Que faut-il au sport algérien pour s’émanciper ?

Un premier, sûrement celui qui pèse malheureusement le plus. Le pêché capital d’un sport algérien en régression inféconde : la mauvaise et son corollaire l’incompétence. La destruction en règle d’un de ses fleurons, le handball, est la plus mauvaise image renvoyée par ce miroir déformant qui veut que n’importe qui dirige n’importe qui. N’importe comment. Et ça explique tout. Justifie bien des travers
Dans la nuit de samedi à dimanche derniers, dans la moiteur du ciel de l’Oregon (USA), une hirondelle tout ce qu’il y a d’algérienne, passe à côté de la grande surprise de l’édition américaine des Mondiaux d’athlétisme mais montera quand même sur la seconde marche du podium derrière le vainqueur du jour et non moins super favori de la distance (le « 800 m », sa spécialité de prédilection), le Kenyan Emmanuel Korir qui n’est pas né, soit dit en passant, de la dernière pluie.
En lui disputant l’or jusqu’au bout avant de s’avouer vaincu d’un cheveu. D’une petite poignée de centièmes de secondes. Sedjati, bien dans son rôle d’outsider, s’il sait garder raison malgré l’exploit, ne manque pas d’ambitions. Lui comme ses camarades présents et qui ont connu des fortunes diverses en attendant mieux.
De l’imiter par exemple, en se frayant, à leur tour, une place parmi les grands. Une médaille en Mondial c’est bien, une autre aux Olympiades (celles de Paris arrivent à grands pas) c’est mieux, suggère notre Djamel national qui oublie l’argent. Veut encore plus. A faim de performances.
Oran et Eugène déjà oubliés, bonjour la capitale française et, pourquoi pas (l’ambition n’est-elle pas la marque des grands ?), un sacre olympique. Pas trop demandé pour un garçon auquel beaucoup, avant le rêve américain qui se réalise avec une pointe de déception justifiée alors que le graal était à portée de ses belles chevauchées dans la dernière ligne droite, n’accordaient peut-être pas l’importance voulue.
De l’irrespect face aux favoris, le canadien Marco Arop et l’Australien Peter Bol, deux grosses pointures qui ne l’ont pas vu venir avant cette brutale accélération qui le mènera à un statut de vice-champion du monde.
L’ambition (juste ce qu’il fallait) et le talent. Assez pour la nouvelle locomotive de l’athlétisme algérien pour inscrire, en lettres d’argent, son nom au registre des géants de la discipline.
Ressusciter de grandes figures locales (Boulemerka, Morceli et autre Makhloufi pas encore fini et qui aura reçu cinq sur cinq le message pour mieux revenir) et donner du mordant à tous ces jeunes champions en devenir, motivés comme jamais désormais et auxquels il ne manque pas beaucoup pour s’engouffrer dans les couloirs grandement ouverts (comme un signe du destin) à partir du pays de l’athlétisme.
De cette usine à ciel ouvert de fabrication de champions. Et quels champions. De vraies étoiles et monstres des pistes. A tête reposée mais toujours dans les nuages, Djamel Sedjati, retrouve peu à peu ses esprits. Trouve les mots pour dire, sans fausse modestie, qu’il est maintenant aux nouvelles réalités et responsabilités nées de cette mémorable nuit américaine propice aux rêves les plus fous.
Le sens de la mesure vite retrouvé et des ambitions affichées publiquement. En hausse naturellement. En filigrane, l’or de Paris. Ambitions et talents. Le sport algérien, toutes disciplines confondues, n’en manque pas. Se vend par ailleurs bien quand on voit le nombre impressionnant de pépites quittant le pays par fournées entières (l’exemple du football, critiqué de toutes parts, qui s’exporte plutôt bien mais demeure miné par ses contradictions, suivez notre regard…) et confirmant la qualité d’un réservoir à la richesse prouvée. Rarement mise en doute.
Que ses dirigeants (en majorité) font douter. Participent, par leur roublardise et leur incompétence, comme dirait un certain Aziz Derouaz (il parle du handball et tous ces sports abandonnés au aventuriers et opportunistes de tout bord), à un « criminel » gâchis. Sans nom. Sedjati, comme ses illustres prédécesseurs et ses futurs successeurs sur le devant de la scène internationale, ont su y répondre au moment qu’il fallait.
Devant les caméras du monde entier. Dire qu’il fallait des hommes pour entretenir la flamme et redonner sa vraie place à un mouvement sportif national renaissant sans cesse de ses cendres. Capable toujours de mieux. Du meilleur …