Relogement: la colère des sinistrés de Bologhine
Des émeutes ont éclaté de nouveau hier dans le quartier de Bologhine suite à l’opération de relogement lancée par la wilaya d’Alger, donnant lieu à plusieurs arrestations. Des centaines d’habitants des quartiers qui se considèrent sinistrés ont fermé l’accès au boulevard Abderrahmane-Mira (ex-Padovani), en colère contre le relogement, en urgence, de 60 familles seulement, une opération précipitée par le séisme qui frappé vendredi matin la capitale.
Les autres familles qui ont été mises sur la liste d’attente pour un recasement dans les prochains jours, selon les autorités, n’ont pas admis cette opération d’urgence, la qualifiant d’injuste.
«Les autorités attendent que les plafonds s’effondrent sur nos têtes et que nos enfants soient tués pour qu’on puisse bénéficier en urgence d’un logement», a déploré un père de famille de 14 personnes. Ce sexagénaire, chétif au visage marqué par la fatigue faute de sommeil depuis 72 heures, habite un immeuble menaçant effondrement au boulevard Emir Khaled à Bologhine. Il a brandi une attestation de sinistré depuis 1989 signée par le président de la circonscription urbaine de Bologhine en 2000. Depuis, il attend d’être relogé mais son calvaire semble s’éterniser.
Selon les propos de certains manifestants, depuis le tremblement de terre de Boumerdès de mai 2003, les autorités locales successives les ont assurés de leur attribuer des logements. «Depuis onze ans les responsables locaux nous font des promesses qui ne sont jamais tenues, notamment lors des campagnes électorale», a dit une mère de famille quadragénaire. «Ils nous courtisent lors des élections mais nous chassent de leurs bureaux une fois élus», a-t-elle dénoncé.
Pour le président du comité de quartier de Bologhine, qui a requis l’anonymat, les habitations du boulevard Emir Khaled sont officiellement sinistrées depuis plus de 30 ans. «Les autorités nous ont fait des promesses suite aux inondations de Bab El-Oued, mais comme vous le constatez, depuis 13 ans rien ne s’est concrétisé», précisant qu’à chaque fois un recensement est effectué mais aucune décision n’est prise.
Ces émeutes ont éclaté lorsque la wilaya d’Alger a procédé au recasement de 60 familles à Birtouta dans la soirée de vendredi.
Les habitants sinistrés ont bloqué la route, érigeant des barrages de fortune avec notamment des pneus, et s’en sont pris ensuite aux forces de l’ordre qui ont tenté de rouvrir la voie à la circulation. La situation a dérapé lorsque les protestataires ont commencé à lancer des pierres sur les policiers qui ont riposté par des interpellations. Un jeune de 30 ans a tenté de se jeter à la mer pour se suicider, mais il en a été, heureusement, empêché par des citoyens.