Révision de la Constitution : Un second round ?
Y aura-t-il un deuxième round des consultations pour la révision de la Constitution ? C’est apparemment la question que se posent des milieux politiques de l’opposition, ainsi que des sphères liées au pouvoir.
Alors que tout le monde pensait que le forcing de Ouyahia, qui avait lancé ces consultations au mois de juin dernier, allait aboutir, voilà que la question est passée sous silence depuis.
Des observateurs attendaient le fameux rapport de synthèse des consultations vers la fin du mois d’août. Vainement. Car, aux dires de certaines sources, le pouvoir aurait compris que la question serait un véritable échec si toutes les parties étaient exclues, d’autant que le président Bouteflika cherchait, à travers ce chantier, à fédérer toute la classe politique ou au moins ses trois-quarts, à les remobiliser autour d’un consensus politique.
Or, le niet répété de la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique, ainsi que l’incertitude ou la suspicion affichée par d’autres pôles de l’opposition, ont complètement remis sur la table le projet de la révision de la Constitution. Pour beaucoup d’analystes, le chantier lancé par le chef de l’Etat au lendemain de la présidentielle, était une option afin de distancer le débat national ouvert par l’opposition sur la révision de la Constitution.
La révision de la Constitution était une belle parade pour sauver la face et mettre en « isolation politique » l’opposition recroquevillée dans une coordination nationale, et qui cherchait encore ses marques. Des consultations qui venaient tout juste à temps pour brouiller le tableau de l’après-présidentielle et ses polémiques naissantes.
Le candidat malheureux Ali Benflis aurait bien tenté de lancer des menaces, comme le livre blanc sur la fraude ou la création de son parti politique, il ne fera pas grand chose, tout comme les anciens chefs de gouvernement Hamrouche et Ghozali, qui cherchaient à briser l’étau médiatique avec leurs thèses, l’un sur l’implication éclairée de l’ANP dans une transition démocratique en douceur, l’autre sur la mise en place d’une période de transition institutionnelle.
En fait, il semble bien que le projet d’Ouyahia soit tombé à l’eau, ou reporté pour les besoins de la cause. Questionné sur ce silence et sa synthèse attendue, le chef de cabinet de la Présidence dira que le document est entre les mains du Président.
Il y a bien une confusion ou un recul quelque part de la part du pouvoir. Sinon comment expliquer que trois pôles importants parmi ceux qui comptent dans ses forces politiques alliées et amies revendiquent aujourd’hui ouvertement le lancement d’un second round ? Après TAJ de Amar Ghoul, qui suggérait juste un petit report de la révision pour compléter les consultations, voilà que l’ANR de Sahli, ancien ministre qui soutient le pouvoir, lance un appel pour la tenue d’une nouvelle session de négociations, que vite le FLN, sous la houlette de Amar Saâdani, adopte en lançant une nouvelle invitation pour « enrichir le contenu de la Loi fondamentale », appelant l’opposition au dialogue.
Des signes qui ne trompent pas, et qui démontrent une fois de plus deux éléments importants : d’abord que la question de la révision telle qu’elle a été menée est un échec, ensuite que ce chantier pourrait connaître un autre retard et serait reporté sine die. Reste à savoir à qui sera confié le deuxième round des consultations ?