Report du sommet du Néguev : Le bluff déguisé du Makhzen

L’hypocrisie politique et médiatique du Maroc a atteint son paroxysme ces derniers jours. Accentuée par le mensonge, devenu une tradition à la cour royale, Rabat s’évertue à dénaturer les vérités, à travestir les réalités et surtout à agresser les opinions populaires.
Les exemples de cette déchéance diplomatique ne manquent pas. Sinon comment expliquer que Rabat fait tout un tapage quand elle annonce le rappel de son ambassadeur en Suède, en protestation à l’autodafé d’un exemplaire du Coran. Selon les instructions du roi Mohamed VI, cette décision intervient pour condamner un « acte offensant et irresponsable ». Pourtant, en même temps, un autre lieu sacré des musulmans et des Palestiniens, la Mosquée El-Qods Al-Charif, est violé presque quotidiennement par des dizaines de colons sionistes, avec la protection de la police israélienne, et ce sans que Rabat n’émette la moindre condamnation ou réprobation.
Pire, les récentes agressions barbares contre les populations palestiniennes et la destruction de bâtiments, de maisons et d’infrastructures de base en Cisjordanie n’ont jamais été un prétexte pour la diplomatie du Makhzen pour dénoncer les actes ignobles des sionistes ou alerter l’opinion internationale.
Le comble de cette hypocrisie ou de ces bluffs, c’est lorsque le gouvernement local du Premier ministre Akhannouch annonce, à travers son propre média Lavieeco.com, la tenue, à Casablanca, d’une conférence de solidarité avec la Palestine et que l’ambassadeur du Roi accourt à Ramallah pour une audience avec le président Mahmoud Abbas. Solidarité artificielle avec des Palestiniens qui rime, cependant, avec la normalisation forcenée avec une entité sioniste qui, en trois ans, a atteint des seuils d’une vassalisation régionale.
Pourquoi ce double visage du Makhzen ? Pour les observateurs, Rabat se trouve dans une situation délicate. Dans l’impossibilité de convaincre sa propre population des bienfaits de cette normalisation avec Tel Aviv, Rabat cherche à diaboliser son voisin l’Algérie, en lui collant des étiquettes de « grand méchant belligérant ». Epouvantail dressé par tous ses médias locaux et étrangers dans une guerre de quatrième génération, usant et abusant de tous les artifices médiatiques. Mieux encore, le Maroc monte tout un spectacle quand il décide d’annuler l’organisation du sommet du Néguev, prétextant la politique de colonisation israélienne en Cisjordanie.
Ce sommet étant initialement prévu pour le mois de mars dernier, il a été reporté à plusieurs reprises, notamment par le gouvernement américain, qui s’est également opposé aux projets de colonisation de Tel Aviv. Ce report n’est en fait qu’un « petit chantage capricieux » de plus, dans lequel excelle le Makhzen dans ses rapports avec l’Espagne ou l’Allemagne. Le Maroc veut secrètement que Tel Aviv reconnaisse la « marocanité » du Sahara occidental occupé pour pouvoir aller plus loin dans ce processus du Néguev.
Le Forum du Néguev sert à normaliser les relations entre Israël et les pays arabes. Dans le cadre des accords d’Abraham, le forum discute de questions liées à la sécurité régionale et à la coopération économique. Parmi les pays représentés au sommet figurent le Bahreïn, l’Egypte, le Maroc, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis.
Des sources diplomatiques ont affirmé que le Maroc pourrait établir des relations complètes avec Israël, avec ses missions diplomatiques de niveau intermédiaire utilisées comme ambassades, en échange de la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui. Israël a décidé de prendre une décision finale sur ce dossier lors du Forum du Néguev, s’attendant ainsi à ce que l’événement ait lieu en septembre ou octobre prochain, mais au Maroc.
Voilà qui explique le fait que la construction de nouveaux logements pour les colons juifs en Cisjordanie et les violences israéliennes ne sont guère un souci pour Rabat et ne retarderont jamais la tenue d’une deuxième édition de ce sommet de la normalisation, dit du Néguev, à Casablanca ou à Marrakech.
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