Renault le mauvais «coup»?
L’économie algérienne se trouve confrontée à trois défis : atteindre une croissance économique de 7% à l’horizon 2019, rompre avec le caractère de pays mono-exportateur d’hydrocarbures et relancer une industrie tombée au-dessous de 5% du PIB.
L’Algérie a perdu depuis le début des années 2000 beaucoup d’opportunités pour se lancer dans une politique industrielle digne de ce nom.
Des années perdues qui ne seront jamais récupérées. Pourtant, elle dispose d’un savoir-faire et d’une expérience avérée. L’industrie ne représente plus que 4 % du PIB. Or, l’Algérie dispose d’une industrie en-deçà de sa taille et souffrant de sous-investissement.
Renault a ainsi investi seulement 50 millions d’euros pour une capacité de production de 75 000 véhicules par an, contre 1,1 milliard d’euros dans son usine de Tanger, d’une capacité cinq fois supérieure. Le Maroc attire davantage d’investissements étrangers que l’Algérie, pourtant deux fois plus peuplée et dotée de ressources financières importantes grâce au gaz.
Fort de recettes évaluées à plus de 700 milliards de dollars depuis le début de l’année 2000, l’Etat algérien n’a rien fait pour booster le secteur de l’industrie, un des leviers du développement.
Les séquelles d’un régime longtemps fondé sur le parti unique et où l’Etat de droit est encore très perfectible a fini par venir à bout du secteur, aujourd’hui à la traîne.
Enfin, la règle 49-51, qui interdit le contrôle majoritaire d’une entreprise algérienne par un opérateur étranger, dissuade fortement l’investissement. Pour autant, les succès d’entrepreneurs algériens abondent dans les services et l’import-export, à condition d’être très patients face à une bureaucratie omniprésente et corrompue.
Certains, comme Rebrab ou Slim Othmani, patron du groupe de jus de fruits NCA Rouiba. se font fort de réussir sans « graisser des pattes ». Mais c’est illusoire dès qu’il faut obtenir l’un des nombreux permis ou autorisations indispensables, ou remporter des marchés publics. Des chefs d’entreprise qui souhaitent invertir à l’étranger par le rachat d’une entreprise sont bloqués, car la réglementation en vigueur interdit le transfert de devises à l’étranger.
Actuellement, seul le groupe pétrolier Sonatrach obtient des autorisations pour investir à l’extérieur de l’Algérie. C’est le climat des affaires dans son ensemble qui est défavorable en Algérie, comme l’a confirmé le classement « doing business » de la banque Mondiale.
L’Algérie, peu attractive, a encore perdu sept places, pour se classer à la 154e sur 189 pays. Il faudra donc se contenter de quelques consolations avec l’usine Renault. Afin de parvenir à ses fins, le gouvernement algérien entend favoriser l’investissement.
Petite éclaircie dans un ciel encore trop sombre
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a rappelé que l’économie algérienne était ouverte à tous les partenaires étrangers. Il a rappelé les mesures prises par le gouvernement au profit des entreprises : bonification des taux d’intérêts, rééchelonnement de la dette des entreprises en difficulté, promotion du partenariat public-privé algérien et étranger, réduction de la fiscalité, accès aux marchés publics.
Afin d’améliorer le climat général des affaires pour atteindre des standards internationaux, le cadre législatif devrait s’assouplir davantage pour devenir plus attractif dans le cadre du prochain code des investissements, qui devrait supprimer la règle de 51/49 dan certains secteurs.
De plus, le Conseil de la monnaie et du crédit compte valider une directive de la Banque d’Algérie permettant à des opérateurs économiques algériens, publics et privés, d’investir à l’étranger à certaines conditions.
Selon le document qui a été transmis pour publication au Journal officiel, les entreprises algériennes désireuses d’investir à l’étranger devront remplir quatre principaux critères. L’entreprise doit d’abord respecter le principe de complémentarité de l’activité. Deuxième critère : l’entreprise doit être exportatrice.
Elle doit utiliser ses fonds propres pour effectuer son investissement à l’étranger. Le critère suivant concerne les parts que doit détenir l’investisseur algérien dans la société étrangère : elles doivent être supérieures à 10% du capital.
Il fixe, enfin « un plafond » de l’investissement. Ce dernier sera variable. Il est calculé selon des indicateurs de l’activité de l’entreprise. Ce règlement de la Banque d’Algérie permettra à des opérateurs privés d’investir à l’étranger pour acquérir des entreprises ou ouvrir des bureaux de représentation.