Poutine reconnait les Républiques du Donbass (vidéo)
Le président russe Vladimir Poutine a décidé ce lundi 21 février 2022 de reconnaître officiellement l’indépendance des territoires russophones en Ukraine, a-t-il annoncé dans un message à la télévision, indiquant qu’un décret sera signé sous peu tout en appelant le parlement russe de ratifier des traités avec les républiques de Donbass.
Il précise toutefois que les républiques « populaires » de Donetsk et de Lougansk ne seront pas annexées et intégrées formellement au territoire de la Russie mais qu’un traité d’amitié leur sera proposé dans les prochaines heures.
« Mon allocution s’adresse à nos compatriotes qui sont en Ukraine, a-t-il commencé. La situation dans le Donbass revêt un caractère très grave. L’Ukraine n’est pas qu’un pays voisin, c’est une partie intégrante de notre culture et de l’histoire de notre pays », a-t-il affirmé.
Le président russe s’est ensuite lancé dans une analyse historique sur la création de l’État ukrainien. L’Ukraine actuelle a été créée complètement par la Russie bolchevique, […] de manière très vulgaire vis-à-vis de la Russie en lui arrachant des parties de son territoire, a déclaré Vladimir Poutine.
Pourquoi fallait-il sans raison satisfaire toutes les ambitions nationalistes dans les marches de l’empire par les Soviétiques ? Cela pourrait apparaître aujourd’hui comme une folie. L’objectif des Soviétiques était de se maintenir au pouvoir, quel que soit le prix, a-t-il analysé du point de vue historique.
Après avoir longuement critiqué l’action du gouvernement soviétique, à l’origine de l’effondrement de l’URSS selon le président russe, Vladimir Poutine a pointé que l’Ukraine n’avait pas respecté ses engagements financiers alors qu’elle bénéficiait d’avantages importants par rapport au transport du gaz russe sur son territoire. Cet esprit d’assistanat a prévalu en Ukraine, sans aucune gêne, faisant même du chantage, a affirmé Vladimir Poutine, depuis son bureau regrettant que cela ait procédé à la négation des liens de l’Ukraine avec la Russie.
L’Ukraine n’a pas de tradition d’État stable et elle a copié les structures des autres pays, ce qui a abouti à une guerre de clans. Ce choix civilisationnel ne visait pas à satisfaire les intérêts des Ukrainiens mais ceux de clans nationalistes qui se sont mis dans la poche l’argent du pays. Cela a dévoré le système étatique de l’intérieur, estimant que ces clans en auraient profité pour organiser l’insurrection dite « Euromaidan » de 2014, avec l’aide de millions de dollars versés par les États-Unis.
Ils ont conduit leur pays dans une guerre civile et le pays est complètement divisé depuis huit ans, a jugé le président russe. 15 millions de personnes ont dû quitter le pays pour des emplois souvent peu qualifiés, a-t-il compté. Tout se résume au fait que l’effondrement de l’économie ukrainienne est dû à la guerre civile et à son contrôle réalisé de l’extérieur du pays, a expliqué Vladimir Poutine. Des puissances étrangères censées contrôler les nominations des juges a-t-il dit.
Après plus de trente minutes de discours, le président russe est revenu sur ses inquiétudes quant à l’arrivée de l’Otan en Ukraine. « On voit des groupes de sabotage qui attaquent les intérêts russes. L’Ukraine a adopté une nouvelle stratégie militaire rédigée contre la Russie et prépare un conflit avec notre pays, a estimé Vladimir Poutine. Les opérations de sabotage doivent s’arrêter, a-t-il demandé tout en parlant de Blitzkrieg dans le Donbass. Vladimir Poutine fait ici référence à la tactique de l’armée nazie durant la Seconde Guerre mondiale consistant à frapper fort pour conquérir rapidement un territoire.
Avec les destructions massives, l’Ukraine est une menace pour l’Europe et pour la Russie. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés devant ça et laisser une nouvelle menace se constituer en Ukraine, a-t-il réagi. Selon le président russe, les États-Unis sont déjà présents en Ukraine, dépensant des millions de dollars pour former des soldats ukrainiens. Ces centres d’entraînement de l’Otan établis en Ukraine équivaudraient selon lui à des bases militaires de l’alliance. Les Américains voulaient installer une base pour l’Otan en Crimée, a-t-il affirmé. Heureusement, les populations de Crimée nous ont appelé à intervenir en 2014, lorsque la Russie a annexé ce territoire du sud de l’Ukraine. Les États-Unis tiennent l’Ukraine pour un champ de bataille », a-t-il déclaré, l’Ukraine étant devenue, selon lui, une colonie américaine avec un régime de marionnette.
Les trois demandes de Vladimir Poutine
Selon Vladimir Poutine, l’installation de missiles de l’Otan en Ukraine permettrait à des missiles d’atteindre Moscou en quatre à cinq minutes et pourrait attaquer des villes russes jusque dans l’Oural.
Le président russe demande des garanties de sécurité pour l’Otan et la Russie. Il a listé trois points : la non-expansion de l’Otan vers l’Est, le non-déploiement d’armes offensives près des frontières de la Russie et le retour à la situation de 1997. Nos propositions fondamentales ont été ignorées avec des formules toutes faites par nos partenaires occidentaux sur la liberté d’un pays de rejoindre l’Otan s’il le souhaite.
Génocide au Donbass
Vladimir Poutine a repris sa rhétorique quant à un génocide se déroulant dans le Donbass. Ce génocide auquel font face quatre millions de personnes est ignoré, car elles n’ont pas reconnu le coup d’État sanglant de 2014.
Pour conclure son intervention de près d’une heure, le président russe a annoncé qu’il avait décidé de reconnaître immédiatement les républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. « Je demande à la Douma de signer un traité d’amitié et d’entraide avec ces deux républiques, » a-t-il déclaré. Il demande également à Kiev d’arrêter immédiatement ses opérations militaires.
Un décret en ce sens sera signé sous peu, avait indiqué plus tôt dans la soirée la présidence russe. Selon la même source, Vladimir Poutine avait informé de cette décision son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz, médiateurs dans le conflit de l’est ukrainien, et ceux-ci ont, selon le Kremlin, exprimé leur déception.