Réunion de Paris sur la Libye: Wait and see

Alors que la situation y est toujours aussi compliquée, une conférence internationale sur la Libye, la deuxième du genre, débutera ce mardi à Paris, qui verra la participation des principaux dirigeants libyens, des Nations-unies et de nombreux pays invités, dont l’Algérie qui participe pour la première fois. Selon l’Élysée, tous les participants à cette conférence parrainée par l’ONU ont donné leur accord pour signer une déclaration qui fixe le cadre d’un processus politique.
Celui-ci prévoit d’une part la tenue d’élections législatives et présidentielle, si possible d’ici la fin de l’année et d’autre part, l’évolution des institutions. Cette déclaration devrait recevoir le quitus des acteurs impliqués dans ce dossier, comme Ghassan Salamé, le chef de la mission de l’ONU en Libye ou Denis Sassou-Nguesso, le président congolais qui dirige le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye. Tous les acteurs impliqués dans le dossier seront donc autour de la table : des principaux responsables libyens à ceux de l’ONU et de l’UA en passant par les représentants de 19 pays, dont les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Turquie. L’Algérie sera présente pour la première fois à cette rencontre à travers son Premier ministre Ahmed Ouyahia. Le président Bouteflika a désigné le Premier ministre pour le représenter à cette conférence, à laquelle le chef de l’Etat a été invité par son homologue français Emmanuel Macron, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. Fait inédit, le ministre en charge du dossier libyen, Abdelkader Messahel, n’accompagnera pas le Premier ministre à Paris. Le ministre des AE a été chargé par le chef de l’Etat de porter aujourd’hui à Bamako un message du président Bouteflika au président malien Ibrahim Boubacar Keïta. La participation d’Ouyahia à la conférence de Paris intervient une semaine après la réunion tripartite (Algérie, Tunisie et Égypte) tenue à Alger et présidée par le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, à laquelle ont pris part ses homologues égyptien, Sameh Chokri et tunisien Khémais Jhinaoui. Réticente et sceptique, l’Algérie, avait auparavant officiellement désigné le secrétaire général des affaires étrangères Noureddine Ayadi pour prendre part à cette réunion.
Une désignation qui témoigne de peu de crédit que la diplomatie algérienne accordait à la réussite de cette rencontre dont les dessous sont purement mercantiles. Il a fallu la sollicitation d’Emmanuel Macron auprès de la présidence pour que le chef d’Etat dépêche son Premier Ministre après avoir reçu des assurances de la partie française que toutes les acteurs en conflit soient associés à la résolution de la crise. Cette initiative de Paris regroupera les principaux protagonistes de la crise libyenne, à savoir le chef du gouvernement de la Coalition nationale, Fayez Al-Sarraj, le président du Parlement de Tobrouk, Akila Salah, le chef de l’Armée nationale libyenne, le général Khalifa Haftar et le président du Haut Comité de l’Etat, Khaled El-Mechri. Plusieurs hommes politiques libyens ont mis en garde contre les résultats de la conférence inter-libyenne à laquelle. De plus, le conflit entre El Saraj et le général Haftar est loin d’être résolu. D’ailleurs, un communiqué
du conseil du gouvernement libyen est formel : la présence de Haftar n’est pas souhaitée. Des députés sont contre la participation à cette conférence au moment où la ville de Misrata est absente, alors que les tribus du Sud ne sont pas représentées entièrement. D’ailleurs l’ancien diplomate Ibrahim Guerada prévient contre les conséquences néfastes de cette initiative, qu’il résume par un chaos « immédiat et généralisé » dans la Tripolitaine et une dislocation « irrémédiable » de la région du Fezzan. Selon lui, la mise en œuvre de ces clauses telles que publiées par la presse génèrera « une augmentation des actes terroristes et de banditisme » dans toute la Libye, et notamment à Tripoli et ses environs, et « poussera des pans entiers de la population de ces régions à la rébellion armée ». Les rivaux libyens se sont engagés à signer une déclaration qui fixe le cadre d’un processus politique, processus qui prévoit notamment « la tenue d’élections législatives et présidentielle » si possible d’ici la fin de l’année, un point pour lequel tout le monde n’est visiblement pas sur la même longueur d’ondes.
Côté africain et poussé par Alger, on milite en effet pour « la tenue au préalable d’une conférence de réconciliation », qui serait suivie d’un référendum sur un projet de Constitution avant que les élections n’interviennent. Un scénario qui repousserait à coup sûr le scrutin à 2019. Or, les autres acteurs internationaux, dont la France, veulent des élections le plus rapidement possible. « Il faut tenir compte de réalité sur le terrain, explique Jean-Claude Gakosso, le ministre congolais des Affaires étrangères, les élections « sont sources de tension, il ne faudrait pas qu’elles viennent rajouter de la violence à la violence ». C’est ce message que fera passer Denis Sassou-Nguesso, en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye.
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