Quand l’ANP veut anticiper Daech
La wilaya de Bouira qui était dans les années 1990 l’un des principaux fiefs des groupes terroristes, a retrouvé le calme après près de deux décennies. Cependant des terroristes tentent, malgré les coups portés sur le terrain par l’armée, de se redéployer et de relancer les attentats. Des casemates détruites, des arsenaux de guerre récupérés et des terroristes abattus, tel est le quotidien vécu dans les monts de Bouira.
La région de Bouira avec ses grands massifs forestiers et ses monts accidentés est infestée de groupes terroristes qui tentent de commettre des attentats, mais c’est compter sans la présence musclée des forces de sécurité.
Ces dernières quadrillent parfaitement les entrées et sorties de la région, limitant ainsi les mouvements des terroristes.
Les succès à répétition des troupes militaires, appuyées par un dispositif draconien des gendarmes, ont diminué aussi les recrutements de nouveaux djihadistes au sein d’Al Qaïda au Maghreb Islamique et aussi de Jound El Khilafa.
Cette dernière et malgré son petit dispositif tente de se réanimer après les sévères coups infligés par les troupes de l’ANP. Bouira est depuis longtemps considérée comme étant le fief de groupes armés.
Cette région de la Kabylie située à quelques encablures de Boumerdès, considérée elle aussi comme l’eldorado des terroristes, n’a pas été épargnée ces dernières années par des attentats criminels.
On se rappelle de l’attaque terroriste perpétrée en juillet 2015 visant un véhicule de police qui circulait en plein centre-ville, où deux policiers avaient perdu la vie et deux autres étaient blessés. A cette date encore, les sbires de Droukdel, alors émir national d’Aqmi, ont perpétré un autre attentat meurtrier, cette fois ce sont neuf soldats de l’ANP qui sont tombés dans une embuscade tendue par les terroristes entre Bouira et Aïn Defla.
Cet attentat avait précédé l’enlèvement d’un ressortissant français, Hervé Gourdel, à Tikjda, qui a été décapité par Jound El Khilafa sous les ordres de l’ex-émir Abdelmalek Gouri (abattu aux Issers en 2015).
L’affaire Hervé Gourdel confirme l’enjeu « Bouira »
Le terrorisme est très actif à Bouira malgré les dures frappes des forces de sécurité. Cette région est devenue le sanctuaire d’Aqmi et, dans une moindre importance, de Jound El Khilafa (malgré sa décimation en grande partie par l’ANP).
La prise en otage du ressortissant français Hervé Gourdel, en septembre 2014 par le groupe terroriste Jound El Khilafa, a confirmé cette présence infernale des terroristes à Bouira.
Si le chef terroriste de cette organisation criminelle, Abdelmalek Gouri, auteur de ce rapt, a été éliminé en décembre 2014, aux Issers (Boumerdès) suite à une opération de renseignements, cela n’a pas permis toutefois d’abaisser l’activité terroriste dans la région.
En mai 2015, 25 dangereux terroristes sont éliminés dans une importante opération à Ferkioua sise dans la wilaya de Bouira. Il s’agit d’éléments appartenant au nouveau groupe armé Jound El Khilafa. Cette opération a permis de décimer, en grande partie, ce nouveau-né du terrorisme, alors créé en 2014 par l’émir notoire Abdelmalek Gouri.
Lors de cette grande opération, les forces de l’ANP ont récupéré treize pistolets-mitrailleurs de type Kalachnikov, un fusil-mitrailleur de type FMPK, neuf fusils semi-automatiques de type Simonov, un fusil à lunette, un fusil à pompe, un fusil lance-grenades, un fusil de chasse à canon scié, un pistolet automatique, une importante quantité de munitions, des grenades, des postes radio et d’autres objets.
En mai 2015, un réseau de soutien aux djihadistes algériens de l’Etat islamique a été démantelé par les gendarmes enquêteurs, toujours à Bouira.
Ce succès a été réalisé à la suite de l’assassinat d’un citoyen dans une cafétéria, dont le réseau, constitué de dix membres, est derrière cet acte. L’enquête menée par la Gendarmerie nationale a permis l’arrestation d’une dizaine d’individus qui soutenaient les terroristes, parmi lesquels figurait un repenti.
Les 10 individus sont âgés de 25 à 60 ans. Ils ont été jugés pour association de malfaiteurs, assassinat, menaces, aide et assistance à un groupe terroriste et non-dénonciation de criminels. Ce genre d’opérations est assez fréquent à Bouira puisque, depuis le début de l’année en cours, nous sommes déjà à une vingtaine d’éliminations de terroristes dans cette wilaya.
Le 1er mars passé, c’est toujours dans cette zone que les forces militaires ont abattu deux terroristes et récupéré leurs armes.
L’opération a été réalisée par un détachement de l’Armée nationale populaire (ANP) relevant du secteur opérationnel de Bouira/1ére Région militaire, suite à une opération de recherche et de ratissage menée près de Kadiria.
Toujours en cours, elle s’est soldée également par la récupération de deux pistolets-mitrailleurs de type Kalachnikov, une quantité de munitions, d’une paire de jumelles et d’un téléphone portable, de quatre bombes et de 297 balles. Trois casemates ont également été découvertes et détruites sur les lieux.
Un jour après cette opération, c’est au tour des troupes du 1er détachement de l’Armée nationale populaire de réussir un autre coup contre les terroristes affiliés à Jound El Khilafa en détruisant, le 2 mars passé à Bouira, une casemate. Trois bombes de confection artisanale et des outils de détonation y ont été découverts.