Prévenir sans intervenir

L’Algérie a-t-elle tort de ne pas intervenir pour contrer la menace terroriste transnationale ou sa position actuelle demeure-t-elle sage et judicieuse ? Pour beaucoup, le terrorisme, qui se nourrit du chaos, devient de plus en plus menaçant pour la stabilité de la région d’Afrique du Nord et du Sahel. Ils appellent à des mécanismes de prévention contre le terrorisme, d’autant que les puissances occidentales sont responsables de l’exacerbation et de la propagation du phénomène, notamment en Syrie et en Libye.
Intervenir ou non, en dehors de nos frontières, reste une question lancinante, d’autant plus que les défis et autres menaces dans le voisinage immédiat de l’Algérie restent plus que jamais d’actualité.
Le débat demeure entier, au fur et à mesure que les menaces sécuritaires pèsent sur une Algérie assaillie par les dangers du terrorisme, de la criminalité organisée et les menaces des forces destructrices qui opèrent en Libye, au Mali et dans d’autres pays arabes (Egypte, Syrie, Somalie, Yémen et Irak).
Le problème posé de l’intervention ou non renvoie à la doctrine stratégique algérienne qui stipule que l’ANP ne doit pas intervenir à l’extérieur des frontières du pays.
D’ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamara, l’a répété lors de l’agression contre le Yémen sous couvert du rétablissement de la légalité institutionnelle dans ce pays. Pour Alger, exit donc toute option d’association à une quelconque entreprise militaire arabe commune qui ne soit pas compatible avec les principes de la diplomatie algérienne.
Le paradoxe dans cette affaire de non intervention est double : d’abord, la Constitution n’interdit pas formellement l’envoi de troupes à l’étranger, elle dispose que l’Algérie se conforme aux principes de la charte des Nations unies et du respect de la souveraineté des Etats.
Ensuite, dans les questions sécuritaires et de la lutte antiterroriste, l’expertise algérienne est demandée, recherchée, eu égard à l’expérience dans cette lutte, ce qui implique une coopération algéro-étrangère très poussée, sans que cela soulève la réprobation ou des levées de boucliers des gardiens du temple de la souveraineté nationale.
La question reste a priori posée : l’Algérie doit-elle réviser sa doctrine stratégique, engager un aggiornamento stratégique pour s’adapter aux menaces du moment ? Laisser les Etats voisins sombrer dans le chaos sans intervenir en amont pour éviter leur effondrement, et laisser le champ libre aux autres puissances pour intervenir et se placer stratégiquement à nos frontières mérite réflexion. L’exemple malien est à ce propos édifiant. Certes, la médiation algérienne a montré son efficacité, mais cela reste une action réactive, pourquoi pas donc la pro-activité !
Certains observateurs penchent pour une solution médiane : ne pas rester dans la même posture « attentiste » (questions libyenne et malienne) mais ne pas tomber non plus dans l’aventurisme militaire (bombardements égyptiens en Libye et agression arabo-saoudienne contre le Yémen). Que faire donc ? Quelques spécialistes penchent pour la négociation du droit de poursuite des groupes terroristes dans une profondeur de 100 à 200 km à l’intérieur des pays voisins.
D’autres sont adeptes d’opérations de forces spéciales, ponctuelles et non médiatisées, évidemment avec l’assentiment des pays concernés. Pour en revenir à la question de base : intervenir ou pas en dehors des frontières de l’Algérie, la réponse immédiate peut se résumer à l’ouverture d’un débat public afin de décomplexer la question et arriver à un consensus national autour d’une position adaptée aux impératifs de l’heure.
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