Réforme du code de la route : «Tolérance zéro pour les chauffards»
Chaque jour, des vies sont fauchées sur les routes. Face à cette hécatombe, l’Etat dit stop. Le projet de réforme du code de la route entend en finir avec les comportements dangereux et les récidivistes. Sanctions durcies, permis à points, contrôles numériques et meilleure formation des conducteurs, autant de mesures pour faire de la route un espace de discipline, de respect et de sécurité pour tous.
Contacté par le Jeune Indépendant, Ali Chekian, président de l’Académie nationale de la sécurité routière, a précisé que ces dispositions constituent une étape fondamentale dans la stratégie nationale. Il salue la teneur du projet de loi, qui vise à instaurer des mesures plus rigoureuses et plus dissuasives pour faire face à la gravité des accidents de la route.
Chekian a souligné que ces réformes marquent « un véritable tournant dans la politique de prévention et dans la modernisation du système routier », contribuant à renforcer la culture de la discipline au volant, à protéger les vies humaines et les biens, et à corriger durablement les comportements dangereux des conducteurs. Il a mis en avant le caractère structurant de ces mesures, qui reposent sur la numérisation intégrale du dispositif de gestion de la circulation. Le projet prévoit notamment la création d’un registre national des infractions, la mise en œuvre du permis à points ainsi que la généralisation de la carte grise numérique.
L’objectif, explique-t-il, est d’instaurer une base de données interconnectée entre le ministère de la Justice et les services de sécurité, afin de faciliter le suivi des infractions, d’accélérer les enquêtes et de garantir une application plus rigoureuse des sanctions. Ces outils modernes permettront également d’assurer une traçabilité accrue des contrevenants et de renforcer la transparence dans le traitement des dossiers.
Le projet de loi introduit des sanctions plus sévères et des amendes revalorisées à l’encontre des auteurs d’infractions graves, telles que l’excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse, l’usage du téléphone portable ou encore les dépassements dangereux. Un système de pénalités progressives sera instauré, tenant compte de la gravité et de la récidive. Selon M. Chekian, ces mesures « ne visent pas uniquement à punir mais à inculquer une véritable culture de la responsabilité et du respect du code de la route ».
Les conducteurs récidivistes et ceux dont les comportements mettent directement en danger la vie d’autrui s’exposeront désormais à des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement. « L’objectif est de dissuader les comportements irresponsables et de rappeler à chacun que la sécurité sur les routes est une responsabilité collective », a-t-il insisté.
Former les conducteurs, une priorité
Au-delà du volet répressif, le président de l’Académie a insisté sur l’importance de réformer en profondeur le système de formation des conducteurs. Les statistiques, dit-il, montrent qu’« une part importante des accidents est causée par de jeunes conducteurs titulaires d’un permis probatoire ».
Pour y remédier, le projet de loi introduit un système national de formation numérique fondé sur des modules techniques et pédagogiques modernisés. Les examens théoriques et pratiques seront désormais informatisés, dans le cadre d’une transition numérique complète du dispositif d’apprentissage de la conduite. Le texte encourage également la création d’auto-écoles intelligentes, équipées de technologies avancées, afin d’améliorer la qualité de l’enseignement et d’évaluer les candidats de manière objective.
Le nouveau dispositif prévoit le renforcement des moyens de surveillance numérique à travers l’installation de caméras, de radars et de capteurs intelligents pour la détection automatique des infractions. L’Etat œuvre, par ailleurs, à faciliter le paiement électronique des amendes, dans le but de simplifier les démarches pour les citoyens et d’accélérer le recouvrement des sanctions.
Ces innovations s’accompagnent de l’introduction de systèmes de contrôle modernes : détecteurs de stupéfiants, dispositifs de pesée automatique pour les poids lourds, et outils de suivi intelligent des véhicules. Ces technologies permettront un repérage rapide des contrevenants et une intervention efficace des forces de sécurité.
Chekian a souligné que l’efficacité de ces réformes dépendra d’une approche intégrée, impliquant l’ensemble des acteurs du système routier. Le texte de loi élargit les prérogatives des autorités locales en matière de maintenance des infrastructures et de traitement des points noirs du réseau routier.
Il prévoit, en outre, la création d’un Conseil national de la sécurité et de la prévention routière, chargé de définir, coordonner et évaluer la stratégie nationale, en liaison avec des cellules locales implantées dans chaque wilaya.
Cette nouvelle architecture institutionnelle favorisera, selon lui, une meilleure coordination entre les services concernés et une adaptation des politiques publiques aux réalités locales.
Instaurer une culture nationale de sécurité
Le président de l’Académie nationale de la sécurité routière a également annoncé la création du Prix du président de la République pour la sécurité routière, destiné à récompenser les associations, chercheurs, universitaires et journalistes qui œuvrent à la sensibilisation et à la prévention.
Il a également plaidé pour la proclamation d’un Journée nationale de la sécurité routière, afin d’ancrer davantage cette culture dans la conscience collective. Ces initiatives, a-t-il affirmé, contribueront à renforcer l’esprit de responsabilité et à encourager les initiatives citoyennes en faveur de la sécurité sur nos routes.
Enfin, M. Chekian a insisté sur la nécessité d’accompagner la réforme par des campagnes de sensibilisation de grande ampleur, en partenariat avec les médias, pour soutenir les efforts de l’Etat et impliquer davantage les citoyens. Il a souligné que la formation obligatoire et le suivi médical et psychologique des conducteurs professionnels, notamment ceux du transport collectif, constituent un axe essentiel pour garantir la sécurité des passagers.
Notre objectif, a-t-il affirmé, est de construire un environnement routier plus sûr, plus responsable et plus moderne, fondé sur la prévention, la technologie et la conscience citoyenne. « Les nouvelles dispositions du projet de loi incarnent cette volonté de l’Etat d’agir fermement et durablement contre les causes des accidents de la route », a-t-il conclu.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.