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Nationale

Procès Sonatrach : Des anomalies et des interrogations

Procès Sonatrach : Des anomalies et des interrogations

Tout le monde l’aura constaté et relevé. Ce procès, attendu depuis des années et qui a consommé des mois et des mois de procédures et d’instruction, qui a mobilisé des magistrats et des avocats et qui continue de tenir en haleine l’opinion publique nationale et certains initiés étrangers, aura été un vrai « flop », presque un affligeant spectacle judiciaire.

Alors qu’on s’attendait à une bataille juridique et politique, pour que la vérité éclate sur les dessous des scandales de corruption qui ont défrayé la chronique locale et internationale, voilà que notre vénérable Justice se mélange les pinceaux, perd ses marques et confond les règles d’usage et les traditions.

Pratiquement, il y a un constat assez inquiétant lors de l’ouverture de ce procès, c’est la jonction « délibérée » d’une volonté de report de ce procès aussi bien de la part de la défense que par le parquet ou le ministère public.

Tout le monde, parmi ces protagonistes du spectacle, semble avoir trouvé son compte, car au final le procès est bel et bien reporté à une date ultérieure, c’est-à-dire à la prochaine session criminelle de la cour d’Alger.

Car, bien que tout cela était prévisible, pour les observateurs présents avant-hier, il serait curieux de s’interroger sur cette « incroyable convergence », sur cette accumulation « calculée » de fautes et d’anomalies de la part de magistrats instructeurs, loin d’être des amateurs ou des stagiaires, de révélations sur les dysfonctionnements et les vices de procédures dans le processus de l’enquête et l’instruction de manière générale. Car, les dysfonctionnements sont tellement nombreux que le moins initié des arcanes judiciaires poserait moults questionnements.

D’ailleurs, l’un des ténors du barreau d’Alger, maître Khaled Bourayou, avocat de plusieurs mis en cause, énumère les nombreuses anomalies ayant dominé l’ouverture de ce procès.

« Est-il normal, dira-t-il, que le Trésor public apparaisse le jour de l’audience ? Où était-il durant quatre ans d’instruction ? Dans quel but vient-il ? Est-ce pour pallier l’insuffisance d’une expertise ? ». Me Bourayou indique également que l’absence d’une quarantaine de témoins lors du procès ne plaide guère pour un jugement équitable.

Il signalera, d’ailleurs, qu’il « est anormal que l’instruction se soit passée sans l’audition de l’ex-ministre Chakib Khelil ? ». Il avouera, enfin, ses craintes que ce procès soit entaché « d’irrégularités ». En filigrane, il ressort de ses déclarations qu’il y a une « volonté » de liquider ce procès, comme deux autres mégaprocès, l’affaire Khalifa et le scandale de l’autoroute Est-Ouest, car il semble bien que la dimension politique a pesé lourdement sur ces affaires et leurs procès.

En fait, il s’agit bien d’affaires qui ont dominé une époque de gestion d’un Etat, d’une gouvernance et qui donnent aujourd’hui une bien mauvaise image du pays, voire du cercle qui l’a gouverné durant plus d’une décennie.

Existe-t-il vraiment une volonté de « liquider » ces procès au plus vite, ou de les laisser traîner des années et des années encore au point de les faire oublier par l’opinion publique et les médias ? »

Pour maître Ksentini, un autre ténor du barreau, et néanmoins président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des Droits de l’homme, il existe « une dictature » » des magistrats, et les « Algériens ont le droit de critiquer leur justice et celle-ci (le secteur de la Justice) n’est pas le monopole des seuls juges ou magistrats », révélant que le rapport sur les Droits de l’Homme et leur situation a été déposé à la Présidence de la république et qu’il sera rendu public prochainement.

Dans ce rapport, il y fait mention du degré de respect de ces droits, comme celui des règles de procédures et des normes de jugements et des instructions des procès ou lors des déroulements de ces procès.

Et c’est bien sur ce chapitre que le procès Sonatrach a montré toutes les perversions et les dérives d’une justice encore souffrante. Mais alors qui a intérêt à malmener et décrédibiliser la Justice avec ce procès ? Qui a intérêt à reporter un procès tant attendu ? Et qui a intérêt à accumuler les anomalies et à semer des vices de formes ou de procédures durant des années d’instruction et d’audition comme pour appâter la défense, les parties civiles ou le ministère public à réclamer report sur renvoi ?
 



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