Renouvellement des instances de l’APN : Niet d’Ould Khélifa à l’Alliance verte

Sans l’annoncer explicitement, le bureau de l’Assemblée populaire nationale vient de refuser catégoriquement le retour des islamistes au sein des instances du Parlement.
Alors que des députés de l’Alliance verte attendaient au moins des explications ou des justifications « politiques et juridiques », après que des informations faisaient état de fortes pressions de la part des trois blocs parlementaires du FLN, du RND et des indépendants, qui partageaient depuis juin 2012 les privilèges des postes de vice-présidents de l’APN, de présidents de commissions ou de rapporteurs.
La réunion du bureau a tranché sur la question ne laissant aucune chance aux islamistes de revenir à l’intérieur des instances parlementaires qu’ils boycottaient depuis deux ans, pour protester contre la fraude et les scores falsifiés des législatives de mai 2012. Bien qu’aucun communiqué officiel n’est venu consacrer cette rupture, des sources internes aux partis alliés au pouvoir estiment que le refus est « définitif et non provisoire », c’est-à-dire que l’Alliance verte devrait s’attendre à l’interdiction de réintégration dans les instances de la chambre basse jusqu’à la fin de la mandature actuelle, soit jusqu’au 2017.
Ce qui revient à dire que désormais les islamistes, à travers l’Alliance verte, qui regroupe trois partis de la mouvance, ainsi que le mouvement de Djaballah, qui coiffe quelques douze ou onze députés, seront désormais éloignés des appareils du Parlement, des actions de lobbying politique ou législatif, alors que la vie politique risque de connaître de grands bouleversements dans les années à venir. Les armes institutionnelles telles que prévoyaient détenir les islamistes dans l’optique d’une bataille pour la mise en place d’une transition démocratique, en compagnie d’autres formations politiques alliées, ne seront pas donc disponibles.
La création de la Coordination nationale des libertés (CNLTD) devrait avoir besoin de prolongements dans certaines institutions, comme les deux chambres parlementaires, afin de mieux huiler l’impact politique de l’opposition et de bousculer davantage les ambitions ou les feuilles de routes secrètes des sphères qui gravitent autour du pouvoir présidentiel. Avec le refus signé par le FLN et le RND aux islamistes de l’Alliance verte de réintégrer ou de récupérer leurs postes au sein des instances de l’APN, il semble que la rupture est consommée et plus que jamais tranchante et implacable.
Pour certains observateurs, il s’agirait d’une action de dernière chance pour réengager un processus de « négociation » entre deux fronts politiques, comme veut le faire le FFS. Ce parti tente depuis des mois de lancer une initiative « impossible », celle de reconstruire un nouveau consensus national, en lançant des passerelles entre le pouvoir et ses alliés et l’opposition et ses différentes facettes.
Pour d’autres analystes, le niet parlementaire aux islamistes ne signifie guère des prises de position stratégiques sur la base de postulat idéologique ou politique. Selon leurs assertions, les blocs en exercice au sein du Parlement obéissent plutôt à des ambitions personnelles de quelques clans qui veulent partager des privilèges exorbitants fournis gratuitement à l’APN, comme de hauts salaires qui flirtent les soixante millions de centimes, des véhicules de service, des lignes de téléphone gratuites, une femme de ménage et d’un agent de service permanent, ainsi que les facilitations dans les voyages à l’étranger et les sommes octroyées en devises comme frais de mission.
De plus les statuts de VIP et leurs positions au sein des commissions spécialisées leur permet même d’exercer de l’influence sur certains secteurs économiques ou commerciaux, soit pour décrocher ou faciliter des contrats juteux, soit pour faire recruter des progénitures ou des connaissances.
Pour ces analystes, la bataille politique actuelle ne se confine plus au sein des appareils comme l’actuelle APN, dépourvue de prérogatives et de poids ou de crédibilité. L’Alliance Verte le sait. Sa volonté de revenir dans les instances de l’APN n’est qu’un simple calcul politique, que des barons au sein des blocs du FLN et du RND l’ont compris rapidement.
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