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Nationale

La campagne de vaccination dans un état léthargique

La campagne de vaccination dans un état léthargique

La campagne de vaccination contre la pandémie de la Covid-19 en Algérie tourne au ralenti et connaît un grand retard à cause de l’indisponibilité des doses de vaccins.
Alors qu’au Maroc près de 9,24 millions de personnes (26,5% de la population) se sont vues administrer au moins une dose de vaccin selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Algérie n’a même pas franchi le cap de 100 000 vaccinés à la fin d’avril 2021. Alors qu’on annonce l’arrivée imminente de millions de doses, sur le terrain la situation est quasiment léthargique.

Depuis son entame au mois de janvier dernier, seulement 75.000 personnes ont été vaccinées, d’après l’OMS, un chiffre insignifiant par rapport à la population globale du pays et au nombre de personnes inscrites sur la plateforme numérique du ministère de la Santé. Cette situation est d’autant plus « préoccupante » que plusieurs variants du coronavirus circulent en Algérie.  Les experts de la santé évoquant même l’imminence d’une troisième vague.

Alors que des franges vulnérables de la société, à savoir les personnes âgées de plus de70 ans et celles souffrant de maladies chroniques inscrites sur la plateforme du ministère de la santé attendent l’hypothétique dose, des chefs de partis, des députés et diverses autres personnalités exhibent fièrement sur les réseaux sociaux des photos de leur vaccination contre la Covid-19. Certains

ont déjà été vaccinés deux fois. Des ex-députés et journalistes du secteur public, jeunes et ne souffrant d’aucune maladie, se ventent aussi sur Facebook et tweeter d’avoir pris leurs doses suscitant des commentaires de colère des internautes, au moment où le personnel médical, aux premiers rangs dans la lutte contre la pandémie, travaillent avec l’espoir d’être vaccinés. Plusieurs médecins ont trouvé la mort dont le dernier en date, Houria Kaced, médecin et coordinatrice à l’EPSP de Boghni dans la wilaya de Tizi-Ouzou décédée lundi 3 avril.

Par ailleurs, les données sur le nombre de personnes vaccinées, le nombre d’inscrits sur la plateforme numérique ou encore sur le type de vaccins administrés ne sont pas régulièrement diffusées, les dernières étant datées de plus d’un mois.

Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, avait alors fait état de « 40.000 personnes inscrites sur la plateforme numérique pour bénéficier du vaccin contre le coronavirus », précisant que seulement 57% des inscrits ont été vaccinés, soit 22.800 citoyens, sur le territoire national après trois mois de campagne vaccinale.

Les doses de vaccin distribuées aux différentes wilayas sont dérisoires en dépit d’une forte demande. Pire encore, des wilayas durement touchées par la pandémie, classées en tête des zones de forte contamination, et enregistrant un taux de létalité très élevé, telles qu’Alger, Oran ou Blida souffrent d’un manque flagrant de doses de vaccin.

Une campagne pour « les élites et les connaissances »

Interrogé sur cette situation, le président du Conseil de l’ordre des médecins et membre du Comité scientifique chargé du suivi et de l’évolution de l’épidémie de la Covid-19, Dr Bekkat Berkani, a déploré la façon opaque dans la gestion de la vaccination, affirmant qu’on ne peut parler de campagne de vaccination sauf si celle-ci est massive, « malheureusement en Algérie, il s’agit plutôt d’une campagne pour les élites et les connaissances ».

La vaccination dans un contexte d’épidémie doit être massive, car vacciner de manière spot ne permet pas de faire barrage de façon efficace à l’épidémie. « Il faut vacciner un maximum de populations en même temps », a-t-il insisté, proposant la mise en place des vaccinodromes afin d’optimiser le temps et avoir un maximum d’efficacité.

La vaccination apparaissait dès le début comme le moyen unique et définitif à endiguer l’épidémie et retourner à une vie normale. Ce pari est d’ailleurs entrain de se confirmer avec les modèles britannique et américain.

L’objectif de vacciner 20 millions d’Algériens ne sera pas atteint d’aussitôt, les 40 millions de doses n’étant pas prévues à la réception avant plusieurs mois.

S’agissant de la coopération algéro-russe pour la production du vaccin Sputnik V, qui devrait prendre effet à partir de septembre prochain, Dr Bekkat Berkani a jugé que « ces mois d’attente sont précieux en temps d’épidémie, à cause de

la situation sanitaire préoccupante due notamment aux nouveaux variants beaucoup plus contagieux et mortels que les précédents ». A rappeler que de nombreux cas du variant indien ont été détectés dans la wilaya Tipaza.

Pour le spécialiste, cette situation délicate incombe à la décision des autorités sanitaires de prendre son temps quant au choix des vaccins au moment où d’autres pays se précipitaient pour faire leurs commandes aux laboratoires pharmaceutiques.

« Le ministre de la Santé a préféré agir avec prudence et a perdu un temps précieux en hésitant sur le choix du vaccin. On est entrain de payer notre prudentiel », a poursuivi Dr Bekkat, rappelant que les autres pays ont formalisé leurs achats l’été.

« L’Algérie a dû attendre les instructions du chef de l’Etat le 20 décembre dernier, sans lesquelles le ministère de la Santé ne serait pas décidé à passer commande », a-t-il révélé, signalant qu’actuellement on figure parmi les derniers dans les plannings de livraison des firmes à laquelle on a fait appel. Ainsi, il est clairement expliqué que les vaccins finiront bel est bien par arriver, mais après quoi ?

La vaccination n’est pas une urgence ?

Il est nécessaire de rappeler que pour essayer de rattraper ce retard, le Premier ministre a fait appel à ses homologues chinois et russe, avec comme arguments les profondes relations politiques et économiques bilatérales. Cette action a abouti à l’obtention de 200.000 doses comme don des Chinois, 200.000 dans le cadre d’un contrat avec l’Institut russe Gamaleya, comme premier quota des deux millions de doses commandées.

Du côté des citoyens inscrits sur la plateforme du ministère de la Santé, nombreux ne savent plus à quel saint se vouer, tant leur état de santé ne leur permettrait pas de supporter une contamination à la Covid-19.

Aucune information n’est donnée lors de l’inscription, ni sur la marque du vaccin, ni sur la date de vaccination ni sur les précautions à prendre, a affirmé au Jeune Indépendant Réda, 70 ans et atteint d’une grave maladie chronique.

«Il s’agit purement et simplement d’une démarche bureaucratique visant à gagner du temps et à faire patienter la population étant donné que les doses ne sont pas disponibles. C’est de la poudre aux yeux », a-t-il réagi.

Et d’ajouter : «Tout le monde sait que les chiffres officiels des contaminations à la Covid-19 ne reflètent pas la réalité du terrain. C’est une manière de dire aux citoyens que la situation n’est pas si alarmante et que le vaccin n’est pas aussi urgent en Algérie que dans d’autres pays ».

De son côté Ali habitant de Blida, premier foyer de la pandémie en Algérie et l’une des wilayas les plus touchées, qui a inscrit sa mère âgée de 82 ans sur la plateforme la mi-avril, attend avec impatience qu’il soit contacté, même s’il ignore la façon, «car rien n’est indiqué sur la plateforme ».

«Je suis très inquiet pour ma mère, surtout qu’on est plusieurs à habiter unpetit appartement, je crains qu’on lui transmette le virus. Elle ne va pas résister, j’en suis certain», a raconté cet enseignant de 48 ans, qui s’interroge sur le sort de plus de 500.000 doses reçues par l’Algérie depuis le mois de février.

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