Référendum sur la Constitution: L’enjeu d’une mobilisation
L’adoption de la nouvelle Constitution par le Parlement ouvre la voie à une autre étape, encore plus cruciale que celle franchie par le processus de la révision constitutionnelle. Il s’agit bel et bien de la tenue du référendum populaire, dont la date a été fixée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le 1e novembre prochain.
Ainsi, la convocation du corps électoral est prévue, selon les affirmations du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, jeudi passé, pour demain le 15 septembre. Selon le ministre de la Communication, le gouvernement Djerad s’attèlera, désormais, à faire réussir ces échéances, misant notamment sur la relance, à compter de cette semaine, d’un « large débat » autour de la teneur du texte fondamental du pays.
Pour ce faire, les autorités publiques envisagent une mobilisation, tous azimuts, des médias, toutes catégories confondues, avec comme « fer de lance » la société civile, afin « d’échanger et d’exprimer les différents avis dans la sphère publique ».
« Le corps électoral sera convoqué 45 jours avant la date du référendum prévue pour le 1e novembre, soit le 15 septembre. À partir de cette date, nous allons nous orienter vers la société civile, afin de mener une large participation autour du contenu de la Constitution pour échanger les opinions et les idées et favoriser au maximum la participation à cette opération. Cela est le rendez-vous principal dans la construction de la nouvelle Algérie », avait indiqué M.Belhimer en marge de l’adoption du projet en question par l’APN.
Cette décision de soumettre, à nouveau, la mouture de la future nouvelle Constitution au débat n’est pas « fortuite » et semble, de l’avis des observateurs, une manière de « se racheter » des carences relevées ici et là par les spécialistes. Une option que certains analystes soutiennent, en s’appuyant sur l’empêchement dû aux circonstances sanitaires si exceptionnelles qui ne permettaient pas, pendant les quatre mois écoulés, de lancer un débat public ouvert à toutes les sensibilités politiques et idéologiques.
De plus, la mouture du projet de la Constitution distribuée en mai passé à des acteurs sociaux et politiques n’a pas pu être consultable, pendant cette période de confinement, aussi bien par l’élite que par le citoyen lambda, que rien de justifie son exclusion de prendre part à l’élaboration d’un texte censé engager l’avenir politique de son pays, estime-t-on encore.
Par ailleurs, le gouvernement se targue d’un nombre de plus de 5 000 propositions ayant été reçues par le Comité d’Ahmed Laraba chargé de la révision constitutionnelle, consultables sur le site de la présidence de la République depuis la semaine dernière.
En sus du mouvement associatif, les préparatifs du prochain rendez-vous, connaitront également la participation « des partis politique agréés », « des experts » et plus particulièrement l’on ouvre la porte, cette fois-ci, au peuple, selon les propos de M. Belhimer. La question que se pose les observateurs est la suivante : comment peut-on assurer la participation de tout le peuple à ces débats et est-ce qu’il suffisant de mobiliser l’armada médiatique, pour couvrir l’ensemble des localités, alors que le peuple rejette en bloc la classe politique et autres dynamiques de la société civile, ayant servi de « base sociale » à un régime désormais révolu ?
Quant aux petites formations politiques fraichement agréées sur lesquelles on compte pour injecter du sang neuf au paysage politique, l’on se demande aussi du rôle que pourraient jouer « des néophytes» dans ce ballet, en l’absence d’une expérience nécessaire dans le champ politique et sans popularité.
Pour ce qui est des partis réprouvés par la majorité du peuple, l’occasion est à saisir sans aucune hésitation pour un éventuel repositionnement sur l’échiquier politique et prendre le train en marche pour les prochaines échéances. Suivant cette logique, le FLN, le RND l’ANR, le Front El Moustakbal, ou encore les partis issus de la mouvance dite « islamiste » tels le mouvement El Islah, le Mouvement El Bina, cherchent, selon toute vraisemblance, à se jeter dans les grâces de l’actuel locataire d’El Mouradia en offrant généreusement leurs services.
L’ardeur affichée par le gouvernement pour réussir le processus référendaire s’explique par le fait que la révision constitutionnelle ait toujours été le cheval de bataille du président Tebboune, depuis l’annonce de sa candidature à la présidentielle du 12 décembre dernier. L’on se rappelle encore les 54 engagements présentés par M. Tebboune comme programme présidentiel en vue d’amorcer un changement démocratique, à même d’accéder aux aspirations du mouvement populaire du 22 février 2019.
« Il y a une temporalité entre les 54 engagements du président de la république et le 1e novembre prochain pour le vote sur ce projet de révision constitutionnelle », disait le porte-parole du gouvernement. Le président Tebboune qui a affiché ouvertement sa couleur politique « novembriste » , dès l’annonce de son programme en novembre 2019, semble ainsi s’adosser sur la symbolique de cette date historique, qui a toujours fait le consensus parmi le peuple, mais aussi revendiquée comme « étiquette politique » par nombre de partis, ayant eu des relations incestueuses avec l’ancien régime.