Riyad a éliminé le pion Hariri

Saad Hariri a annoncé sa démission dans des conditions les plus « humiliantes » qui soient : à Riyad et sur la TV d’État saoudienne. Sa carrière politique prend tristement fin, selon les analystes.
Les commentaires fusent de toute part à peine quelques heures après la démission éclair du Premier ministre libanais, Saad Hariri. Alors que le Liban « politique » se dit scandalisé par le fait que l’homme ait choisi Riyad et non pas Beyrouth pour annoncer sa décision, l’analyste libanais Amin Hoteith évoque d’intenses pressions exercées sur Hariri ces dernières semaines.
Traité de « froussard » par les autorités saoudiennes, Hariri faisait l’objet d’une « violente campagne médiatique » en Arabie saoudite qui l’accusait de « complicité avec la Résistance ».
Selon Hotheith interrogé par Al-Alam, Hariri « aurait même été menacé de mort par les Saoudiens » qui n’hésitaient pas lors de leur rencontre en tête-à-tête à « l’insulter » et à « l’humilier ». Fils de Rafiq Hariri, Saad s’est vu ainsi « refuser le droit de repartir chez lui (au Liban) pour présenter, ainsi que le veut la Constitution libanaise, sa démission ».
Dans son annonce, Hariri dit très clairement se trouver « dans une situation identique à celle qui a précédé la mort de son père ». Selon cet analyste, les Saoudiens ont décidé d’écraser sous leurs pieds « un pion » qui ne servait pas comme il fallait leurs intérêts.
Pour lui permettre de rester en Arabie saoudite, Riyad aurait même demandé à Hariri d’« attaquer violemment l’Iran et le Hezbollah » dans son discours annonçant sa démission.
« Iran : Hariri n’a pas les gênes de son père »
L’Iran qui a réagi, par la voix du conseiller du ministre des Affaires étrangères Hussein Cheikh al-Islam, estiment que Washington et Riyad sont derrière cette « démission ».
« Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite œuvrent de concert pour envenimer la situation au Liban et dans la région après la défaite de Daech et l’échec des Etats-Unis dans la région », a-t-il dit l’ors d’un entretien avec la télévision libanaise al-Mayadeen TV.
M. Hariri s’en est violemment pris à l’Iran dans l’allocution télévisée prononcée pour annoncer sa démission, l’accusant de semer les divisions là où il se trouve et de vouloir extraire le Liban de son environnement arabe.
« Cela fait 40 ans qu’ils répètent leur position de vouloir briser la puissance de l’Iran dans la région et ne parviennent pas », a ajouté M. Cheikh al-Islam, émettant l’espoir que M. Hariri puisse jouir de la sagesse de son père.
« Mais apparemment, il n’a pas hérité de lui ces gênes-là », a-t-il taclé. Selon lui, si M. Hariri avait du respect pour le peuple libanais, il aurait démissionné depuis le Liban et non pas depuis Riyad.
Et de conclure : « Nul doute que cette démission s’inscrit dans le cadre des arrangements dictés par le président américain Donald Trump et le prince héritier Mohamad Ben Salmane. « Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite et leurs alliés veulent compenser les pertes qu’ils ont essuyées dans la région, mais n’y parviendront pas », souligne Téhéran.
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