Projet de loi de finances rectificative 2023 : Avis mitigés des députés
Les mesures prises pour la préservation du pouvoir d’achat des Algériens ont été saluées par les députés de la Chambre basse du Parlement, à l’occasion du débat sur le projet de loi de finances rectificative 2023, présenté ce mardi par le ministre des Finances.
Les élus ont néanmoins souligné l’absence d’impact du plus grand budget consacré dans l’exercice 2023 sur le pouvoir d’achat qui s’est détérioré. Deux articles relatifs à l’application de la révision de la taxe douanière sur l’importation des viandes rouges avec un effet rétroactif ainsi que le montant consacré au règlement de l’arbitrage international ont particulièrement suscité des interrogations chez les députés.
C’est le président de l’Assemblée populaire nationale (APN) qui a présidé la séance de présentation du projet de loi de finances rectificative. Il a salué en premier lieu les mesures prises par le président de la République relatives au soutien du pouvoir d’achat des citoyens et la préservation du caractère social de l’Etat. Brahim Boughali a salué toutes ces mesures prises, notamment celles annoncées lors du dernier Conseil de ministres.
En sus de la volonté de préserver le pouvoir d’achat, la mesure relative à la régulation des importations ainsi que les orientations visant le soutien des agriculteurs, lourdement touchés par la sécheresse, ont été soulignées par le président de l’APN devant un hémicycle quasi vide. La décision du ministère de l’Education nationale d’unifier les programmes d’enseignement entre le secteur public et privé ainsi que l’acceptation de la médiation algérienne par le Niger ont été par ailleurs saluées par M. Boughali.
Les députés qui ont eu à débattre le projet de loi de finances rectificative 2023 ont, de leur côté, salué certaines mesures relatives à la préservation du pouvoir d’achat qui sont cependant rattrapées par la hausse des prix qui a touché la majorité des produits. Hamza Zeghimi, du Front de libération nationale (FLN) a souligné les efforts de l’Etat dans l’objectif d’améliorer le pouvoir d’achat, indiquant toutefois que ceux-ci sont vite rattrapés par l’inflation galopante, avec une augmentation de 70 % des prix de certains produits.
D’où sa proposition de « subventionner certains produits dans une durée déterminée au lieu de procéder aux augmentations de salaires qui a un impact sur le Trésor public ». Il s’est, en outre, interrogé sur l’application de l’article 17 de ce projet de loi qui prévoit la baisse de la taxe sur l’importation des viandes rouges, fraîches et congelées, avec un effet rétroactif. « Les opérateurs qui ont effectué des importations seront-ils remboursés et comment ? », s’est-il interrogé, appelant à la révision de cette disposition et surtout sa rétroactivité.
Pour leur part, Mohmed Rédha Mouilah et Kamel Rabhi, de la même formation politique, ont appelé à la révision de cette disposition. Ils ont, en outre, salué les « décisions historiques » prises lors du dernier Conseil des ministres, au cours duquel un soutien et un accompagnement aux agriculteurs ont été décidés en plus de la valorisation des bourses des étudiants. Mohamed Rédha Mouilah s’est cependant interrogé sur le paradoxe constaté du fait que la loi de finances 2023 consacre le plus grand budget depuis l’indépendance (98 milliards dollars), qui devrait garantir de meilleures conditions de vie aux citoyens, alors qu’« en réalité, c’est le contraire qui s’est produit, avec une hausse sans précédent des prix des produits de large consommation».
Saliha Ghachi du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a salué les mesures visant la préservation du pouvoir d’achat, soulignant toutefois que celles-ci n’ont cependant pas pu faire face aux augmentations des prix. Elle s’est par ailleurs interrogée sur le montant du règlement de l’arbitrage international qui a coûté à l’Algérie 18 milliards de dinars. « Qui est responsable ? », s’est-elle interrogée. Messaoud Bessas du Mouvement El Binaa a, lui aussi, signalé la consécration du plus grand budget dans l’exercice 2023, notamment le budget de fonctionnement. « Qu’est-ce qui explique la hausse des prix de certains produits, notamment agricoles », s’est-il demandé.
De son côté, Rabah Belmokhtar, député indépendant, a salué les dispositions du projet de loi, soulignant l’importance d’augmenter les capacités de stockage des céréales mais aussi les mesures prises à la faveur du soutien du pouvoir d’achat des citoyens.
La bureaucratie qui entrave toujours l’investissement et l’impact de la régulation des importations sur la disponibilité de certaines matières premières dans les unités de production ont également été évoqués par les intervenants, dont certains ont appelé à l’accélération de l’ouverture des bureaux de change. L’appellation de ce projet de loi « rectificatif », auparavant complémentaire, n’a pas échappé aux élus qui ont suggéré de la considérer comme une loi de finances de « rattrapage ».