Que promet le ballet diplomatique africain ?
Le président béninois Boni Yayi achève une visite de trois jours en Algérie durant lesquels il aura abordé les trois volets importants de la coopération entre les deux pays.
De la mémoire permettant le maintien de bonnes relations aux échanges économiques à développer, le président du Bénin n’aura pas manqué de confirmer le rôle important de l’Algérie sur la scène continentale.
« Nous ne pouvons écrire l’histoire du continent africain sans la grande Algérie, qui a de tout temps appelé les peuples africains à prendre leur destin en main (…) Notre roi représente pour nous le symbole de la résistance, (…), il était le cordon ombilical entre le peuple algérien et celui du Dahomey », a expliqué le président Boni Yayi qui a visité la demeure où le roi Béhanzin a été assigné à la résidence surveillée par l’occupant français, en raison de ses position anticoloniales.
Ce rappel sur la souffrance commune des deux peuples a permis d’illustrer cette communauté de destins, si précieuse dans les relations internationales d’aujourd’hui, en dépit d’une mondialisation tendant à vouloir effacer le socle de l’Histoire.
D’ailleurs Boni Yayi, qui a aussi une grande expérience des actions de l’UA, ayant exercé un mandat en tant que président de l’organisation panafricaine, n’ignore pas le parcours des pays membres les plus engagés.
C’est pourquoi cette déclaration est à méditer : « L’Afrique n’a jamais pu tracer sa vision sans l’Algérie. » Reconnaissance plus que protocolaire à un moment où le continent noir subit mille et une pressions extérieures néocolonialistes sur fond de terrorisme agressif.
Alger retrouve l’Afrique
Il faut dire que la visite du président béninois fait suite à un ballet diplomatique africain assez significatif en cette conjoncture. Après les officiels sénégalais, tchadien, nigérien et égyptien, c’est un acteur influent de la CEDAO qui vient exprimer sa confiance à l’endroit de l’Algérie.
Des visites effectuées à l’invitation du président de la République algérienne. S’agit-il d’une volonté d’Alger de renforcer ses liens avec les pays africains comme les officiels l’ont signifié à plusieurs occasions ? L’arrivée d’un « Monsieur Afrique », Ramtane Lamamra, épaulé par Abdelkader Messahel, à la tête du ministère des Affaires étrangères, tend à avaliser la thèse.
Les troubles dans la bande sahélo-saharienne, qui sont venus s’ajouter au drame de la Corne de l’Afrique et leurs répercussions sur le sous-continent, ont poussé l’Algérie à élargir son rayon de concertation par rapport à la riposte conjointe à la menace. Pour ce faire, les relations politiques doivent s’accompagner de relations économiques fortes comme l’a exprimé Boni Yayi, qui a reçu le Premier ministre Abdelmalek Sellal en la résidence algéroise mise à sa disposition par l’Etat algérien le temps de sa
visite.
Le business, l’autre diplomatie
« Les opportunité d’investissements existent. Il y a d’énormes possibilités d’investissements au Bénin. Les investisseurs algériens, notamment du secteur privé, sont les bienvenus », voilà en quels termes le président de la démocratie béninoise, devenue un exemple, a résumé son souhait de développer les échanges économiques.
Un appel franc et direct qui s’inscrit dans le format des échanges sud-sud longtemps resté au stade du slogan. Tandis que l’Algérie peine à trouver des voies de commerce hors hydrocarbures avec le Nord et ses conditions draconiennes portées par les fameuses discussions pour l’adhésion à l’OMC, la carte du partenariat avec les économies émergentes semble s’imposer. Avec des dividendes diplomatiques évidents à la clef. Surtout que lutter contre le terrorisme, c’est aussi lutter contre le sous-développement.
Une grille de lecture adoptée à la Conférence d’Alger sur le Sahel en septembre 2011, où l’Algérie s’évertua à convaincre les participants, dont les grandes puissances, à dépasser leur appréhension du terrorisme pour revenir à une approche socio-économique plus solidaire et bien plus pacifique, Alger qui a, depuis, annulé la dette de tous les pays africains qui lui étaient redevables, veut donc continuer à donner l’exemple. Saura-t-elle réserver des suites pratiques aux visites des chefs d’Etats africains qui attendent davantage les soutiens financiers que les discours théoriques sur l’union des peuples et la convergence des idées ?
Au lendemain d’une rencontre de l’UA d’une extrême importance, les efforts consentis par les Algériens sur le front des relations bilatérales doivent porter leurs fruits dans les plus brefs délais.
A suivre.