Réunion de l’OPEP+ : Vers une baisse de la production

La réunion de ce lundi des ministres de l’Energie des pays membres de l’OPEP+ se déroule dans un contexte assez spécial. Alors que la crise du gaz pointe à l’horizon en Europe après les dernières décisions de Moscou de fermer le gazoducgazoduc Un gazoduc est une canalisation destinée au transport de matières gazeuses sous pression, la plupart du temps des hydrocarbures. Selon leur nature d'usage, les gazoducs peuvent être classés en trois familles principales : 1- gazoducs de collecte, ramenant le gaz sorti des gisements ou des stockages souterrains vers des sites de traitement. 2- gazoduc de transport ou de transit, acheminant sous haute pression le gaz traité (déshydraté, désulfuré, ...) aux portes des zones urbaines ou des sites industriels de consommation 3- gazoducs de distribution, répartissant le gaz à basse pression au plus près des consommateurs domestiques ou des petites industries. Nord Stream 1 et les représailles occidentales sur le plafonnement des prix du brut russe, cette réunion de l’OPEP+ intervient dans un contexte de tension extrême, notamment après deux importantes nouvelles.
La première est la diffusion d’un rapport du cartel, qui révèle que le marché pétrolier aura un léger excédent de seulement 0,4 million de bpj en 2022, soit beaucoup moins que prévu précédemment, en raison de la sous-production de ses membres. La seconde concerne la dernière déclaration de l’Arabie saoudite qui avait suggéré que l’OPEP+ pourrait réduire la production de pétrole.
D’ailleurs, le Comité technique conjoint (JTC), auteur du rapport sur les fondamentaux du marché, suggère que l’excédent du marché pétrolier s’élèverait à 0,9 million de barils par jour dans le meilleur des cas.
Après la réunion, le chiffre a été fixé à 0,4 million de bpj, le groupe ayant décidé d’inclure dans les soldes les chiffres de sous-production significative de ses propres membres.
L’OPEP+ est prête à réduire la production dans un contexte de volatilité du marché à terme du pétrole, alimenté par une liquidité mince et une déconnexion avec les marchés physiques, a déclaré la semaine dernière le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz bin Salman.
Les discussions doivent encore commencer sur la politique de production au-delà de septembre et sur la question de savoir si le groupe de producteurs réduirait sa production.
Les prix du pétrole ont été extrêmement volatils ces dernières semaines. Alors que les commentaires du Prince Abdulaziz ont contribué à propulser les prix à un sommet d’un mois au-dessus de 105 $ le baril lundi, le brut Brent s’est échangé mercredi dernier 10 $ le baril en dessous de ces niveaux, en raison des prévisions de baisse de la demande.
Lors de sa dernière réunion, l’OPEP+ a accepté de relever ses objectifs de production de 100 000 bpj pour septembre, après avoir dénoué les réductions record d’environ 10 millions de bpj qu’elle avait acceptées en 2020 pour aider à contrer l’impact de la pandémie.
Le rapport du JTC indique que la demande de pétrole – qu’il voit augmenter de 3,1 millions de bpj cette année – est confrontée à des incertitudes majeures, notamment en raison de la hausse de l’inflation et du resserrement de la politique monétaire qui grugent le budget des consommateurs.
« La hausse des prix de l’énergie constitue un autre risque pour l’avenir », indique le rapport. « Cette dernière pourrait entraîner une réduction de la consommation plus importante que prévu actuellement, notamment vers la fin de l’année. »
De nombreux producteurs de l’OPEP et de l’OPEP+ n’ont pas la capacité d’augmenter leur production en raison d’investissements insuffisants dans les champs pétrolifères ainsi que de diverses sanctions occidentales dans le cas de l’Iran, du Venezuela et de la Russie.
Par ailleurs, le débat est intense en Europe sur la crise énergétique exacerbée par l’envolée des prix du gaz, qui ont triplé depuis le début de l’année.
La semaine dernière, l’annonce d’une interruption momentanée des livraisons de gaz russe via le gazoduc Nord Stream 1 a même propulsé le cours du contrat à terme TTF néerlandais, référence du gaz naturel en Europe, jusqu’à 342,005 euros le mégawattheure (MWh), à seulement 3 euros du record historique atteint mi-mars aux premiers jours de l’invasion russe de l’Ukraine.
Mais les prix du gaz, récemment poussés à des niveaux stratosphériques, ont incité à chercher des alternatives, poussant par exemple certains pays à renouer avec le très polluant charbon.
Début août, l’Agence internationale de l’énergie avait même revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour la seconde partie de l’année, arguant que les vagues de chaleur et la flambée des prix du gaz avaient déjà incité les pays à changer de combustible pour la production d’électricité.
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