vice-présidents qui assisteront le troisième homme de l’Etat, le président de l’APN.
Quoi qu’il en soit, il semble bien que le patron tout-puissant du FLN a balisé le terrain bien avant son retour du pèlerinage, préparant son coup et surtout réduisant à néant les soubresauts de ses adversaires, que ce soit les chefs du mouvement de redressement de Abada, du clan Belkhadem ou de Belayat.