Raids de la « coalition » contre Daesh en Syrie

La coalition dirigée par les Etats-Unis a pour la première fois attaqué, mardi, par air et par mer des positions du groupe de l’Etat islamique (EI) en Syrie, ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ces jihadistes cibles de frappes en Irak.
Il s’agit de la première intervention étrangère en Syrie depuis le début de la guerre civile en mars 2011 dans ce pays, où les jihadistes de l’EI occupent depuis 2013 de vastes régions dans le nord, frontalières de l’Irak et la Turquie.
Le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, considéré comme illégitime par les Etats-Unis, a affirmé avoir été informé lundi de l’intention de Washington de frapper les positions jihadistes. Moscou avant prévenu auparavant qu’une frappe contre la Syrie sans l’aval de son gouvernement serait perçu comme une agression extérieure. Le Pentagone a précisé que les frappes avaient été menées « au moyen d’avions de chasse, de bombardiers et de missiles Tomahawk » tirés notamment depuis des navires opérant dans les eaux internationales de la Mer Rouge et du Golfe.
Cinq « nations partenaires » (sic) moyen-orientales, Jordanie, Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, « ont participé ou appuyé » ces frappes, a indiqué le Pentagone.
Selon un responsable américain, les raids visaient principalement des positions de l’EI à Raqa, le centre du pouvoir de l’EI, ainsi que des cibles sur la frontière, très poreuse, entre la Syrie et l’Irak.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une officine basée en Grande-Bretagne, la coalition a mené une quarantaine de raids aériens et d’attaques aux missiles contre des « bases, des postes et des positions » de l’EI à Raqa, ainsi que dans la région de Boukamal (est), à la frontière irakienne. Une vingtaine de jihadistes ont été tués. Les frappes ont aussi visé des positions de la branche syrienne d’Al-Qaïda, le Front Al-Nosra, qui combat le régime et les jihadistes de l’EI dans le conflit très complexe en Syrie.
L’opposition syrienne a salué les frappes américaines tout en insistant sur la nécessité de faire pression sur le président Bachar al-Assad, qu’elle cherche à renverser.
Les frappes surviennent alors que les combattants de l’EI menaient une offensive pour s’emparer de la ville stratégique d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde), troisième ville kurde de Syrie, dont le contrôle lui permettrait le contrôle total d’une longue bande de la frontière syro-turque.
Après s’être emparés depuis une semaine de plus de 60 villages aux environs de Kobané, leur progression rapide a été ralentie lundi par les combattants kurdes aidés de leurs frères d’armes venus de Turquie, selon l’OSDH.
La progression jihadiste a poussé plus de 130.000 kurdes syriens à fuir et traverser en Turquie, selon l’ONU et le gouvernement turc. Ce dernier a assuré que son pays avait « pris toutes les mesures nécessaires au cas où l’afflux de déplacés se poursuivrait ».
Dans sa stratégie antijihadistes annoncée le 10 septembre dans le cadre d’une coalition regroupant une quarantaine de pays, le président américain Barack Obama avait prévenu qu’il se réservait le droit de frapper le groupe EI y compris en Syrie.
Les frappes américaines contre les positions de l’EI lancées le 8 août dans le nord de l’Irak, auxquelles la France s’est jointe vendredi, avaient ralenti l’avancée jihadiste et aidé les forces irakiennes et kurdes à reprendre certains secteurs aux jihadistes.
A la veille des raids en Syrie, l’EI a appelé ses partisans, dans un message publié en plusieurs langues, à tuer les citoyens, notamment américains et français, des pays appartenant à la coalition.
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