Retour au système scolaire ordinaire : Les inspecteurs exigent de nouvelles normes
La décision du ministère de l’Education nationale de retourner vers l’ancien système d’enseignement adopté avant la propagation de la Covid-19, à partir de l’année prochaine, a été rejetée par l’ensemble de la famille éducative ainsi que par les parents d’élèves.
Les inspecteurs et directeurs d’établissements scolaires des trois paliers d’enseignement ont exprimé leur refus catégorique d’un retour au système scolaire ordinaire à la prochaine rentrée scolaire, à moins que ne soient appliquées de nouvelles normes et conditions. Ils ont, en effet, exigé de maintenir le nombre de 25 élèves par classe, sans pour autant compromettre le volume horaire, et plaident pour la programmation des cours de rattrapage avec de nouvelles normes pédagogiques pour élever le niveau des élèves faibles. Les inspecteurs de l’éducation et de l’enseignement se préparent à remettre un «document de propositions» comprenant une liste de mesures concrètes.
Celui-ci accompagnera la décision du ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, d’annuler le dispositif de scolarisation exceptionnel adopté pour deux saisons scolaires et revenir à l’adoption du système scolaire ordinaire. Les inspecteurs ont suggéré de garder les avantages du «système de groupe» au lieu de l’abolir définitivement, à condition que ne soient appliquées de nouvelles normes et conditions à partir de la rentrée prochaine, notamment en conservant les classes pédagogiques typiques de 25 ou 30 élèves au maximum.
Dans le même document, qui sera soumis à l’Inspection générale du ministère de l’Education, lequel, à son tour, le soumettra au premier responsable du secteur, ces inspecteurs ont mis en garde contre la compromission du volume des matières approuvé pour les deux saisons précédentes, c’est-à-dire maintenir la réduction sans recourir à une augmentation des heures d’enseignement, et ce afin de réduire la pression aussi bien sur les élèves que sur les enseignants et éviter les heures supplémentaires qui pourraient alourdir les enseignants, d’autant plus que leur coût financier est très faible.
Les inspecteurs ont également proposé le retour à la programmation des «cours de rattrapage», destinés aux élèves qui avaient des difficultés à assimiler les leçons, mais à condition qu’un ensemble de nouveaux mécanismes pédagogiques soient adoptés pour assurer son succès, en recourant à l’ouverture des établissements d’enseignement le mardi après-midi et, si nécessaire, le samedi. Ils ont également suggéré d’activer les conseils administratifs et pédagogiques et de les coordonner lors de la mise en place de petits groupes pédagogiques pour les élèves concernés par le «traitement pédagogique», lequel doit être programmé tout au long de l’année scolaire, pour élever leur niveau d’études dans les matières de base, en particulier dans les écoles primaires qui ont reçu des apprentissages très limités pendant la saison scolaire en cours.
Ainsi, les inspecteurs pourront contrôler aussi bien les résultats des élèves que le travail des enseignants avec leurs élèves. Pour sa part, Nabil Ferguenis, pédagogue et membre du Syndicat national autonome des fonctionnaires de l’éducation, s’est dit contre le retour à l’ancien système de l’avant-Covid et l’annulation du système de groupes à partir de septembre prochain. Contacté par le Jeune Indépendant, le syndicaliste a regretté le fait que la décision de supprimer le système de groupes n’ait pas été mise sur la table et a été prise rapidement. «La rentrée se fera-t-elle à 40 élèves ou plus ?», s’est-il interrogé, car, selon lui, la plupart des classes souffrent de surcharge.
Selon lui, si le ministère de l’Education nationale ne modifie pas le programme d’enseignement et ne fixe pas le plafond du nombre d’élèves dans chaque classe, le retour à l’ancien système ne sera ni dans l’intérêt de l’élève ni dans celui de l’enseignant. «Le processus d’enseignement à 40, voire 50 élèves, et le bourrage des cerveaux, de huit heures du matin à cinq heures du soir, n’a pas de sens d’un point de vue pédagogique. Il faut donc trouver des mécanismes qui aident ensemble l’élève et l’enseignant dans le processus d’apprentissage», a expliqué M. Ferguenis. Le syndicaliste a évoqué la nécessité de travailler pour arriver à un projet d’école loin de toute dispute idéologique.