Récession économique: Les remèdes du CNES

Le CNES compte remettre au gouvernement, cette semaine, quatre rapports de base censés servir d’orientation pour une profonde mutation de l’économie nationale.
Ils sont liés à l’investissement, au système national d’information et des statistiques, au système coopératif pour l’agriculture, ainsi qu’un rapport sur la transition énergétique. C’est ce qu’a affirmé hier, le président du Conseil national économique et social (CNES), Rédha Tir, lors de son passage à la radio nationale. Il a précisé que cette institution, qui se veut un « aiguilleur de l’Etat », se penche actuellement sur l’élaboration d’un modèle d’équilibre général macroéconomique et d’un modèle de simulation économique et écologique.
Ces deux modèles permettront la mise en place d’une économie de prospérité, basée sur la gestion rigoureuse des ressources naturelles du pays.
« Nous avons participé à conduire la politique de la relance économique. Notre travail a débuté deux semaines après ma nomination à la tête du CNES, et après avoir reçu quatre saisines de la part du premier ministre et une saisine « exclusive » du président de la République. Nous avons procédé à l’établissement de quatre rapports qui seront sur la table du gouvernement à partir de cette semaine », a déclaré le président du Conseil.
Ces rapports sont le fruit d’un travail de collaboration avec presque 250 cadres issus des différents ministères et d’une vingtaine d’algériens compétents établis à l’étranger, tels que Lyes Zerhouni et Miloud Kedar.
Les quatre rapports qui sont liés directement à la réforme engagée par le gouvernement viseront à dissiper tous les blocages entravant l’investissement dans notre pays, explique-t-il
Le premier rapport s’intitule ‘’doing business’’. « ‘’Le doing business’’ a été transféré, sur notre demande, du département de l’Industrie vers le CNES qui est l’environnement naturel de ce type de classement, afin d’en élaborer les douze dimensions conformes aux critères de la Banque mondiale. Sachant que six sessions ont été consacrées pour recenser tous les contraintes », s’est-il étalé.
Le deuxième rapport sera autour du système d’information et des statistiques ficelé jeudi dernier, dans le souci d’être un plan de travail pour le ministère de la Numérisation et des Statistiques, poursuit le professeur Tir.
Le troisième rapport se penche sur le système coopératif et sa promotion dans le secteur de l’Agriculture.
Quant au dernier rapport, il s’intéressera à la transition énergique, en axant la démarche sur le comportement du citoyen.
Le CNES prévoit aussi de soumettre un autre document sur l’état des lieux pour un nouveau démarrage, en tenant en ligne de compte les recommandations de la Conférence nationale sur la relance socioéconomique tenue les 18 et 19 août passés.
Sur l’état des lieux, le président du CNES soulève des carences et des goulots d’étranglement constatés dans le domaine économique, social, et environnemental.
« Nous avons proposé à ce que les traités multilatéraux et bilatéraux soient revus à même de prendre en charge les préoccupations relatives à l’aspect économique et social de la vie du citoyen », dit-il.
Une base de données et une batterie d’indicateurs économiques
Nous sommes en train de monter une base de données nationale pour développer une batterie d’indicateurs autour de notre économie pour un développement durable. Cette batterie sera actualisée de façon permanente, ajoute l’invité de rédaction de la chaine « 3 ».
Le CNES cherche à cerner la certitude macroéconomique à l’effet de permettre au pays d’éviter un certain nombre de risques et de dangers et proposer d’éventuelles solutions pour y remédier.
Pour ce faire, le professeur souligne l’importance de procéder à un « toilettage du journal officiel », en revoyant tout l’arsenal juridique, code civil, code du travail, code des marchés publics, code de commerce. Car, argumente- t -il, « beaucoup de textes réglementaires sont toxiques et comportent des règles nocives à nos classements internationaux ».
Pour la mise en œuvre des différents axes de la réforme entreprise par le Conseil, son président évoque trois échéanciers arrêtés en fonction des horizons de la stratégie de la relance économique adoptée par le gouvernement. D’ici la fin de l’année, le CNES recommande un planning bâti sur la levée de toutes les entraves d’ordre bureaucratique, la revue des textes juridiques et passer au nouveau mode de gestion et de la régulation économique, citant à titre d’exemple, la mise aux enchères et l’abolition de tous les obstacles liés aux autorisations non nécessaires . L’économie d’aujourd’hui devrait être conçue sur le risque ; c’est à dire qu’on doit prendre plus de risque pour avoir plus de rentabilité dans les opérations commerciales, poursuit M. Tir.
Le professeur en économie a fait observer que les pays qui ont une réglementation plus souple, à l’instar du Japon et de la Corée du Sud, réussissent plus. C’est une question de prendre en considération la logique des gains et des pertes éventuels, ce qui permet aux pays de continuer à fonctionner même en temps de guerre.
A propos de la dépénalisation des erreurs de gestion décidée par le président de la République, M.Tir considère qu’elle se veut un message « rassurant » pour les managers et d’une importance capitale pour la relance économique.
Il a rappelé, dans ce sillage, que la nouvelle politique du gouvernement repose sur la reconsidération de quatre notions ; celle de l’entreprise comme un service, le travail, l’investissement comme acte engageant toutes les parties prenantes et l’argent afin de jouer son rôle social.
« L’Objectif est clair pour le président de la République. Il s’agit d’atteindre 5 milliards de dollars d’exportation d’ici fin 2021 », dit-il.
« Le défi est de taille, mais il est réalisable », estime M. Tir tout en invitant les responsables locaux et les services centraux à cesser de se comporter comme des « potentats ». Il appartient à ces derniers, préconise-t-il, de soutenir l’investisseur et de contribuer à la mise en place d’une économie qui ne connait pas « l’inflation institutionnelle ».
De même, booster l’exportation nécessitera, souligne le président du CNES, une insertion dans les chaines de valeurs nationales, régionales et internationales, et ce en permettant aux opérateurs économiques d’identifier, de manière claire, l’ensemble de leurs préoccupations et problèmes. Dans ce sens, l’Algérie est appelée à opter pour une gestion « rigoureuse et rationnelle » de ses ressources naturelles. Pour le CNES, cela pourrait se traduire par le recours à des outils modernes.
« Nous sommes en train d’élaborer un modèle d’équilibre général macroéconomique, dont devront prendre connaissance tous les opérateurs économiques, ainsi que la mise en place, pour la première fois, d’un modèle de simulation économique et écologique en même temps », fait-il savoir.
Notre objectif, renchérit le président du CNES, étant de tendre vers une économie de prospérité via une consommation modérée et non vers celle d’une croissance censée épuiser nos ressources naturelles.
Sur le plan sanitaire, le CNES a contribué également au montage et à l’étude de faisabilité de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, se réjouit M. Tir, indiquant que le CNES n’a pas chômé durant la période de confinement. Bien au contraire, il a dû mettre les bouchées doubles pour préparer ces rapports et jouer un rôle primordial dans l’amorce de cette relance économique.
Pour rappel, le CNES a été désigné par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’issue de la Conférence nationale pour la relance socioéconomique comme une cellule de veille et un médiateur entre le gouvernement et les opérateurs économiques afin de suivre l’application du plan adopté.
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