Résistance de l’armée gouvernementale sur la route d’Aden
Des troupes fidèles au président yéménite Abed Rabo Mansour Hadi ont repoussé tôt hier plusieurs dizaines de miliciens Houthis qui se dirigeaient vers la ville d’Aden dans le sud du pays, où le chef de l’Etat s’est installé après avoir dû quitter la capitale Sanaa aux mains des Houthis, selon des sources proches des milices.
Les Houthis, qui ont pris le contrôle dimanche de la ville de Taëz, située sur le grand axe entre Sanaa et Aden, avaient accepté de partager le pouvoir avec Hadi lorsqu’ils s’étaient rendus maîtres de la capitale en septembre. Depuis lors, le parlement a été dissous, le palais présidentiel est passé sous le contrôle des Houthis et Hadi a quitté la capitale.
« Des combattants des comités populaires du Sud et des unités de l’armée ont déjoué hier à l’aube une tentative d’infiltration dans Aden par des convois armés transportant des Houthis, dans le secteur d’Al Soubaïha, dans la province de Lahj », a déclaré un responsable local.
Plusieurs miliciens ont été tués et trois véhicules de leurs convois ont été détruits, a-t-on déclaré de source proche des Comités populaires, fidèles à Hadi.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné dimanche soir la prise de contrôle d’une grande partie du Yémen par les Houthis et menacé de « prendre des mesures supplémentaires » si le conflit devait se poursuivre.
Dans sa déclaration, le Conseil demande la fin des hostilités et affiche son soutien au président Abed Rabo Mansour Hadi.
Le médiateur pour le Yémen, Djamel Benomar, a fait le point sur la situation pour le Conseil de sécurité dimanche. Le Yémen a été poussé « au bord de la guerre civile », a-t-il dit.
« Ce serait une illusion de croire que les Houthis pourraient monter une offensive et réussir à prendre le contrôle du pays tout entier », a déclaré Djamal Benomar de Doha au Qatar, via une liaison par vidéo. « Il serait également faux de penser que le président Hadi puisse rassembler des forces suffisantes pour libérer le pays des Houthis ».
« La partie qui voudrait pousser le pays dans une ou l’autre direction provoquerait un conflit prolongé dans la veine d’un scénario Irak-Libye-Syrie combiné », a-t-il ajouté. Avant le début de la réunion du Conseil, l’ambassadeur du Royaume-Uni auprès des Nations unies, Mark Lyall Grant, a employé le terme de « sanctions », disant qu’elles étaient la « principale option ».
En novembre, le Conseil avait imposé des sanctions à l’ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, et à deux chefs Houthis.
Contraint de quitter le pouvoir en 2011 face à la contestation populaire, l’ex-président dispose encore d’une certaine influence au sein des forces armées. Les Houthis ont fait alliance avec lui.
Dans une lettre au Conseil de sécurité samedi, le président Hadi a demandé une aide urgente « par tous les moyens disponibles pour faire cesser cette agression ».