Quand la démagogie assomme l’économie nationale

Au moment où le gouvernement incite les Algériens à travailler un peu plus que d’habitude, le chef du groupe parlementaire du FLN à l’APN, Mohamed Djemaï, industriel de son état, a appelé au nom de son parti à faire de la journée du 29 septembre une journée nationale chômée et payée.
« En reconnaissance aux efforts du président de la République pour l’édification d’un Etat fort et serein, nous proposons d’instituer fête nationale la date symbolisant l’anniversaire de la réconciliation nationale », a-t-il dit. Encore une autre journée chômée et payée souhaitée dans un pays qui compte plus d ‘une dizaine de jours fériés par an. Quelque chose ne tourne pas rond dans cette République ! Un député qui demande à travailler moins.
C’est le ridicule qui ne tue pas. Pourtant les défis économiques sont énormes. Le pays se trouve face à un ralentissement important des investissements, et ce à un moment où il est loin d’avoir achevé la transformation de son économie vers plus de diversification. Malheureusement, ça ne l’est pas encore en Algérie. Des personnes désignées aux plus hautes fonctions de l’Etat font comme si rien ne venait bouleverser l’ordre des choses.
Elles sont devenues les garantes du statu quo meurtrier. En d’autres lieux, un débat s’instaure pour examiner les conditions de travail ainsi que la durée légale du travail hebdomadaire. Plus de trente ans qu’elles sont place et critiquées. Trente ans qu’elles résistent, pliant mais ne rompant pas.
Depuis leur instauration pour lutter, par le partage du temps de travail, contre le chômage de masse, les 36 heures agitent régulièrement le débat politique et divisent les économistes. Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, avec la concurrence féroce, pouvons-nous nous permettre d’être sur des idées des années 1970 ?
L’augmentation de la durée du travail permettrait d’améliorer la compétitivité. Mais cette donne est complétement ignorée par les décideurs. Elle est la seule à même de permettre un meilleur rendement, couplée à une productivité tant recherchée par le pouvoir en ces temps de disette.
Patron contre patron
Autre exemple édifiant de cette cacophonie qui agite le milieu politico-économique : un homme d’affaires taille en pièces son collègue et prend position pour le gouvernement. Un patron qui enfonce un patron.
Le patron du FCE, Ali Haddad, propriétaire du groupe de l’ETRHB s’en prend à IssadRebrab, patron du groupe Cevital, et ex-fondateur du FCE l’accuse de mensonges et donne raison au ministre de l’Industrie dans une polémique qui enfle. Il est reproché au patron de Cevital de ne pas avoir respecté les lois algériennes en matière d’importation de matériel rénové.
Or, l’article 123 de la Loi de finances 2015 autorise bel et bien l’importation de matériel rénové qui est soumis à une dérogation du ministère chargé de l’Investissement. Il est ainsi stipulé ce qui suit : « Sauf dispositions contraires, est autorisé le dédouanement pour la mise à la consommation des chaînes de production rénovés et les articles d’équipements neufs…. (…) dérogation exceptionnelle du ministre chargé de l’Investissement ».Rebrab est totalement dans son droit.
Le ministre de l’Industrie refuse de lui signer l’autorisation et le menace de poursuites judiciaires. La solidarité ne joue plus entre acteurs économiques les plus influents du pays. Elle est reléguée au second plan, au détriment d’une alliance sacrée idéologique.
Que faut-il déduire de cette controverse ? Au lieu de favoriser le principe de travailler plus et mieux ou encore d’encourager l’investissement productif, on se cache derrière des justifications oiseuses et fortement suspectes. L’économie algérienne a du mal à développer les réflexes modernes de la libre initiative.
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