Poutine sur la Libye: Moscou discute avec toutes les parties

Le président russe Vladimir Poutine s’est prêté au jeu des questions réponses lors de la traditionnelle conférence de presse annuelle au Kremlin. Outre les grandes questions qui intéressent la Fédération de Russie sur le plan intérieur, les questions internationales ont été décortiquées par Vladimir Poutine.
Lors de cet exercice journalistique unique en son genre, le président russe est revenu sur les grands dossiers de l’heure. A propos de la situation en Libye, où Moscou est accusée par ses détracteurs de soutenir le maréchal Khalifa Haftar, par société de mercenaires interposées, notamment la société Wagner, Poutine a rétorqué que son pays dialoguait avec toutes les parties du conflit. « La Russie reste en contact avec al-Sarradj et avec Haftar », a-t-il répondu à une question d’un journaliste turc.
Tout en appelant le journaliste turc à ne pas croire tout ce qu’écrit « la presse occidentale » à propos de l’implication russe dans le conflit libyen, le président Poutine préconise une solution qui fasse cesser les hostilités. Il a profité de l’occasion pour appeler les Libyens à « se mettre d’accord sur qui, comment et sous quelle autorité sera dirigé le pays ».
Pour rappel, la Russie est accusé par le Gouvernement d’Union nationale (GNA) de Tripoli, dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarradj, de soutenir son rival de l’Est, le maréchal Haftar, qui bénéficie également du soutien égyptien, saoudien, émirati et français, tandis que le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar.
Justement, à propos de la position russe par rapport à l’accord maritime et de coopération militaire entre Tripoli et Ankara, la Russie par le biais du ministère des Affaires étrangères a fait part de sa « grande inquiétude » quant à l’optique de l’envoi de troupes turques en Libye. Ça sera d’ailleurs au menu de la visite d’une délégation turque de haut rang les jours prochains à Moscou.
A propos de la situation en Ukraine, le président russe s’est dit alarmé par les dernières déclarations de son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky sur la possibilité de la révision des accords de Minsk, les seuls selon Poutine à garantir l’ébauche d’une solution à la question ukrainienne.
Détaillant sa pensée, le chef de l’Etat russe a affirmé que Kiev a reconnu les républiques autoproclamées du Donbass (Donetsk et Lougansk), et que « Porochenko et les chefs d’État français et allemand m’ont pris à la gorge, insistant sur les signatures des représentants des LNR et DNR dans le cadre des accords de Minsk ». « Les représentants de ces républiques autoproclamées refusaient de le faire. Mais nous les avons convaincus, et ils ont posé leurs signatures. Ainsi, l’Ukraine a reconnu elle-même que ces autorités existaient », a précisé le Président russe.
Selon Vladimir Poutine, le cœur du problème réside dans le fait que Kiev n’a aucun désir de résoudre la crise par le biais d’un dialogue avec la population. Le Président russe a ainsi reproché à Kiev le déploiement de ses forces tout au long de la ligne de contact dans le Donbass. Toutefois, il a estimé que les bases pour résoudre le conflit dans la région n’étaient pas perdues.
Le Président russe a en outre appelé à engager un dialogue direct avec le Donbass et à revenir à la concertation prévue par les accords. Il a salué le fait que la loi sur le statut spécial du Donbass ait été prolongée. Il a qualifié les réunions au format Normandie d’« utiles ».
Elargissant son exercice de questions réponses à la presse internationale, le chef du Kremlin a abordé les relations russo-chinoises. « La chose la plus importante dans les relations entre les deux États est le niveau de confiance sans précédent qui a été atteint. Il est également important que la Russie et la Chine coopèrent dans le domaine des hautes technologies et dans d’autres », a insisté Vladimir Poutine. Pour lui, le monde unipolaire n’existe plus, « la multipolarité du monde était un dérivé des relations commerciales et économiques. La Chine est en avance sur les États-Unis en termes de part du PIB mondial », a déclaré Poutine, donc plus question d’un monopole américain sur les relations internationales.
D’ailleurs, les Américains sont empêtrés dans une crise politique majeure liée à la procédure de destitution du président Trump. A ce propos, Poutine a déclaré que cette question « est un élément de lutte politique interne », tout en rappelant que celle-ci « est encore loin d’être validée et qu’elle doit passer par le Sénat ». Selon lui, la volonté de destituer Donald Trump est le « résultat de la défaite des démocrates lors de la dernière présidentielle ». Il était trop tôt donc pour parler de la fin de la présidence du président Trump a conclu Vladimir Poutine.
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